Csengeryné Nagy Zsuzsa dr. – Doroghyné Fehér Zsuzsa dr. szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 2. szám. (MNG Budapest, 1974)
ŒUVRES DE JEUNESSE DE JÓZSEF EGRY DANS LA COLLECTION DE LA GALERIE NATIONALE HONGROISE Les critiques étudiant l'œuvre de József Egry se sont attachés pour la plupart à l'analyse de la période de l'épanouissement de son art située à la fin de la Première Guerre mondiale. Dans leurs études, les œuvres de jeunesse sont mentionnées comme en passant et ne tiennent qu'une place secondaire. Or, l'exposition organisée par les soins de la Galerie Nationale Hongroise au Musée Thury György à Nagykanizsa a présenté une sélection d'une centaine de compositions dont la moitié date de la première période du peintre. Depuis, l'intérêt porté aux œuvres de cette époque va croissant et à juste titre, parce que ce sont des œuvres de valeur qui ont de l'importance et donnent occasion à des recherches intéressantes ; mais il n'en reste pas moins vrai que l'art du peintre avait été consacré seulement par ses œuvres de maturité. Pourtant, la connaissance des premières compositions du maître permet de connaître aussi les années difficiles de sa formation, de son évolution, de mettre en évidence ses rapports avec les artistes hongrois de l'époque et d'éclairer les recherches qu'il poursuivait en vue de découvrir la vérité tant dans la vie que dans l'art. En étudiant ses débuts, il nous arrive de tomber sur des documents inconnus jusqu'à nos jours et se rapportant aussi à d'autres artistes hongrois remarquables. C'est en 1901, au Salon de printemps, que notre artiste s'est présenté pour la première fois au public. D'après le témoignage du catalogue, il exposait deux portraits. Nous ne risquons pas de commettre une erreur en affirmant que l'un (Tête d'ouvrier) ne fait qu'un avec la peinture à l'huile exécutée également en 1901 et représentant une tête d'ouvrier barbu. Elle se trouve aujourd'hui dans une collection particulière à Miskolc 1 . Parmi les œuvres datant de cette année, une seule composition se trouve dans la collection de la Galerie Nationale Hongroise. C'est une peinture à l'huile, Dans le jardin- (Fig. 51). Par sa facture, ses touches, l'incertitude du tracé des formes, le coloris estompé et les effets de lumière et d'ombre elle représente, à un niveau assez médiocre, la manière traditionnelle des tons purs et rappelle le style caractéristique du tableau Tête d'ouvrier conservé à Miskolc. En général, la composition est dominée par des gris sombres et clairs, des verts, des ocres tandis que les rouges n'y jouent qu'un rôle secondaire. En plus de portraits et de paysages, Egry a peint aussi, déjà dans les premières années de ses débuts, des compositions à plusieurs figures. Dans un espace délimité (dans une auberge), il a représenté une compagnie de 8 à 9 personnes. Des taches claires se détachant sur des tons sombres, des plans aussi unis que possible et très nettement distingués, des gestes dramatiques et, enfin, l'anecdote mise en relief, tout témoigne du respect que le jeune peintre portait à la manière de Munkácsy, comme cela est arrivé à plus d'un de se contemporains dans leurs premières œuvres. Ces tableaux à plusieurs figures restent introuvables ; nous ne les connaissons que par les photographies (Fig. 52) conservées au Service de Documentation de la Galerie Nationale Hongroise. 3 Par contre, dans la collection d'œuvres graphiques de la Galerie, nous découvrons des esquisses au crayon qui nous aident à nous faire une idée plus exacte de la conception du genre chez Egry au début de sa carrière. Pendant quelques années encore, il est facile de relever les traces de l'influence du grand maître. Cette influence est surtout frappante dans une scène peinte en 1904, les Tricheurs* (Fig. 53). Dans ce tableau les lignes parallèles d'une table constituent le centre de la composition ; l'agitation des personnages trahit la recherche de l'effet dramatique ; la division par les clairs et les sombres est très accentuée et l'effort de rendre la matière saute aux yeux. Pourtant, tous ces procédés empruntés à Munkácsy ne font pas preuve de la compréhension du véritable enseignement du grand maître. Les défauts dans les proportions et, en général, dans le dessin des figures apparaissent aussi très clairement. En continuant notre analyse, nous devons reconnaître qu'Egry recherchait alors d'autres moyens de l'expression aussi. Sa toile à l'huile, Canot sur la rivière/' datée de 1903, nous le montre s'efforçant de se détacher de la technique de peindre par tons et recherchant une nouvelle voie par la traduction de ses impressions acquises dans la nature (Fig. 54). Il est bien probable qu'il peignait alors sur le vif, en face du motif offert par la nature ce qui lui a permis de parvenir à une expression plus fraîche, plus vivante. Il apparaît que sa technique picturale est devenue plus sûre et que ses coups de pinceau avaient plus de vigueur. Délaissant ces genres de composition assez compliquée, il peignait alors des tableaux plus simples et a réussi à donner une solution heureuse aux problèmes qui se présentaient. L'impression de la nature ne servait qu'à affermir un seul élément de son évolution : l'expression plus picturale. Les pensées et les sentiments d'Egry étaient si profonds qu'ils lui interdisaient de s'attarder longtemps à la traduction picturale du paysage. Son sens remarquable des pro-