dr. D. Fehér Zsuzsa - N. Újvári Magda szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 4. szám (Budapest, 1963)

hongroise, les études publiées par les revues Művészet (Art), Magyar Zene (Musique Hongroise), Művészettörténeti Értesítő (Bulletin de l'Histoire des Beaux-Arts) sur Kern­stok, Berény, etc., des travaux de diplôme faits ou en préparation à nos Facultés, tous font sensiblement avan­cer les recherches concernant l'histoire de ce groupe d'artistes. Le groupe des Huit s'est formé donc, comme nous venons de le mentionner, en 1909 et a élu Károly Kernstok (1873—1940) comme président. Le nom de Huit vient d'un des membres les plus actifs, de Róbert Berény. Les réunions préparatoires avaient eu lieu au Café Japonais et, surtout, dans l'atelier de Dezső Orbán (né en 1884). A côté de ces trois peintres, nous trouvons Dezső Czigány (1883—1939), Béla Czobel (né en 1883), Ödön Márffy (1878—1959), Bertalan Pór (né en 1880) et Lajos Tihanyi (1885—1935) parmi les membres fondateurs. La première exposition a été organisée en 1909, sous le titre de «Nouveaux Tableaux », au Salon Könyves Kál­mán. Arthur Jakobovits s'est joint alors lui-aussi aux exposants. Le vernissage de la seconde exposition a eu lieu le 29 avril 1911, au Salon National. 28 Quatre artis­tes non membres du groupe ont été invités à y participer: Vilmos Fémes Beck, Márk Vedres, Anna Lesznai et Mária Lehel. La troisième exposition des Huit a également eu lieu au Salon National, en novembre et en décembre 1912. Czigány, Czóbel, Kernstok, Márffy, Lesznai rete­nus ailleurs n'ont pas pu y prendre part. D'ailleurs Czóbel ne s'est solidarisé avec eux que par la profession des mêmes principes, il n'envoyait pas ses tableaux à leurs expositions, pourtant la valeur de cette solidarité de principes se trouvait rehaussée par le fait que Czóbel s'était déjà inscrit parmi les Fauves de Paris. Une lettre de Dezső Orbán nous renseigne comment s'est déroulé le vernissage de leur exposition en 1911: 29 «. . .les visiteurs se montraient menaçants, ils exigeaient, montrant le poing, que les droits d'entrée leur soient rem­qoursés. . . Bien entendu, il y avait toute une foule de curieux qui, plus nombreux que de coutume, se bousculai­ent dans les salles. Le public était partagé, mais il n'y avait que deux camps: celui des furieux et celui des enthou­siastes. Personne ne se montrait indifférent. Les écri­vains, sculpteurs et musiciens aux idées avancées embras­saient avec enthousiasme notre cause. Le quatuor Wald­bauer-Kerpely a donné gratuitement et généreusement un concert dans les locaux de l'exposition. Les visiteurs ne voulaient plus s'en aller, ils discutaient dans une ambiance ardente ...» Il va de soi que l'on ne peut se rappeler tout exacte­ment cinquante ans après l'événement, mais nous n'avons aucune raison de mettre en doute la vérité de cette des­cription faite par un témoin qui, malgré l'âge, travaille encore aujourd'hui d'une ardeur toute juvénile. D'ailleurs ces renseignements sont confirmés par les souvenirs d'Anna Lesznai: 30 «. . .Je sais que tous les membres du Groupe préparaient l'exposition avec une foi ardente tout en sachant qu'ils pourraient provoquer des jugements sévères et s'exposer à l'incompréhension du public puis­qu'ils allaient se permettre une audace peu admise à Pest, ils allaient prendre la liberté de bouleverser les ten­dances et les procédés traditionnels de l'art. J'ai assisté au vernissage. Comme mes amis, moi aussi j'avais le trac, tout en étant heureuse et fière d'avoir été invitée, moi qui n'appartenais pas au groupe des Huit, à présenter mes broderies. Les visiteurs affluaient au Salon National, plus nombreux que l'on ait espéré, ce qui n'était pas sans donner du courage aux exposants. . . » L'audace jusqu'alors inconnue chez nous dont parle Madame Lesznai à propos de l'emploi de nouveaux moyens d'expression, s'explique par les mêmes causes qui tenaient alors, partout en Europe, la peinture en effervescence. Cette agitation s'était emparée de notre littérature aussi bien que de notre musique et ceux qui comprenaient ce fait, se solidarisaient avec les exposants. Les revues d'art et les revues musicales que nous avons mentionnées plus haut, avaient déjà parlé des étroits rapports existant entre les membres du groupe des Huit et Endre Ady, Béla Bartók, les collaborateurs de la revue Nyugat (Occi­dent) et la Nouvelle Société Musicale Hongroise. 31 , 32 , 33 Nous pourrions encore étendre nos recherches sur les autres domaines aussi en commençant par la revue de sociologie Huszadik Század (Le Vingtième Siècle) et en terminant par la revue littéraire et artistique Auróra, etc. Cependant, il serait erroné de prendre ces rapports en considération sans les examiner avec une certaine prudence, surtout dans le cas de Bartók, solitaire, suivant avec fermeté et résolution son propre chemin, ne se ralliant à aucune ten­dance, mais encourageant par son exemple toute tendance moderne. Les dernières conclusions auxquelles nous arri­verons ainsi, confirmeront l'existence d'une tendance ra­dicale en Hongrie qui suivait avec beaucoup d'intérêt et de sympathie, et sans aucune réserve, le mouvement dé­clenché par les Huit. Pour mieux exposer la richesse de ces rapports, mention­nons les faits suivants: c'est à Robert Berény que nous devons l'un des meilleurs portraits de Bartók; Dezső Czigány a fait plusieurs portraits d'Endre Ady; à l'expo­sition de Bertalan Pór en 1911 au Salon Kálmán Könyves, un petit gala fut organisé en l'honneur d'Endre Ady avec la participation du poète. Et, pour terminer, rappelons que Béla Bartók a visité l'une des expositions des Huit et que c'est là qu'il a fait la connaissance d'Endre Ady. 11 va sans dire que plus nombreux étaient ceux qui ne comprenaient pas les exigences réelles de l'évolution uni­verselle des beaux-arts et celles d'une évolution hon­groise déterminée par la première. Ils considéraient chaque manifestation des Huit comme incompréhensible, comme une exagération dangereuse, étrangère à l'esprit

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