Korner Éva - Gellért Andor szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 5. szám (Budapest, 1965)

GYULA DERKOVITS ET SON INFLUENCE SUR LE GROUPE DES ARTISTES SOCIALISTES Le temps est impénétrable: il apporte, emporte ou bien garde les choses à son gré. Nous nous disons: il aurait 70 ans déjà, mais nous gardons encore un vif souvenir de sa tête de gamin, chauve prématurément, et modelée de soucis. Et nous nous disons: 30 ans seulement ont passé depuis qu'il a posé pour la dernière fois ses outils, et pourtant, son œuvre, déjà mûri, est devenu classique. En même temps cette peinture est si vivante, si moderne qu'il est difficile de croire qu'elle forme un tout parfait et clos depuis déjà trois décennies. Déjà et seulement : — il est loin et bien préseid dans le temps, et e'est à nous, aux con­naisseurs et admirateurs de son art qu'incombe la tâche de tracer de plus en plus clairement les contours de ce qui est déjà, c'est-à-dire les lignes classiques consacrées par le temps, tout en gardant jalousement la véhémence émanant de la proximité de seulement. N'os grands maîtres, Pál X/.inyei Morse el d'autres n'ont laissé qu'un œuvre inachevé: dans l'histoire de l'art hon­grois ce problème a fait l'objet de nombreuses discussions. Qui oserait affirmer avec une certitude absolue qu'un travail continu, une longue vie apportent non seulement des résultats quantitatifs mais en même temps des valeurs qualitatives ? Car nous avons des maîtres dont l'œuvre ne se révèle qu'après une sévère sélection de leurs œuvres. Et pourtant, l'œuvre de Petőfi qui n'a vécu que 26 ans, celui d'Attila József qui n'en a vécu que 32, et celui de Derko­vits, mort à l'âge de 40 ans (n'oublions pas Van Gogh, mort, lui, à l'âge de 37 ans), ne sont-ils pas achevés? Il est impossible de faire des conjectures: Que serait-il arrivé si . . . ? Chez tous ces artistes l'œuvre s'est formé au prix d'un effort infatigable et continu dont toutes les étapes el toutes les créations sont des miroirs éloquents de l'époque et de la nation au sein desquelles elles ont pris naissance, et du génie créateur qui leur donna jour. Et quelle parenté bouleversante dans leur caractère et leur carrière! Ce n'est pas hier qu'on a découvert que leur fierté épineuse, due à leur origine populaire, et leur évolution créatrice, leur vie mouvementée et si inégalement appréciée ont beaucoup d'affinités, mais on peut faire remarquer encore que l'œuvre de ces trois grands génies est sans équivoque le réfléchissement de la conscience déterminée par leur exis­tence même. La vocation et les efforts artistiques de Petőfi prirent corps dans un œuvre qui influencera de nombreuses générations, mais une fois la liberté perdue, le poète, lui aussi disparut. Dans les circonstances changées du 20 e siècle, la destinée des artistes révolutionnaires semble prendre une autre tournure, mais elle reste au fond la même. Peintres, poètes, ils n'aspiraient pas comme Petőfi à «mourir là, au champ d'honneur», mais ils y périrent, car quoique les conditions en fussent changées, c'est dans un combat, une lutte de classes, inégale, acharnée et sans merci qu'Attila József et Gyula Derkovits sont tombés. Les lignes ennemies étaient découvertes, sans camouflage, et il fallait lutter avec d'autres armes, des armes modernes; mais la classe dirigeante plus puissante vainquit, en re­courant à des procédés et même à des armes semblables, les deux grands représentants du prolétariat. Elle a ruiné la force morale de l'un et brisé le frêle corps do l'autre. Derkovits aurait 70 ans, mais il est mort depuis 30 ans. Les 70 ans comprennent les quarante premières années pendant lesquelles il vécut et créa, brûlant de sa propre flamme, et les trente dernières qui no nous ont pas suffi, malgré des essais réitérés, pour révéler le véritable mérite de son œuvre. Nous avons organisé des expositions, chez nous et à l'étranger, nous avons commémoré les anniver­saires, nous avons cherché à apprécier son importance et son influence, nous avons trouvé la place qui lui revient dans l'art moderne hongrois et européen; nous avons ex­posé — dans des publications plus ou moins réussies — des parcelles de vérité, utiles pour évaluer son œuvre, mais tout cela ne donne pas l'image complète et sûre, exigée par la grandeur de l'œuvre. Sa période créatrice, les quinze années consécutives à la première guerre mondiale, e'est justement l'époque qui nous offre de nombreuses analogies étran­gères - - nous pensons surtout à l'Allemagne où l'ébranle­ment social ressemblait au nôtre. Ses satires politiques, surtout celles exprimées par ses dessins, le rattacheraient à Georg Gross, mais tandis que celui-ci, trempant sa plume dans le vitriol — dessinait et accusait en général, renonçant à l'espoir d'un inonde purifié, les profiteurs de la première guérie mondiale, les grands chefs militaires, les princes du marché noir, les traitants des blanches et toutes leurs victimes, Derkovits, lui, guidé d'abord par son seul instinct de classe, plus tard par « l'intelligente assemblée des travailleurs », travaillait à son œuvre sow la conduite du Parti Communiste, en perfectionnant son art militant de plus en plus suggestif, conscient de la victoire de la classe ouvrière, brillant du feu de eet I e confiance. lin passant, je reviens sur l'antithèse entre le torse et l'œuvre achevé. Certains connaissent peut-être les dessins que Georg Gross a faits en Amérique. Ceux que nous connaissons reflètent la neutralité petite-bourgeoise la plus bornée. Le cas de Frans

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