Pogány Ö. Gábor - Csengeryné Nagy Zsuzsa dr. szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 1. szám. (MNG Budapest, 1970)
cier avant tout du modelage de la belle tête et s'emploie surtout à rendre la matérialité du fichu fait au crochet et qui descend très bas. Ou bien il n'avait ni la patience, ni l'énergie de continuer. Le grand col de la robe semble être découpé dans une plaque de métal, les manches ont l'air de tuyaux de poêle aplatis et la ligne de l'épaule et du bras semble incertaine. Visiblement, tout cela n'est pas imputable au dessin, mais, tout simplement, au bâclage de l'œuvre. Cependant, le modelé de la tête est très beau, pareillement au dessin du visage et les yeux sont si bien représentés qu'ils paraissent vivre. 11 est intéressant d'observer les yeux de ces trois jeunes filles. Sur le premier dessin, le modèle ferme presque les yeux, nous sentons pourtant la présence derrière le rideau des paupières. Sur le deuxième visage, nous voyons presque de biais les yeux rêveurs qu'un reflet traversant le globe comme un éclair rend plastiques et vivants. Sur le troisième dessin, les yeux brillants levés vers le haut sont d'une magie irrésistible. Ces yeux de jeunes filles qui, dans un émerveillement religieux, semblent regarder au loin, ont une parenté avec les yeux de Csontváry sur l'Autoportrait peint entre 1896 et 1902. Ceux-ci aussi regardent au loin et reflètent une admiration presque religieuse pour la beauté du monde. Les yeux de la jeune fille et ceux du peintre contemplent le monde avec étonnement, mais en le comprenant et s'ouvrant devant lui pour mieux l'accueillir. Mais, revenant à notre dessin, constatons encore que sur le portrait de « Marie » les nuances du visage et des tempes, la distribution des ombres sont extrêmement délicates. Les valeurs intermédiaires sont presque éthérées tout en comprenant plusieurs gradations de tons qui se fondent en un tout. La représentation du fichu au crochet aux mailles lâches que son poids entraîne très bas est d'un virtuose du crayon. Le dessin rend, sans reproduire minutieusement tous les détails, palpable la matière du fichu si bien que celui-ci détermine par sa chute la position de la tête sur le torse et souligne la plasticité de la poitrine et des hanches. Le dessin suivant est un portrait d'homme. 11 est signé « Hans. München. 1894. május 16. K. » (Fig. 79.) Sur le visage déteint de ce Bavarois au profil marqué, aux yeux las, la peau se tend. Les boucles de cheveux blancs qui dépassent son chapeau attestent aussi son grand âge. Mais, si nous recouvrons de la main le visage et nous ne regardons que l'oreille, la nuque, une partie du cou, nous nous imaginons le visage exactement le même, tel que nous venons de le décrire. Ou bien si nous n'observons que l'œil, lui aussi révèle tout sur l'ensemble du visage. L'œil, le sourcil et le cerne de l'œil dessinés simplement mais avec une très grande précision expriment à la fois l'âge et la fatigue. Le regard de l'œil ouvert est fixé dans se lointain, mais sa vision est tout intérieure. Ce retour sur soi-même de l'homme fatigué est accentué encore par 79. Tivadar Csontváry Kosztka (1853-1919) : Tête d'homme. 1894. Munich Csontváry Kosztka Tivadar (1853—1919): Férfi fej. 1894. München un pli amer de la bouche. Le dessin de l'oreille et l'exécution souple du cou qui tourne un peu et dont les muscles relâchés font des plis sont très réussis. Sur ce portrait en buste, vu de profil, Csontváry a porté toute son attention à la représentation de la silhouette de la figure et du vêtement de son modèle comme s'il avait voulu faire mentir le mauvais tracé du corps et du vêtement de Marie dans le dessin précédent. La silhouette du vieux Hans est solidement composée. Le col et la manche de la veste en demi-ellipses harmonieuses, les rides et les plis dessinés sans trop de détails témoignent de la fidélité absolue de la représentation. Le modelé du chapeau mou dont les bords pendants décrivent des lignes tortueuses est d'une très grande beauté. Le chapeau est si bien posé sur la tête du modèle qu'il fait comprendre que lui et son propriétaire ne font qu'un depuis de longues années. Le sixième dessin représente en profil fuyant une vieille femme aux cheveux argentés et coiffée d'un fichu. (Fig 81.) Le visage usé, flasque, les lèvres dont le pli amer ferme la bouche édentée trahissent les soucis et les chagrins. Les paupières baissées semblent recouvrir des orbites vides