Balogh Jolán szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 2. (Budapest, 1948)
Balogh, Hélene: Gravures sur Bois romaines de la fin du XVe siecle
Mais autant qu'il est possible de l'établir, le fond rayé à la façon des veines du bois était aussi en vogue dans les dix dernières années du XV e siècle. Il est possible que cette gravure sur bois eut été préparée justement à l'occasion de l'achèvement des fresques pour populariser les images saintes des anciens lieux de pèlerinage. Notre bois occupe une place importante dans le petit nombre de gravures romaines connues jusqu'à présent. Nous n'avions pas même connaissance de feuilles xylographiques isolées mais seulement de quelques illustrations de livre 18 et, par son genre, en tant que planche commemorative destinée aux pèlerins d'une des principales basiliques, notre pièce présente sous un nouveau jour les tendances de la gravure sur bois à Rome. Les autres endroits de pèlerinage de Rome, les basiliques, les églises célèbres avaient sûrement aussi leurs feuilles commémoratives analogues, exécutées à bon marché par la xylographie. Mais ces feuilles exposées à une forte détérioration ne purent survivre que dans des occasions exceptionnelles aux vicissitudes de la fortune. Celle de Saint-Sébastien a subsisté et elle reste un beau et intéressant souvenir non seulement de l'ancienne basilique mais de la Rome de l'époque de la Renaissance. II. Dans l'excellent portrait de profil de Georges Castriota paru dans le livre de Barletius intitulé ,,História Scanderbegi" ce sont des tendances contraires au style plastique caractérisant l'estampe de notre Musée, et recherchant des effets purement picturaux qui se révélent. Cette oeuvre n'était connue jusqu'à présent que d'une édition romaine postérieure sans année et on la faisait dater d'autour de 1508; 19 elle tombait donc déjà en dehors de la période des incunables. C'est la raison pour laquelle l'ouvrage de Barletius ne figure pas dans le „Gesamtkatalog der Wiegendrucke". Mais un exemplaire de 1493, appartenant incontestablement à la première édition inconnue jusqu'à présent, se trouve en possession de la Bibliothèque Universitaire de Budapest (Inc. 465). L'année 1493 figure sur le portrait gravé mais le colophone 20 lui-même indique sans laisser aucun doute l'année 1493 comme date de la publication. L'oeuvre de Barletius a donc paru pour la première fois en 1493 à Rome dans la publication de l'imprimeur vénitien Bernardino de Vitalibus. Cette première édition n'ayant été encore mentionnée par aucun catalogue l'exemplaire de Budapest est unique. Dans l'édition postérieure sans année on a fait disparaître la date de 1493 et l'inscription qui se trouvaient sur le portrait et on a également omis la date de l'impression. De plus on a uniformément éclairci la composition insolitement serrée du folio CLVII pour la rendre pareille à celle des autres pages. On n'y a pas opéré d'autres changements et les gravures sont exactement les mêmes que celles de l'édition de 1493. La grande importance de l'exemplaire unique de Budapest réside dans le fait que grâce à lui on peut maintenant joindre cette belle publication aux incunables romains du XV e siècle et classer le vénitien Bernardinus de Vitalibu^ 21 parmi les anciens imprimeurs de la ville éternelle. L'activité de ce dernier signifie un fort contre-courant italien et plus exactement vénitien 22 à l'influence allemande prévalant dans l'imprimerie romaine du XV e siècle. Sa publication, l'Historia Scanderbegi, se rapporte par son sujet aux liaisons balkaniques de la Signoria et à ses aspirations politiques turcophobes tandis que sa 18 A. Hind : An introduction to the history of woodcut. Londres, 1935, II, p. 396 — 404. 19 J. Ch. Brunei : Manuel du libraire. Paris, 1860, p. 658; Prince d'Essling : Op. cit. II« vol, p. 526, No. 2317. 20 À la page CLIX": Impressum Rome per B. V.|A<>. MCCCCXCIII. 21 Brunei : Op. cit. p. 658; Kristeller : Die ital. Buchdrucker und Verlegerzeichen, p. 132; G. Fumagalli : Lexicon typographicum Italiae. Florence. 1905, p. 327, 468, 494; K. Haebler : Typenrepertorium der Wiegendrucke. II partie, Leipzig —New-York, 1908, p. 189, No. 132; Prince d'Essimg Op. cit. I, 2, p. 439, No. 1157; II. p. 526, No. 2317. 22 C'est peut-être l'influence de celui-ci qui se reflète dans la gravure représentant le couronnement de Marie (cf. note 17) dont la composition est tout à fait véntienne.