Radocsay Dénes - Kaposy Veronika szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 12.(Budapest, 1958)
TAKÁCS, MARIANNE: Un tableau inconnu de Rottenhammer au Musée des Beaux-Arts
UN TABLEAU INCONNU DE ROTTENHAMMER AU MUSÉE DES BEAUX-ARTS La Galerie des Maîtres Anciens du Musée des Beaux-Arts s'est vu enrichie, au début de 1957, d'un heureux achat. Le petit tableau attrayant figurant Vénus au repos dans un cadre de paysage, présente la déesse en badinant avec son fils ailé sous une tente de soie rose dressée sur les branches d'un arbre (fig. 30). 1 L'harmonie tendre des couleurs de ce tableau d'un petit format insolite, le profü rêveur un peu effacé de la femme au corps bien proportionné, l'expression désinvolte du visage de l'Amour blond, l'attitude d'une finesse recherchée des doigts élancés, ainsi que le beau paysage pittoresque permettent de conclure que le tableau est l'œuvre d'un peintre nordique. Les formes de la femme reposant sur une couverture vert foncé dénotent par contre l'influence directe de la peinture italienne de la Renaissance tardive. La structure du corps de la Vénus, avec le voile transparent légèrement esquissé, les épaules et le haut du bras robustes, la plastique du nu couché reflètent l'influence d'un peintre dont le souci principal n'est pas le dessin exacte et non de servilement copier les formes antiques, mais qui attribue un rôle important au pouvoir des couleurs de diluer les formes et qui, selon les termes de 1'« Ardinghello » de Heinse, désire délecter le spectateur en leur présentant la « chair vénitienne » et non les «squelettes de la Toscane». Au-dessus de la tête de la déesse s'appuyant légèrement sur le coussin blanc, le voile rejeté sur les branches d'un arbre fait ressortir les deux figures en réduisant en même temps le rôle du paysage dans la composition. La partie de gauche du tableau et presque tout l'avant plan sont meublés de personnages, sur la partie de droite cependant le groupe d'arbres feuillus, peints avec des couleurs tendres rappelant presque des enluminures, conduit le regard vers le groupe d'édifices se dressant au pied d'un rocher verdâtre. Dans l'arrière-plan le paysage, et même le ciel, brillent dans les diverses nuances d'un vert pomme pâle. Dans le plan central le voile de l'Amour est d'un jaune pâle, sa flèche est brune, le carquois posé sur une couverture vert foncé est d'un rouge éclatant, les plantes du premier plan sont d'un vert pâle. Le peintre du petit tableau a en toute évidence bien connu la peinture vénitienne qu'il a étudiée sans aucun doute sur place. Il a dû en même temps apporter de sa patrie nordique une forte inclinaison pour la peinture de paysage et n'a pas oublié sous le ciel bleu de l'Italie — plus exactement de Venise — les grands arbres majestueux des forêts nordiques. Le peintre n'a pas adopté le style des maîtres maniéristes italiens du tournant du siècle, mais subit l'influence des grands peintres vénitiens du XVI e siècle. En peignant le profil rêveur à la bouche entr'ouverte de la déesse, il s'inspirait du 1 Huile sur cuivre, 11x16,5 cm. N° de l'inv. 57. 1.