Pogány Ö. Gábor - Csengeryné Nagy Zsuzsa dr. szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 1. szám. (MNG Budapest, 1970)
PROBLÈMES POSÉS PAR L'ART NAÏF ET L'ART NAÏF EN HONOR I K L'expression art naïf a été employée pour la première fois dans la critique d'art pour désigner les oeuvres d'Henri Rousseau 1 . L'attraction de ce peintre fut telle qu'elle éveilla dans le public un vif intérêt pour tous les artistes qui avaient des affinités avec lui ou paraissaient en avoir. On commençait à les rechercher, on se donnait beaucoup de mal pour les découvrir, on réunissait, exposait, analysait leurs œuvres. La matière ainsi rassemblée au cours de plusieurs dizaines d'années devenait de plus en plus abondante et, par suite de l'élargissement de la sphère dans laquelle se faisait la collection des œuvres, la notion d'art naïf s'est enrichie de significations secondaires si nombreuses que l'expression elle-même dut être remplacée.Tantôt on appelait ces créations néoprimitives, œuvres de peintres de dimanche, tantôt, surtout en France, compositions des artistes du Sacré Coeur, œuvres d'hommes de génie instinctif, et même œuvres de l'art populaire. Il nous semble que l'expression la plus fréquemment employée dans les dernières décennies est toujours la dénomination art naïf 2 . Nous l'acceptons donc pour nous et, en ce qui va suivre, nous nous servirons d'elle bien que les critiques d'art tchécoslovaques aient proposé, en 1966, lors de la dernière manifestation de l'art naïf à Bratislava, un autre terme, dérivé du latin insitus*. D'ailleurs nous sommes convaincus que l'analyse approfondie des œuvres déjà connues et l'étude de leurs aspects les plus divers importent plus que le remplacement d'une expression par une autre. La définition des caractères communs aux œuvres appartenant à ce groupe d'objets d'art peut se faire en considération de leurs qualités internes telles que le contenu et la manière de représenter ou bien sur la base de la différenciation de facteurs extérieurs pouvant être mis en relation avec la genèse des œuvres. Dans les propos qui suivent, nous mettrons l'accent sur le temps, sur l'époque que nous considérons comme un facteur primordial. Cet aspect du problème pourra paraître trop exclusif à certains. A notre avis, sa mise au premier plan est indispensable. Elle est justifiée par le fait que la plupart des chercheurs déniaient jusqu'à nos jours à l'art naïf tout caractère historique 4 alors que la conception d'un art naïf extra-temporel est contredite non seulement par la théorie mais, en premier lieu, par les œuvres ellesmêmes que l'on peut, avec une certaine routine, dater à une dizaine d'années de près, même 50 à 60 ans passés. Serait-ce un fait du hasard que l'on y réussit? Pourrait-on 82. l'éter Benedek (1889) : Voitures du cortège nuptial. 1919 Benedek Béter (18^9): Lakodalmas kocsi. 1919