Antall József szerk.: Orvostörténeti közlemények 117-120. (Budapest, 1987)

TANULMÁNYOK - Le Calloc'h, Bemard: Orvos volt-e Körösi Csoma Sándor? (francia nyelven)

V. IL AVAIT DANS SES BAGAGES LE SUSRUTASAM HITA À la mort du voyageur, le 11 avril 1842, le docteur Archibald Campbell, son hôte et son ami, fit ouvrir ses cantines afin d'en inventorier le contenu. Parmi beaucoup de dictionnaires, de gram­maires et d'autres livres de toutes sortes, rédigés en une douzaine de langues différentes, que Cso­ma s'apprêtait à emmener avec lui sur les chemins du Sikkim et du Tibet, il nota en N°4, dans la troisième malle, ,,le Susrutá", c'est à dire plus exactement le Susrutasamhitâ, ou ,collection de Susruta". Mais il ne fit à son sujet aucun commentaire et ne consigna aucune remarque, pro­bablement parce qu'il n'en connaissait pas la signification, bien qu'il fût médecin et qu'il exerçât son art en Inde depuis vingt-cinq ans. Théodore Duka, qui était aussi médecin et travailla en Inde plus de vingt ans, se contente de l'inscrire dans une liste sous l'orthographe erronée de Susrita, sans insister davantage. Il est mani­feste que lui non plus n'en comprend ni la valeur ni l'importance. Par la suite, aucun des biographes du savant hongrois — et ils sont pourtant légion — ne parait avoir remarqué la présence de cet ouvrage fondamental de la médecine indienne dans les bagages de Csoma. Du coup, aucun ne s'est interrogé sur ce qu'elle pouvait signifier dans l'aventure de sa vie. Ervin Baktay, par exemple, l'un de ses meilleurs biographes, et le plus complet, dans son livre intitulé „Alexandre Csoma de Kőrös" (Körösi Csoma Sándor, Budapest, Móra, 1962), si­gnale seulement dans une courte note infrapaginale à la page 330 que les cantines du voyageur contenaient ,,surtout des dictionnaires et des livres de linguistique ... quelques cartes et aussi une petite boite de médicaments" (főleg szótárak és nyelvészeti könyvek... néhány térképpel, azután egy kis doboz gyógyszer). II passe sous silence le Susrutasamhitâ, soit parce qu'il n'en a pas pris connaissance, soit parce qu'il l'a assimilé à quelque ,,livre de linguistique" sanscrite. Ces tout de même surprenant pour un indianiste. Il y a bien une exception, celle de François Szilágyi qui, dans son livre intitulé ,,Le coffret à lettres d Alexandre Csoma de Kőrös ' ' (Körösi Csoma Sándor levelesládája, Budapest, Szépirodal­mi, 1984) lui consacre en page 422 une note d'une ligne en rappelant qu'il s'agit d'un ouvrage médical. Mais il n'en tire aucune conséquence et ne fait aucun commentaire. Il ne reprend pas le sujet dans ses ouvrages ultérieurs. Il ne semble pas qu'il se soit étonné de trouver un tel ouvrage de médecine dans les bagages de son illustre compatriote. Au reste, plusieurs qui donnent la liste des objets contenus dans les quatre malles de Csoma à Dardjiling, ne le mentionnent pas. On a l'impression que, ne sachant de quoi il s'agit au juste, ils le tiennent pour quantité négligeable. Or, que le voyageur hongrois ait estimé utile d'emporter avec lui ce compendium de la médecine ayurvédique, rédigé au TV-ème siècle de notre ère, me parait apporter une preuve supplémentaire de l'intérêt qu'il portait à la médecine en général et à celle de l'Orient en particulier. Le Susrutasamhitâ est, en effet, avec le compendium de Caraka, écrit trois siècles plus tôt, le texte principal de l'ayurvédisme. C'est un exposé de l'art médical indien qui ressemble jusqu'à un certain point au système d'Hippocrate et de Galien et qui va même parfois au delà, constituant un nouveau progrès de la connaissance par rapport à lui. Il est d'autant plus important que la mé­decine indienne évolua peu après lui, au point que les médecins traditionnels de l'Inde d'au­jourd'hui continuent de s'en inspirer et de s'en réclamer. La personnalité de Susruta nous est inconnue. Elle fait l'objet, il est vrai, d'un récit selon lequel il aurait été le contemporain de Rama et le fils de Visvamitra. Mais ce n'est sans doute qu'une belle légende. Son oeuvre est conçue sous la forme d'un dialogue. Elle se répartit en six chapitres d'inégale longueur, dont chacun traite d'un aspect de l'art de guérir, à savoir la chirurgie, la noso­logie, l'anatomie, la thérapeutique, les toxiques, les maladies internes. Il est peu probable que

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