dr. D. Fehér Zsuzsa - N. Újvári Magda szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 4. szám (Budapest, 1963)
Une partie des tableaux, comme Noël (1903), Tristesse (1903) (Fig. 40) ont conservé beaucoup de la tonalité sombre de la période dite noire du peintre. Mais plus tard Rippl-Rónai se libère de cette sombre atmosphère; des couleurs claires, sereines sont de plus en plus fréquentes sur sa palette. Sa composition Mur blanc, meubles bruns (1903) est sortie de l'équilibre des ombres et des clairs, mais les deux tableaux, Monsieur âgé et femme jouant de la mandoline (Fig. 41) et l'incomparable Oncle Piacsek et les poupées (1905) (Fig. 42) annoncent déjà la joie des couleurs gaies. Dans les études qui lui sont consacrées, il est souvent question de la technique de Rippl-Rónai. Xous nous bornons donc à faire remarquer que le style décoratif de sa représentation dans le plan, caractéristique d'un certain nombre d'intérieurs, est des plus heureux dans ce genre. Le charme de ces tableaux dépend en effet et de la qualité remarquable de la facture et aussi de l'intimité régnant entre les personnes et les objets. L'ambiance de ces tableaux serait rompue si les figures étaient plus accentuées ou si les objets y étaient relégués au second plan. La série des intérieurs de Rippl-Rónai est une merveilleuse symphonie domestique, mais la motion du foyer comporte également la réciprocité des rapports. Les personnes réunies dans un même foyer voient leur personnalité se condenser dans les objets qu'elles assemblent autour d'elles, et l'affection et les soins qu'elles prodiguent à ces objets, les raniment et les font vivre, et ceux-ci finissent par refléter sous mille formes diverses, la personnalité des êtres humains, auxquels ils se trouvent attachés. Si les hommes étaient incapables de prêter la vie aux objets par le fait de leur personnalité, il n'y aurait que des dépôts de meubles et d'objets usuels, il n'y aurait jamais de foyers. L'histoire des beaux-arts est là pour témoigner que les artistes qui ont pu faire ressentir d'une manière suggestive l'influence réciproque entre les locaux et les habitants, élevaient toujours l'intérieur classique au niveau de l'image fidèle du foyer. Les grands peintres d'intérieur hollandais et les maîtres de la peinture romantique traitant le même sujet, poursuivaient des tendances de style très différentes, mais leur conception de l'intérieur était la même et se restreignait à l'essentiel, à la représentation des rapports réciproques des hommes et de leurs objets usuels. Rippl-Rónai avait donc raison de choisir le style décoratif fondé sur le principe 39. József Rippl-Rónai (1861—1927): Crépuscule dans une chambre intime. 1892. 39. Rippl-Rónai József (1861—1927): Alkonyat egy intim szobában. 1892.