PALOTAY GERTRUD: OSZMÁN-TÖRÖK ELEMEK A MAGYAR HÍMZÉSBEN / Bibliotheca Humanitatis Historica - A Magyar Nemzeti Múzeum művelődéstörténeti kiadványai 6. (Budapest, 1940)

PARTIE HISTORIQUE

V - 85 ­Bánffy a appris aussi elle-méme des prison­uiers turcs la broderie de fil d'or á la mani­ére turque. 16 1 II faut supposer que ce n'est pas seu­lement les maitres brodeurs d'origine tur­que, mais aussi les brodeurs hongrois qui s'entendaient ä faire de la broderie turque. Ainsi un maitre brodeur de G. Bethlen, car lorsque la veuve de Miklós Pálffy présente aux mandataires du prince comme ráncon pour la libération de son fits István, entre aut­res objets précieux < une courtepointe bleue brochée d'or», qui est «brodée ä la turque, de skofium d'or, a fleurs rouges au milieu», les mandataires du prince observent dans la leltre d'estimation que «notre maitre bro­deur, en se moquant beaucoup de tons les ornements de la courtepointe brodée, l'es­tima á 150 florins». 16 2 En dehors des maitres brodeurs turcs, des brodeuses turques, dites bulyas, 16 3 fai­saient aussi des broderies turques aux cours des nobles. II est probable que, tandis que les «brodeurs» travaillaient sur des tis­sus plus lourds: du velours, du brocart, de la soie, les bulyas — comme il est line con­tinue généralement répandue dans l'art de la broderie — faisaient des broderies sur toile. Selon S. Takáts, ces bulyas turques n'étaient pas traitées aux cours hongroises en prisonniéres, mais elles bénéficiaient du mérne traitement que les jeunes demoiselles nobles s'occupant aussi souvent de brode­ries. Quand ces bulyas turques avaient re­gagné leur liberté, ou bien quand elles s'é­taienl fait racheler, elles envoyaient de Tur­(|uie ä leurs anciens maitres entre autres présents, des broderies. 16 4 Les bulyas turques étaient fait prison­niéres au cours des poursuites des Turcs. György Thurzó écrit, dans sa lettre adres­sée á sa femme en 1596 du champ de bata­ille: «Ma chérie, j'ai procuré une trés bonne bulya brodeuse, en voulant te faire plaisir mon äme et 111011 coeur, je te prie de Faccep­ter de grand coeur.» 16 5 Ét le comte J. Dras­kovicli écrit en 1690 á Ádám Batthyány, dirigeant le blocus de Kanizsa: «J'ai appris ({ue les bulyas s'échappent de Kanizsa en grand nombre. C est pourquoi jevouspriede bien vouloir procurer á ma cousine deux 16 1 Ibid. Régi magyar asszonyok. (Anciennes da­mes hongroises). Bpest, 1914. p. 24. 16 2 Radvánszky: op. c. p. 233 et 236. 16 3 Connne nous l'avons vu plus haut, dans ces temps on désignait du nora de bulya aussi une espéce de toile turque. Celle signification double du terme parait indiquer qu'il s'agit ici de la mérne extension sémantique que dans le cas de «vászon­cseléd», «fehércseléd» (ces lermes, dóul la traduc­tion lillérale en frangais serait «domestique de toile >, «domestique de blanc équivalent en hongrois a «femme»,). c'est-á-dire que le terme désignant la ma­tiére est élendu ä la personne porlant un véle­inent fait de celle mattere. 76 4 Takáts S-: A török hódoltság korából (De bonnes bulyas brodeuses, qui ne soient pas trop vieilles, mais plutőt jeunes.» 16 6II parait que ce n'est pas seulement parmi les dames de la noblesse que les broderies i'aites par les bulyas étaient populaires mais que des femmes de condition moins élevée étaient aussi désireuses de posséder des broderies turques. Pour la femme du capitaine d'Eger, quand elle souhaita une bulya turque, les preux d'Eger en capturérent quelques-unes entre Nagy-Szeged et Csongrád. C'est au sujet de ces bulyas que le pacha Mustafa écrivait en 1572 qu'elles sont toujours auprés de la femme du captaine d'Eger. 16 7 Nous voyons done que pendant plus d'un siécle il était coutuine d'employer des prisonni­éres turques comme brodeuses dans les mé­nages hongrois. Si nous pensons combién de travaux pouvaient étre faits par elles pendant cette période, nous trouvons que trés peu en subsistenl de nos jours. Les bulyas brodeuses n'étaient pas tou­jours des prisonniéres, mais il arrivait sou­vent qu'elles étaient achetées et vendues — avec d 'lautres butins — aux «kótyavetye» (espéces de főire). Nous savons par exem­ple, qu'á la főire de Igaly, en 1611, line grande troupe de bulyas ont été mises en vente, et nous possédons des notes relatives aux prix également: une bulya appelée Sali a été vendue au prix de 81 écus, et la bulya Haczina au prix de 17 écus. 16 8 Que les bulyas étaient achetées aux foires en effet comme brodeuses et que leur prix était dé­terminé par leur habileté dans ce métier, nous pouvons le déduire de la lettre adres­sée en 1660 par Mine. Veuve Zokoly née K. Thelegdy ä sa soeur cadette, épouse de Zs. Rákóczi, «...je vous prie, comme ma soeur bien-aimée — écrit-elle — de ne pas m'oublier. mais de m'envoyer une brodeuse turque, car malade que j'élais, j'ai envoyé Monsieur Albert Zokoly a la főire de Káló. Mais il ne put amener qu'une seule grande fille turque, et celle-ci encore coűte trés eher, je n'aurais jamais payé ce prix. Elle salt broder, mais je ne pourrais pas affir­mer qu elle soit excellenle.» 16 9 II est trés probable que les bulyas tur­ques vivant en Hongrie en si grand nombre et pendant un temps si long, ont appris l'époque de la domination turque). Bpest, sans dale, p. 23. 76 5 Takáts S.: Rajzok a török világból. (Es­quisses de la vie ä l'époque de la domination tur­que). Budapest, 1915. vol. I. p. 292. II se peut que ce sont précisément les travaux de cette bulya qui figurent, deux décades plus tard, dans les trousseaux des demoiselles Thurzó mentionné plus haut. 73 3 Ibid. p. 294. 73 7 Takáts S.: A török hódoltság korából. (De l'époque de la domination turque.) Budapest, sans date, p. 311. 76 8 Takáts S.: Rajzok a török világból. (Es­quisses de l'époque de la domination turque.) I. Bu­dapest, 1915. p. 293. 76 9 Magyar Nyelv. Année XXXI. p. 343.

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