Balogh Jolán szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 2. (Budapest, 1948)
Pigler, André: Le portrait de Jean Asselyn par Frans Hals
Pour faciliter la comparasion des deux portraits nous reproduisons le détail de l'estampe de Rembrandt représentant la tête en contre-partie; il apparaît donc ici à l'observateur tel qu'il est né sur la plaque de cuivre sous la pointe du maître. De cette façon la position de la tête s'accorde dans l'ensemble avec celle du portrait peint. La juxtaposition parle pour elle-même. La structure de la face avec la même ride sous le menton est exactement analogue; le même nez aux larges ailes caractèristiquement busqué, le même port des cheveux et de la moustache et la même courte barbe sous la lèvre. En ce qui concerne le caractère quelque peu différent des deux regards il n'outrepasse pas le degré de différence qui sépare en général la spiritualité plus sourde, plus mystérieuse de Rembrandt de la vivacité débordante de Hais. Par contre il ne peut échapper à notre attention combien la perspective vue légèrement de bas du portrait de Hais donnant à la gaieté de l'homme représenté un caractère hautain et provoquant d'une part, la représentation théâtrale de l'eau-forte de Rembrandt, vraiment unique dans la graphique du maître amstellodamien de l'autre, sont les expressions de la même complexion méridionale. Nous croyons reconnaître le signe extérieur de l'attitude dénotant ce même tempérament dans le port du paletot analogue sur la gravure et sur la peinture avec le large faisceau de plis s'étirant sous la poitrine et qui n'apparaît que rarement dans les portraits de Hais, jamais dans ceux de Rembrandt: tous deux reproduisent donc manifestement une habitude individuelle de leur modèle commun. Il n'est pas sans intérêt que depuis longtemps déjà on voyait dans la peinture de Budapest un portrait d'artiste. Dans la spontanéité fascinante de l'expression il y a incontestablement un élément insaisissable qui est en général le propre des portraits de ce genre. Charles Pulszky (Az Országos Képtár kiválóbb művei — Les chefstdoeuvre de la Galerie Nationale, — 1878, t. L, p. 43.) a présumé que c'était le pord'ait de Hais par lui-même. Bien auparavant il figurait dans le catalogue de 1812 et rans l'inventaire de 1820 de la collection Esterházy comme portrait de Karel Dujardin par lui-même. Bien que les portraits de Dujardin par lui-même conservés au Rijksmuseum d'Amsterdam, à la galerie de Hanovre, au Musée du Louvre et ailleurs (cp. ,,Oud-Holland" LXI, 1946, p. 185 et suiv.) rendent cette dernière dénomination insoutenable elle contient quand même un grain de vérité. La vie et l'art de Dujardin présentent en effet plus d'une ressemblance avec la carrière et le style d'Asselyn. Bien qu'il fut de 12 ans plus jeune que ce dernier il se trouvait à Rome à la même époque et dans ses tableaux de paysage et de genre ce sont également les motifs italiens qui dominent jusqu'à la fin. Il fut aussi membre du ,,Bent" où il reçut le surnom de ,,Bockebaard". En 1650 sa présence à Amsterdam peut être à nouveau démontrée. Jusqu'au moment de son second voyage dans le midi en 1674 il travailla dans cette ville et ainsi le heu de son activité concorde également avec celui d'Asselyn. Comme ce dernier il se maria à Lyon et sa femme fut également d'origine flamande. Si nous prenons en considération les ressemblances des deux carrières il n'est pas étonnant que dans la tradition les noms des deux peintres eussent été intervertis d'une façon ou d'une autre et que le portrait d'Asselyn figurât dans la collection Esterházy comme portrait de Dujardin. Ce tableau, avec son riche contenu psj^chique et sa conception monumentale, est un événement inoubliable pour le spectacteur indépendamment des réminiscences historiques qui lui sont attachées. Mais malgré tout il ne nous est pas possible de rester indifférent au fait que nous possédons dans cette peinture le portrait d'un artiste qui en outre de ses nombreux talents enrichit l'époque classique de l'art hollandais d'une ode aussi pathétique que le ,,Cygne menacé" conservé au Rijksmuseum d'Amsterdam (cp. W. Martin, De Hollandsche Schilderkunst in de 17. eeuw, T. II, 1936, p. 324—325). André Pi gier.