Csengeryné Nagy Zsuzsa dr. – Doroghyné Fehér Zsuzsa dr. szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 2. szám. (MNG Budapest, 1974)

des proportions de s'affirmer et les autres moyens de l'ex­pression de se développer ; mais, étant un précurseur, il de­vait poser les fondements d'une tendance nouvelle. Notre peinture historique ne s'épanouira pleinement que dans les œuvres de la génération qui le suivra. Il va sans dire qu'au cours de notre analyse nous nous attacherons davantage à mettre en évidence les qualités de son art qu'à nous attarder à l'étude de ses limites. Et cela d'autant plus que nous avons pu constater à plusieurs reprises que son œuvre avait été jugée insignifiante soit par incompréhension, soit par manque de connaissances pré­cises. Dans la critique d'art d'entre les deux guerres, on trouve par exemple des affirmations selon lesquelles l'acti­vité d'Orlai et de ses compagnons précurseurs rentre moins dans l'histoire de l'art que dans celle du patriotisme, de la conscience nationale. On prétendait justifier cette affirma­tion par la déclaration que l'on ne peut pas « mesurer à l'échelle littéraire la valeur des brochures lancées avec suc­cès au bon moment. » 3 Il est vrai que dans l'histoire du patriotisme hongrois un chapitre important doit être réservé à l'activité d'Orlai et de ses compagnons et que cette sorte de patriotisme a rejoint à plusieurs égards, dans les années de l'épanouis­sement de l'art d'Orlai les grands objectifs du progrès universel de l'humanité. Nous devons le tenir en estime encore aujourd'hui. Mais nous ne pouvons pas accepter le jugement que l'importance de leurs œuvres ne dépasse pas celle de brochures lancées en temps opportun, bien qu'une brochure d'actualité puisse avoir de l'importance dans la littérature comme l'œuvre d'art lui correspondant, l'affiche, dans l'histoire des beaux-arts. Mais, dans le cas d'Orlai et de ses compagnons, il ne s'agit pas que de cela. Sans les résultats auxquels ils sont parvenus, les repré­sentants les plus remarquables de la peinture historique hongroise et des scènes de genre du siècle dernier n'auraient pas eu l'idée de poser et de résoudre un certain nombre de problèmes. Il est démontré qu'ils s'étaient inspirés des recherches de leurs prédécesseurs, en particidier de celles d'Orlai. En analysant l'évolution de l'art d'Orlai, nous aurons encore l'occasion d'évoquer certains facteurs dominants des aspirations à un renouveau politique et artistique avant la révolution hongroise de 1848. Ces facteurs sont au­jourd'hui peu connus ou, s'ils ne sont pas ignorés, il arrive que les critiques d'art n'en tiennent pas compte dans leurs travaux. Nous apporterons des faits nouveaux relatifs au poète Petőfi, nous rappellerons des incidents intéressants dans la politique artistique hongroise profondément modi­fiée après la chute de la lutte pour l'indépendance nationale et nous insisterons sur l'appui accordé à l'art par les repré­sentants les plus éminents de la vie intellectuelle de l'époque, tels que Eerenc Toldy, historien de la littérature hongroise et József Eötvös, romancier et ministre de l'instruction publique qui s'intéressaient à la carrière d'Orlai aussi. Nous espérons que ce que nous aurons à dire ne sera pas sans intérêt pour les historiens de la littérature de cette époque. En plus de nos espérances, nous avons le plaisir de constater que l'œuvre d'Orlai vient d'être appréciée à sa valeur dans la critique d'art de nos jours. Anna Zádor a parlé de l'artiste en termes élogieux dans ses cours à la Faculté et a analysé à fond son art dans un essai de son recueil d'études Magyar Művészet (1800-1945) (Art hon­grois). Nóra Aradi de son côté reconnaît, dans son ouvrage Száz kép a magyar történelemből (Cent tableaux de l'histoire de Hongrie), le don indiscutable d'Orlai, vante le rôle qu'il avait joué dans l'évolution de la peinture hongroise et insiste sur son attachement à la liberté de son pays et sur ses relations avec le grand poète Petőfi qui lui avait interdit de faire des concessions par intérêt dans des situa­tions difficiles. La dernière étude remarquable consacrée à l'œuvre d'Orlai a paru en 1960, quand son auteur, Gábor Ö. Pogány publiait les illustrations du peintre faites pour le Bolond Istók (Istók le fou), poème épique de János Arany et lui rendait pleine justice dans une analyse claire, sans équivoque. L'hommage que les représentants contemporains de la critique d'art hongroise ont rendu à ce maître peu apprécié auparavant pourrait justifier notre entreprise d'analyser à fond l'œuvre du peintre dans l'ensemble. Nous espérons que les chercheurs encore jeunes s'abstiendront désormais de faire à la légère, dans leurs publications ou au cours de la conversation, des remarques méprisantes, parce qu'ils n'apprécient pas le style d'Orlai ou qu'ils ne connaissent pas suffisamment ses œuvres. Les premiers renseignements attestant qu'Orlai commen­çait à s'intéresser à la peinture, nous les trouvons dans les lettres que Sándor Lantay, son ancien camarade d'école lui a adressées en 1840 à Pápa 4­"'. Sollicité par Orlai, il lui faisait connaître les noms et les propriétés de certaines couleurs. Les noms de deux artistes surgissent aussi dans ces lettres. L'un, Schütze ne fait certainement qu'un avec Lajos Schütze qui, dans les années 1840, travaillait à Sop­ron et à qui Lantay devait sans doute ses connaissances des couleurs dont il parle à son ami Orlai ; l'autre, c'est István Ferenczy, le sculpteur, auteur d'un monument du roi Mathias. Ce fut justement Lantay qui organisa une collecte parmi les étudiants de Sopron en faveur de l'érec­tion de ce monument. Dans ces lettres, nous trouvons aussi des allusions à Sándor Petőfi qui se nommait encore Petro­vics. Il est permis de supposer qu'elles ne sont pas connues des spécialistes. Nous avons découvert un autre fait égale­ment. D'après les souvenirs d'Orlai et d'autres personnes, Orlai, jeune étudiant, aurait fait à Sopron le portrait de Petőfi sur ivoire 0 . Ce portrait aurait été donné plus tard

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