Korner Éva - Gellért Andor szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 5. szám (Budapest, 1965)

plication clos indications portées par Bartók sur le portrait, explication qu'il serait d'autant plus faux d'attribuer à la déception causée par l'issue du concours Rubinstein, que ces concours eurent lieu à une date ultérieure. Il nous reste encore à résumer les conditions dans les­quelles ce portrait vit le jour. Selon la communication de János Jajczay, István Vedrődy-Vogyeráezky fit la con­naissance de Bartók en 1904 et c'est à la demande de ce dernier qu'il prit le nom de Vedrődy. Il partit pour l'étran­ger en 1900, après avoir achevé ses études d'artiste­clécorateur. Celles qu'il fit à Munich et à Vienne, lui valurent un diplôme de professeur do dessin. En 1904, il se trouvait à Vienne, où il servait de secrétaire à l'historien Lajos Thallótzy, directeur de la Hofkammerarchiv, qui s'occupait alors de l'organisation du rapatriement de la dépouille do Ferenc Rákóczi II. Se trouvant également à Vienne, Bartók était naturellement on relations avec lui. Ce fut le pianiste Lajos Dietl qui le présenta à Vedrődy et qui le pria do poser pour ce dernier. Jajczay cite une lettre de Vedrődy, dans laquelle il est question de la musique de Bartók. Il en res­sort que Vedrődy aimait et estimait hautement la musique do Bartók, issue d'un «sol nouveau», musique «démoniaque, instinctive, fière, animée d'une force ancestrale et barba­re.» 12 Les termes sont textuellement cités de la lettre du peintre, mais l'hommage admiratif qu'ils expriment ne se retrouve guère sur le portrait. On peut en dire autant de ses aquarelles d'un goût tendre, de ses crayons et de ses san­guines. Un an après avoir fait le portrait de Bartók, Vedrődy participait à des expositions organisées par l'Association des Artistes de Pozsony. En 1910, il était professeur de dessin des écoles municipales de Budapest, chargé d'établir des programmes d'études primaires. A partir de 1913, on le retrouve aux expositions des Galeries d'Art (Műcsarnok) et du Salon National. On a de lui plusieurs ouvrages d'in­spiration religieuse, ainsi que des travaux de décoration. Le suivant des portraits de Bartók est l'œuvre de Róbert Berény (Fig. 50.). 13 Les problèmes qui se posent à son sujet sont d'un ordre tout différent — il date, certes, de dix ans plus tard que le précédent — on raison de l'évolution considérable de la vie musicale et artistique du pays. Ayant débuté par l'étude des partitions de Wagner et do Liszt, Bartók était parvenu, à l'époque du premier portrait, à la compréhension des intentions de Richard Strauss et à l'aspiration à une musique nationale. Les étapes les plus importantes de cette évolution furent la symphonie Kos­suth, la Rhapsodie pour piano et orchestre et la l re Suite, dont nous avons parlé plus haut (op. 3). Les compositions qui suivent celle-ci marquent sa rupture avec les intentions de Richard Strauss; Bartók reprend l'étude intense de Liszt, surtout celle de ses compositions anciennes et peu connues, auxquelles il attribue désormais, au regard de sa propre évolution, une importance bien plus grande qu'à la musique de Wagner et de Richard Strauss. Ce fut là un des éléments essentiels, appelés à déterminer l'étape nouvelle de l'évolution de Bartók. L'autre fait décisif fut son départ, en 1905, à son premier voyage d'étude du folk­lore musical. La première mélodie à résonance pentatonique retentit au troisième mouvement de l'op. 4, sa II e Suite pour petit orchestre, comme pour indiquer que Bartók se penche désormais sur les possibilités offertes par la musique folklorique de son pays et de l'Europe orientale. En 1907, il étudie en outre la musique française du temps, décou­vrant avec étonnement, ainsi qu'il l'écrit lui-même, le rôle considérable dévolu aux éléments pontatoniques dans la musique do Debussy. Des aspirations semblables se révè­lent enfin pour lui à travers l'étude des compositions d'Igor Stravinsky, confirmant le renouveau de la musique savante par la musique populaire, dans des pays fort éloignés les uns des autres. Dans son autobiographie de 1921, Bartók retrace les éta­pes de cette évolution. 14 Il y évoque aussi la résistance, à laquelle ses œuvres postérieures à l'op. 4 devaient se heurter parmi le grand public, et il l'explique, dans une certaine mesure, autant par la médiocrité des orchestres que par celle des dirigeants. Il parle ensuite de la Société de Musique Hongroise Nouvelle (Új Magyar Zeno Egyesülőt), fondée en vue de porter remède à ces insuffisances, par Béla Bartók, Zoltán Kodály, Leó Weiner, etc. «Nous n'avons pas atteint notre objectif, écrit Bartók dans son autobiographie, toutes nos aspirations ont abouti à un échec. . . Vers 1912, jo mo retirai entièrement de la vie musicale publique et me consacrai avec une ardeur d'autant plus grande à l'étude du folklore musical. . . En 1913, j'explorai Biskra et ses environs.» Partis du portrait peint par Vedrődy en 1904, nous voici donc arrivés à 1913. La période héroïque de la maturation de la musique révolu­tionnaire de Bartók se situe précisément entre ces deux dates, période qui fut aussi celle de la première série de conflits avec les conceptions musicales du passé, aboutis­sant à l'échec de Bartók et à sa retraite volontaire. Mais c'est pendant cette même période que se réaliseront les conquêtes picturales les plus importantes de Róbert Berény, auteur du nouveau portrait de Bartók et un des membres les plus en vue du groupe dit des Huit. Ces années do la jeunesse de Berény marquent son éloignement du réalisme romantique de Munkácsy et son évolution vers un langage pictural fondé sur la compréhension de l'héritage de Matisse et, plus encore, de celui de Cézanne, tendant vers l'expressionnisme et couronné par le déploiement de son propre talent et de son propre message artistique, dans le cadre déterminé par ces tendances. Nés à peu près à la même époque, la Société de Musique Hongroise Nouvelle et le groupe dit des Huit furent l'un et l'autre condamnés à se désagréger par l'évolution culturelle et sociale de la Hongrie d'alors. Peu importe que leur disloca­tion n'eut pas lieu simultanément. La retombée de l'ardeur créatrice des jeunes années de Berény et son retrait volon-

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