Csengeryné Nagy Zsuzsa dr. – Doroghyné Fehér Zsuzsa dr. szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 2. szám. (MNG Budapest, 1974)

Sa figure, Jeune fille à la cruche, faite en 1956 pour une fontaine d'Inota, plus grande que nature, représente la somme de toutes les réussites de Dezső Erdey. Elle reflète fidèlement toutes ses tendances, des premières jusqu'aux dernières, elle fait même prévoir la nouveauté des œuvres qui n'ont pas pu voir le jour (Fig. 125). Fe sculpteur nous révèle toute la richesse de son art plastique par la représentation de cette adolescente. Le moindre morceau d'argile qu'il ajoute à la statue en pré­paration crée toujours une harmonie nouvelle. Parti d'un noyau, il construit peu à peu son œuvre et atteint, en sup­primant les détails moins importants, à la beauté des for­mes cylindriques. Et on ne doit pas regarder uniquement dans son ensem­ble cette figure fraîche de jeune fille au corps tendu placée dans l'espace d'une manière heureuse. Vue sous tous ces aspects, elle comble de joie le spectateur par la beauté de certains détails plastiques : les omoplates à peine indiquées, les épaules anguleuses de fillette, les pieds, les mains et la tête modelés avec un art inimitable (Fig. 126). Il est très instructif et bouleversant à la fois de voir l'artiste dans la plénitude de ses forces retourner — dans ses trois grandes œuvres — aux trois tendances dominantes de sa carrière. Avec le Saute-mouton il fait ses adieux au Jeune porteur d'eau, la première œuvre qui lui ait valu un grand succès. La figure de la Jeune fille à la cruche rappelle la Femme assise. Enfin, la figure de la Femme aux ciseaux exprime à nouveau et pour la dernière fois son attachement à la sculpture grecque (Fig. 127). Pour exécuter cette œuvre, il recourt à des éléments archaïques. Le caractère frontal de la partie supérieure du corps, il le contrebalance par la position des pieds avancés. Il lève les deux bras de façon qu'ils s'allongent en direction opposée et qu'ils forment un coin. La main gauche de la figure ramasse la draperie aux plis serrés de la jupe. La droite tient des ci­seaux dont les deux branches sont largement écartées. Leur forme abstraite fend l'air et s'élance en haut dans un élan invincible et majestueux (Fig. 129). Le corps est le support d'une tête intégralement réalisée, stupéfiante comme une idole. Un chignon cylindrique con­tinue la ligne du beau cou en forme de cylindre. Entre les deux oreilles dégagées, le demi-cercle des cheveux en forme de casque encadre le visage. Celui-ci n'est pas un visage féminin agréable. Il est sévère, renfermé, triste à mourir. Au-delà de l'humain (Fig. 128). Après avoir exécuté un très grand nombre de statues, c'est en travaillant à celle-ci que ses doigts touchent pour la dernière fois à l'argile. Le symbole qu'il a lui-même choisi, les ciseaux aux bran­ches écartées, prêts à couper, présage sublime de la mort, ces ciseaux coupent le fil de sa vie. * La vie de Dezső Erdey est terminée. L'œuvre affirme sa propre valeur et indique la place qui lui revient dans l'his­toire de l'art hongrois. Elle fait partie organique de la sculp­ture hongroise réaliste qui a réussi, au XX e siècle aussi, à allier, à un niveau élevé, la tradition avec les tendances Erdey Dezső (1902—1957) : Vázlat az Ollós nőhöz, 1956

Next

/
Oldalképek
Tartalom