Balogh Jolán szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 2. (Budapest, 1948)
Balogh, Hélene: Gravures sur Bois romaines de la fin du XVe siecle
Les propriétés de style de la gravure elle-même ne sont pas moins caractéristiques. Spécialement le fond rayé rappelant les veines du bois sur lequel les figurations sont placées d'une manière illusioniste. Des arrière-plans analogues se retrouvent dans les gravures florentines, bolonaises et vénitiennes mais tandis que les florentins 11 n'emploient ce motif que pour marquer les murs d'intérieurs ou le sol des paysages, les bolonais 12 et les vénitiens 13 s'en servent de la même façon illusioniste que le graveur romain de notre bois. Dans ce traitement du fond il faut incontestablement voir une influence de l'Italie du nord de même que les tendances illusionistes en général sont caractéristiques à cette région. Le second caractère de la gravure est la forte plasticité du dessin des personnages et les grands contrastes du clair-obscur que l'artiste obtient par la distribution des ombres en raies serrées le long des contours fortement tracés. C'est d'autant plus remarquable que les bois italiens du XV e siècle n'offrent en général que des contours ou des ombres aspirant à produire des effets picturaux. Ce style plastique particulier s'est peut-être développé jusqu'à un certain point, sous l'effet des gravures sur cuivre de Mantegna 14 dans lesquelles nous pouvons voir une technique de rayure analogue, sous une forme naturellement beaucoup plus évoluée et plus affermie. Les inscriptions gothiques de l'estampe ont été exécutées à la manière xylographique, mais le graveur a sûrement voulu imiter avec elles les caractères notoires d'une imprimerie romaine. Pour autant qu'on puisse faire de telles constatations dans les imprimés xylographiques de cette nature, elles se trouvent encore à être les plus proches des caractères de Stephan Plannck. 15 La grande majorité des imprimeries romaines était dirigée à cette époque par des allemands 16 et employait les lettres gothiques popularisées en Italie justement par eux. Ils apparaissent un peu partout dans la péninsule même dans les éditions d'imprimeurs italiens. Malgré les inscriptions gothiques notre bois est incontestablement l'oeuvre d'un italien. Les preuves en sont les propriétés stylistiques susmentionnées qui diffèrent fortement des illustrations des graveurs allemands ou néerlandais travaillant à Rome (Johannes de Turrecremata: Meditationes, Ulrich Han 1467; Ochse nb runner : Priscoum Heroum stemmata, Johannes Besicken, 1494; Cantalycius : Summa artis grammatices, Johannes de Besicken et Sigismundus Mayr, 1494; Dali : Passione di Cristo, Johannes de Besicken et Martinus de Amsterdam. . 1500; différentes éditions de Mirabilia Romae). La feuille commemorative a dû être exécutée entre 1490 et 1500; 17 les peintures qu'elle reproduit s'enchaînent aux tendances artistiques de la décade précédente. 11 P. Kristeller : Early florentine woodcuts. Londres, 1897, p. 110 etc. 12 P. Kristeller : Die ital. Buchdrucker- und Verlegerzeichen. Strasbourg, 1893. p. 2, No. 6 — 7. 13 Prince d'Essling : Les livres à figures vénitiens. I, 2. Florence-Paris, 1908, pl. 495; Il> éd. Florence-Paris, 1909, p. 83. 14 Knapp : Op. cit. p. 138, 143. 15 Catalogue of the books printed in the XV th century now in the British Museum. IV« partie, Londres, 1916, pl. IX, 95 G. (Turrecrometa: Meditationes 1498). 16 K. Haebler : Die deutschen Buchdrucker des XV. Jahrhunderts im Auslande. Mimich, 1924, p. 89-103. 17 Dans la dernière décade du XV« siècle, on présume en 1493, a paru à Rome sans indication d'année ni de l'imprimeur, l'oeuvre de Joh. Ant de Sancto Qeorgio intitulée „Commentaria super decretum" ornée de gravure sur bois représentant le couronnement de la Vierge. (Monumenta Typographica. Veröffentlichungen der Gesellschaft für Typenkunde des XV. Jahrhunderts. Année XXIX-XXX. Leipzig, 1935-36, pl. 2186.) Sur quelques-unes des figures de la gravure (saint Lucas, saint Augustin) nous voyons le long des contours des ombres analogues à celles qui se trouvent sur la gravure de notre Musée mais leur emploi n'est pas aussi conséquent. Dans quelques types de têtes (saint Marc) se retrouve aussi une certaine analogie. Peut-être y avait-il eu des rapports entre les maîtres des deux gravures ?