dr. D. Fehér Zsuzsa - N. Újvári Magda szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 4. szám (Budapest, 1963)

nos efforts de les retrouver ou de les connaître au moins par des comptes rendus, sont restés vains. Sur ces années de Paris les lettres d'un ami peintre, Dezső Orbán, établi en Australie à partir de 1939, nous fournissent des renseignements précieux: «...C'est pen­dant mes deux séjours à Paris que je vivais dans l'inti­mité de mon ami Róbert. Le premier dut avoir lieu en 1906—1907, si je ne me trompe pas. J'avais connu Robert déjà à Budapest. Je suis donc allé le voir à Paris. Il m'a reçu très aimablement, nous avons causé longuement. Il me pressait de questions à sa manière, il m'a demandé mon avis concernant les peintres hongrois, s'est montré curieux de mes préférences, etc. Et pendant que je lui répondais de mon mieux, il se taisait, un fin sourire aux lèvres. Puis il a dit: Bon. on ira demain voir des ex­positions chez des marchands de tableaux et je te ferai voir ce que c'est que l'art. A partir de ce moment, j'étais comme subjugué par son caractère toujours dominateur. Il m'a appris beaucoup de choses. C'est lui qui m'a présenté à Gertrud Stein; depuis lors j'ai fréquenté régulièrement les réunions qui se tenaient chez elle, dans un petit studio. A cette époque, s'il m'en souvient bien, seuls Czóbel et Kernstok se trouvaient à Paris parmi nos connaissances communes. Czóbel ne fréquentait personne, mais je voyais souvent Kernstok, plus souvent que Berény parce que j'habitais près de son domicile. » 23 Dans d'autres lettres, Dezső Orbán nous parle de leurs distractions et des éternels essais de Berény en vue de mettre à point ses inventions, ses découvertes techniques. Les découvertes, ou pour mieux dire, les essais de Berény ne sont pas sans importance; ils les faisait avec toute l'application de son esprit en étudiant à fond les possibi­lités et les ultimes conséquences. Outre les renseignements que nous devons à Dezső Orbán, une lettre de Max Weber, peintre américain, doit retenir notre attention. 24 Nous y lisons: «. . .C'est au printemps 1906 et à Paris qu'une amitié éternelle et le cher souvenir de Rcibert Berény ont pris racine dans mon coeur. Je l'ai connu, ce cher ami, par l'intermédiaire de mes camarades hongrois qui, comme moi, étaient dans la classe de Jean Paul Laurens à l'Académie Julian. Berény ne suivait aucun cours où l'on dessine d'après nature bien que cela fût la règle pour la plupart des générations de peintres, venus de tous les coins du monde pour s'y former. Tout jeune, il s'opposait déjà à toutes disciplines académiques. A l'âge de vingt ans il avait l'air d'un homme mûr et il comprenait facilement certaines lois esthétiques fondamentales, chose que l'on n'attend ordinairement que d'un homme plus âga. Il était un causeur exquis, amu­sant, à la fois dogmatique, sèchement professionnel s'il le fallait et captivant, plein d'humour. Berény travaillait seul dans un vaste atelier, au n° 9 rue Campagne Première. Cet atelier était coquet, propre, mais on y trouvait toujours, dans un grand désordre. quelques dessins sérieux, des dessins et esquisses fantai­sistes, voire grotesques. Un jour Berény eut l'idée de cou­vrir de peintures les murs de son atelier en utilisant dif­férentes colles qui lui ont permis de les enlever plus tard et de les remplacer par les dessins et les plans capricieux de ses expériences techniques. Il comprenait et admirait sans réserve Cézanne, Degas, Toulouse-Lautrec et les primitifs. . . Il aimait la musique et saisissant son violon, il improvi­sait souvent avec une passion tout orientale et sous ses larges coups d'archet le violon résonnait doucement. Les partitions de ses propres compositions et celles des grands compositeurs qu'il préférait, se trouvaient toujours sur son bureau. Berény ne connaissait pas la douleur de vivre dans la gêne et dans le renoncement. Il vivait dans l'aisance et s'habillait presque toujurs avec élégance. Ses parents avaient des moyens et subvenaient largement à ses be­soins. A des intervalles presque réguliers, Berény recevait d'eux et de l'argent, et des vivres. Ces derniers, il les par­tageait de bon coeur avec ses camarades hongrois moins fortunés que lui. en les invitant à de petites agapes impro­visées dans son atelier. J'y trouvais moi-même un accueil chaleureux. Au début 1907 Berény rentra à Budapest et je ne l'ai plus revu. L'amabilité d'un ami commun nous a permis de renouer les liens de l'ancienne amitié. Quoi que nous soyons séparés l'un de l'autre par des océans et que plus d'un demi-siècle se soit écoulé depuis notre der­nière rencontre, le souvenir de cette précieuse amitié brille et brillera toujours de l'éclat et de l'élan de nos jeunes années ...» En effet, Berény est rentré de Paris au début de 1907 et a fait la même année un long voyage d'études en Italie en compagnie de son ami Bertalan Pór. 25 Mais err 1908 nous le retrouvons à Paris où il prend part à l'exposition du Salon des Indépendants. Dans la Grande Revue. Mau­rice Denis fait l'éloge du dessin de ses oeuvres. 26 L'un des résultats les plus précieux de ses années de Paris et en général, de sa jeunesss, c'est la Nature morte à la cruche' 17 (Fig. 4). C'est cette oeuvre qui fait le mieux sentir la forte impression que l'affermissement des élé­ments plastiques et des éléments de structure de la com­position de Cézanne et son coloris riche ont exercé sur Berény. Elle nous convainc en même temps que le peintre hongrois a tout de même su conserver son don d'une forme très personnelle quoi que plus crue et plus pathé­tique. L'année 1909 est celle de la formation du groupe des Huit. Nous nous faisons une idée de plus en plus nette de l'ac­tivité des membres de ce groupe. Des lettres et d'autres documents conservés aux archives de la Galerie Nationale Hongroise, les conférences qui ont eu lieu à cette Galerie, ainsi que l'exposition d'oeuvres graphiques y organisée, les monographies consacrées à ces maîtres de la peinture; S

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