Csengeryné Nagy Zsuzsa dr. – Doroghyné Fehér Zsuzsa dr. szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 2. szám. (MNG Budapest, 1974)

SZENTENDRE DANS L'HISTOIRE DE LA PEINTURE HONGROISE DU XIX e SIÈCLE (PREMIER CHAPITRE DE L'ÉTUDE SUR L'HISTOIRE DE L'ÉCOLE DE PEINTURE DE SZENTENDRE JUSQU'À 1945) Le premier peintre hongrois au XIX e siècle dont les attaches avec la ville de Szentendre ont été mentionnées par les spécialistes fut János Jankó (né à Tótkomlós le l or octobre 1833 et mort à Budapest, le 29 mars 1896), 1 II a acheté en 1872 une maison à Szentendre 2 pour s'y remettre de ses fatigues causées par son métier d'illustrateur de journaux 3 et cherchant, après l'animation de la capitale, le repos dans cette petite ville sur la rive du Danube, qui avait obtenu cette même année le statut de municipalité sous la mairie de Jenő Dumtsa. 4 Mais il avait beau y chercher la détente, la communication entre les deux villes était alors très difficile 5 puisque le chemin de fer régional n'a été mis en service que dans les dernières années 1880.*' En été, c'était encore supportable parce que la ville était desser­vie par un service de bateaux, mais en hiver on ne dispo­sait que d'un omnibus en assez mauvais état et qui arrivait au petit jour." Ainsi, Jankó n'avait qu'un jour et demi par semaine pour se détendre à Szentendre. Toujours intéressé, par son métier même, par les actualités de la capitale, Jankó ne supportait pas longtemps les difficultés causées par l'état précaire de la communication. En 1873, il a vendu sa maison et s'est réinstallé à Pest. 8 Jankó avait dû connaître la région du coude du Danube avant d'acheter la maison dont nous venons de parler. Sa peinture, Cornemuseur de Nógrád, exécutée en 1858, 9 l'une de ses œuvres peu nombreuses que l'on puisse attacher avec certitude à un endroit déterminé, est le témoignage de ses voyages et excursions dans d'autres régions de la Hongrie que celle de la Plaine, son pays natal. 10 Pourtant, parmi ses œuvres nous ne connaissons qu'une seule qui se rattache sûrement, par son thème même, à Szentendre. 11 C'est une lithographie en couleurs 12 (Fig. 8) et sa variante en aquarelle 13 , (Fig. 9, 10) Transporteur de bois à Szent­Endre, reproduite dans le supplément du magazine Képes Világ (Le Monde par les images). Un paysan, vêtu d'un costume populaire slovaque, conduit sur un sentier dans les montagnes un chariot chargé de bois et tiré par deux bœufs. Cette petite composition est bien à sa place dans la peinture de genre qui, dans les années 1870, domine en Hongrie, aussi bien que dans l'œuvre même de Jankó. Après la chute de la lutte pour l'indépendance hongroise en 1849, la peinture romantique dont Jankó est un des représentants les plus typiques a gagné du terrain ; elle a rendu à la mode deux genres nouveaux : le tableau de genre populaire et le tableau historique. C'est le tableau de genre qui apparaît le premier ; il s'impose déjà avant la lutte pour l'indépendance nationale, mais alors il traite des sujets bourgeois et c'est peu à peu qu'il passe aux thèmes populaires. 11 A côté du jeune Károly Lötz et Mór Than, disciples hongrois de Rahl, maître viennois, c'est surtout Jankó qui se distingue par son attachement à cette tendance à laquelle il restera fidèle jusqu'à sa mort, tout en continuant son activité d'illustrateur de journaux, tandis que ses compagnons, Károly Lötz en premier lieu, l'abandonneront plus tard pour se consacrer à un art officiel et représentatif. Cette œuvre, la seule qui fût inspirée à Jankó par son séjour à Szentendre, est caractéristique au plus haut degré de sa manière. Les critiques insistent sur son sens de la réalité apparent dans la composition et, en général, sur l'importance que la représentation de la réalité avait dans la conception artistique du peintre. 1 ' 1 Us font observer en même temps que Jankó ne peint pas encore sur le vif et que la réalité de ses œuvres n'est pas encore immédiate, issue des perceptions des sens, puisque l'idée du tableau se conçoit et se précise dans son esprit, dans son imagination. 10 Cette duplicité est propre à la peinture romantique du siècle passé : l'étude consciencieuse de la nature est mise au ser­vice de certains objectifs idéals qui priment l'étude. La composition de genre dont nous parlons ne constitue qu'une infime partie de l'œuvre de Jankó, cependant nous pouvons y relever ce qui est caractéristique de la peinture roman­tique : la curiosité folklorique 1 7 qui a son contenu idéolo­gique aussi puisqu'elle est la manifestation de l'intérêt porté aux minorités ethniques du pays. Le patriotisme, source de la peinture romantique hongroise, n'exclut point, bien au contraire il suppose cet intérêt qui réapparaîtra au XX e siècle sous les formes les plus diverses dans les œuvres des peintres de l'école de Szentendre. 18 En parlant de Jenő Dumtsa, élu maire de la ville en 1872, les critiques d'art ne manquent pas de souligner que sous son adminis­tration les différends qui avaient opposé les nationalités les unes aux autres sont devenus moins violents en raison des mesures qu'il avait prises pour faire disparaître les inéga­lités dans le domaine économique. 19 Il a agi comme s'il avait voulu réparer la faute commise du temps de Mátyás Ráby. On ne peut pas passer sous silence le fait que le peintre János Jankó avait des rapports très étroits avec le roman­cier Jókai, auteur d'un roman qui relate les aventures à Szentendre de Mátyás Ráby, un des précurseurs des mouvements révolutionnaires en Hongrie. Il illustrait les

Next

/
Oldalképek
Tartalom