Szilágyi János György - Kaposy Veronika szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 6. (Budapest, 1954)
KAPOSY, VÉRONIQUE: Contribution a l'iconographie des monuments de l'époque romane en Hongrie
symbolique, visible dans le champ en plein-cintre, a déjà fait l'objet des études des chercheurs qui s'efforcèrent de résoudre le langage symbolique de nos monuments médiévaux. 2 Au milieu du champ intérieur trilobé une croix composée d'une double tresse de rubans est visible : à droite on voit deux serpents entrelacés et à gauche un centaure coiffé d'un bonnet pointu. Le centaure 3 tient sa queue de la main droite tandis que de la main gauche — autant que l'examen de cette partie quelque peu détériorée et ébréchée le permet de constater —• il tient un plateau en forme de plein-cintre, duquel échappent des flammes. Nous rencontrons déjà dans les premières représentaticns de l'époque romane la figure du centaure. Ces représentations apparaissent parmi les ornaments taillés en pierre, des églises, où elles ont généralement une signification' symbolique. Sur les monuments de l'époque romane les centaures sont pour la plupart armés d'un arc, ou bien ils attaquent l'adversaire avec une hache. Ces centaures, telles les sirènes, sont, dans l'interprétation médiévale, les symboles de la tentation. 4 Les centaures symbolisent la duplicité de l'âme : leur partie humaine signifie le côté noble de l'âme, et leur partie animale les mauvais instincts et la méchanceté. Le livre «d'histoire naturelle» bien connu au Moyen Age, intitulé «Physiologus», et provenant d'Alexandrie du II e siècle de notre ère, parle lui aussi du centaure. 5 On y lit : «les sirènes et les centaures, avec leur figures mi-humaines, mi-animales ressemblent aux hérétiques qui, sous les dehors de la foi et de la piété (buste humain) se glissent dans l'Église et corrompent les âmes humaines.» 6 Ces explications ne voient dans les représentations de centaures médiévales que l'incarnation de la duplicité de l'âme humaine, ou bien — selon le «Physiologus» — seulement le symbole de l'hérésie. Au Moyen Age tout symbole représentant le péché est en dernier ressort le symbole du plus méchant, donc de Satan qui figure si souvent dans l'imagination médiévale. Dans cette interprétation le centaure est en même temps un symbole satanique. Selon la conception religieuse du Moyen Age, la perpétration d'un crime entraîne la damnation de l'âme et la mène à l'enfer. Satan étant le seigneur de l'Enfer, royaume de la mort éternelle, le centaure, dans ce sens, est un symbole «mortel». Cette interprétation se trouve confirmée par les représentations médiévales, où le centaure attaque avec une arme les symboles de 2 G e r e V i c h, T. : Magyarország románkori emlékei. (Les monuments de l'époque romane de la Hongrie). Budapest, 1938. fig. 192, Pl. CCXIV. p. 1. — Kádár, Z. : Árpádkori szobrászatunk remekei a dunántúli falvak templomaiban (Les chefs-d'oeuvres de notre sculpture de l'époque arpadienne dans les églises de villages transdanubiennes. Népünk, 1944, n° 4, p. 9-10. — Kádár, Z. a étudié récemment l'apparition et la formation des représentations de centaures au Moyen Age : L'influence des peuples cavaliers nomades sur la formation des représentations médiévales de centaures. Acta Àrchaeologica Hung. IL 1952. p. 307—318. 3 Nous rencontrons un centaure semblable au nôtre sur un chapiteau de Le Puy (Haute Loire). Le centaure tient de la main droite sa queue, sculptée telle une feuille; de la main gauche il tient la queue d'une centauresse, qui tient ses propres longs cheveux. (Bernheimer, R. : Romanische Tierplastik und die Ursprünge ihrer Motive. Munich, 1031, fig. 136). 4 L'interprétation des centaures tirant à l'arc est basée sur la citation biblique, selon laquelle : «toujours en mains le bouclier de la foi, sur lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du Malin.» (Lettre de Saint Paul aux Éphésiens. 6. 16.) Une allusion semblable se trouve aussi dans les Psaumes (10. 2.). 6 Perry, P. E. : «Physiologus» v. Pauly-Wissowa : Real-Encyklopädie der klassischen Altertumswissenschaft XX. Stuttgart, 1941. colonne 1074—1129. L a u c h e r t, Fr.: Geschichte des Physiologus. Strasbourg, 1899. 6 L a u c h e r t, Fr. : op. cit. p. 18.