Balogh Jolán szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 1. (Budapest, 1947)

Balogh, Yolande: La Madone d'André Báthory

Toutefois dans l'oeuvre du disciple hon­grois les motifs italiens subirent de notables changements. Les différences ne se font pas sentir seulement dans la qualité, — ce qui, d'ailleurs, paraît tout naturel entre un maître hongrois de province et les grands sculpteurs florentins, — mais elles touchent même à l'essentiel du sens artistique. La composition devint plus restreinte par une mise au point presque frontale de la Madone et de l'Enfant. Leur immobilité solennelle accentue la vocation de Sauveur du Divin Enfant. La pose d'un caractère ferme, un peu raide des principaux person­nages se dissout dans les anges flottants, pleins de charme, qui tiennent à la main une couronne. De même la sévérité de la composition est atténuée par un encadre­ment décoratif finement sculpté et par une distribution des masses dans l'espace beau­coup plus dissolue que celui des Italiens. Chose singulière qu'en contraste avec les reliefs de Madone italiens, les figures ne remplissent pas tout à fait l'espace et qu'ainsi la plasticité du relief perd de son intensité. Il résulte de là un modelage plat et linéaire, — particularité qui manque complètement aux oeuvres italiennes, mais, par contre, constitue le trait le plus carac­téristique des ouvrages hongrois — qui se manifeste non seirlement dans la sculpture décorative, mais aussi dans la figurale (statue de St. Georges à Prague, de St. Michel à Csikszentmihály). Un tel contraste se montre dans les expressions de visage: nulle trace du ,,st ntimento" à l'italienne, par contre une âpre gravité, un charme rude s'y révèlent. Dans ces traits nous pouvons reconnaître de nouveau une parti­cularité caractéristique des monuments de l'art hongrois, comme celle de St. Georges de Prague. Ces emprunts à l'art italien sont tellement indirects qu'on ne peut guère supposer que notre maître ait fait un voyage d'étude en Italie. Il a été instruit dans le pays même, en premier lieu par' le sculpteur italien des Báthory se trouvant à Nyírbátor. L'in­fluence du sculpteur d'Emeric Perényi qu'il a pu rencontrer au delà du Tisza — les Perényi étant eux-mêmes aussi propriétai­res de cette contrée-ci — ne se fit sentir que dans une moindre mesure. Quant aux modèles et types des composi­tions italiennes, il aurait dû les connaître par des dessins et les copies de stuc et de cartapesta. A cette époque il devait y en avoir en divers lieux du pays dans les ateliers des sculpteurs comme dans les palais des donateurs. On sait sûrement, par­exemple, par les livres de compte d'Hip­polyte d'Esté, que le palais archiépiscopal d'Esztergom était décoré d'un relief de la Madone en stuc doré (uno quadro di zesso di nostra dona adoratto). Le relief fait mention aussi de son mécène. L'inscription plus longue cme d'habitude parle de lui, d'André Báthory de Ecsed —­évidemment selon son propre désir. Il exprime ses sentiments pieux, sa dévotion profonde pour la sainte Vierge, insiste avec une noble fierté sur son activité de donateur dont le résultat c'est 1' ,,egregium opus". Le développement de la personnalité de mécène d'André Báthory s'explique facile­ment par son origine, sa parenté, son éducation et sa carrière. Son père fut André Báthory l'aîné, l'édificateur du château-fort d'Ecsed, l'un de ses oncles, Nicolas, évêque humaniste de Vác, l'autre, Etienne, voivode de Transylvanie, fonda­teur de l'église de Nyirbátor. Son beau­frère (le mari de sa soeur Barbe) c'est Emeric Perényi, grand palatin, le mécène des constructions en style de la Renaissance de Siklós, son neveu François Perényi, le jeune évêque de Nagyvárad, enthousiaste des classiques. Du côté de sa mère, Julienne Drágffy de Béltek, il avait pour parent Jean Drágffy, président de la cour suprême, protecteur zélé des églises, mécène à maintes reprises, et par lui François Várday, l'évêque de Transylvanie, d'une haute culture ita­lienne. Lui-même, il fut élevé à la cour de Buda. En 1498 il devint chambellan du roi. La culture classique des humanistes ne lui était pas, non plus, étrangère. Plus lard, succédant à son père, il devint préfet du comitat Szatmár (1511), ensuite sous Louis IL ban de Nádorfehérvár (1519), puis en 1521 il part en guerre contre l'armée turque à la tête des armées de Danube. Il est bien caractéristique pour la religiosité profonde­du donateur de ce relief de Madone, que, — d'après les notices du chapelain do la cour royale, Georges Szerémi, •— il a fait en

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