A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 3. szám. (MNG Budapest, 1980)
21. Andrea Mantegna : Bacchus avec Silène (Hind 3, détail 22. Maître MS : L'Adoration des Mages (détail) en image réfléchie) MS mester : A királyok imádása (részlet) Andrea Mantegna: Bacchus Silenusszal (Hind 3, részlet tükörképesen) LE PERSONNAGE SECONDAIRE : LE ROI SARRASIN A côté des autoportraits en pied, au regard fixant le spectateur, il apparaît souvent un autre personnage peint en portrait : ami ou compagnon de l'artiste. Dürer aussi a représenté dans Rosenkranzfest (Fête du Rosaire, 1506), tableau d'autel dans lequel il s'est peint lui-même pour la première fois dans une œuvre à sujet religieux et dans la scène du Martyre des dix mille chrétiens ( 1508), un de ses compagnons, Conrad Celtis probablement dans le deuxième tableau. On peut établir un parallèle entre ces doubles portraits de l'artiste nurembergeois et les exemples que nous offre l'art italien : Luca Signorelli probablement avec Fra Diamante (Orvieto, achevé en 1504) ; Raphaël probablement avec Bazzi dit le Sodorna (YÉcole d'Athènes, Rome, 1509-1511). Ces personnages peints en portraits ne prennent pas part à l'action : ils en sont seulement les témoins. Par contre, dans le panneau conservé à Lille, le roi peint en autoportrait et son compagnon, le roi sarrasin interviennent tous les deux dans l'action représentée. Ce dernier n'est pas peint en portrait ; sa tête a été représentée d'après un modèle découvert dans une gravure de Mantegna. Il est visiblement lié au jeune roi, autoportrait du peintre. 45 De sa main gauche noire il ne désigne pas l'étoile comme la tradition le voulait, mais il montre le corps blanc de l'Enfant ; et ce geste de désigner et de recommander est uniquement destiné au jeune roi, auquel il fait aussi signe de la tête et qu'il regarde comme on le fait en s'adressant â quelqu'un avec qui on a des relations particulièrement intimes (Fig. 22). Cette opposition des deux personnages est étudiée, sans aucun doute, et elle se justifie par des paraboles picturales semblables que nous rencontrons aussi dans d'autres compositions du maître. 46 A côté de ce personnage haut de taille, au visage maigre et pâle, au regard sombre et pénétrant, au nez droit, figure émouvante par sa gravité, le roi sarrasin au visage noir et gras, aux yeux dont le blanc a de l'éclat, au nez camus, fait un effet grotesque et amusant. Ses couleurs, son caractère et ses attitudes font de lui le complément stylisé de l'autoportrait, son alter ego noir, un jeune compagnon inséparable, comme un sobriquet personnifiant une qualité attaché à un nom, et qui voulant maintenant s'imposer, attendant un miracle, accompagnait, travesti en roi, son héros comme Sancho Pança son maître. Le caractère oriental de la suite des rois est purement imaginaire. Le peintre n'a jamais pu rencontrer un chameau et dans son tableau on en voit trois dresser la tête. Ne pourrait-on pas découvrir dans la représentation