dr. D. Fehér Zsuzsa - N. Újvári Magda szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 4. szám (Budapest, 1963)
dételée par la foule en extase pour porter le prisonnier en cortège triomphal à travers toute la ville. 20 Son autobiographie fait allusion à son rôle en 1848: Au début de la révolution il servait dans l'armée des jeunes, il tomba bientôt malade et fut transporté dans un village reculé de province, à Tardona, dans le comitat de Borsod. Les événements de cette époque de sa vie sont relatés d'une manière attachante dans son Journal écrit en 1848/49 à Tardona. 21 La lecture de ces pages, feuilles épaisses en papier vergé, de grand format, utilisées par les acteurs pour y transcrire leur rôle et couvertes d'une écriture serrée, donnent une image fidèle de la psychologie d'un jeune homme ambitieux. Plusieurs passages nous font connaître la conception que le jeune peintre se faisait alors de l'art. Károly Telepy aurait pu pi'endre pour devise les quelques mots qui suivent et qui expliquent pourquoi il n'avait que des amis et des connaissances qui lui voulaient du bien, pourquoi il n'a jamais eu d'ennemis: Je connais bien ma faiblesse qui est de ne jamais vouloir faire du mal aux autres, et de ne jamais offenser personne. 22 Il considère l'amour comme le complément de l'art. En s'épanchant dans des plaintes pénétrées de lyrisme, en style fleuri, il exprime comme incidemment ses idées esthétiques aussi: Ma jeune âme doit sa vie à deux esprits. L'un, c'est Toi, ô ma bien aimée; l'autre, c'est l'Art. Les affections de mon coeur se partagent entre vous, mais elles s'encouragent aussi mutuellement. Si je te vois, Chérie, il m'est impossible de ne pas me rappeler l'art sous l'efde cette beauté de la nature. . . Je dois avouer que c'est l'imagination qui donne à notre esprit sa force créatrice . . . L'imagination naît avec l'homme, mais la nature avare ne distribue pas ce trésor à tous les humains. Mais ce don de la nature suffit-il à lui seul à engendrer dans l'esprit de celui qui le possède, de nouvelles images ? Je dois convenir qu'il n'y suffit pas. Le seul moyen qui augmente en nous cette faculté, c'est l'étude de la nature complétée du goût qui nous met en état de pouvoir distinguer le beau pictural du beau naturel. Je ne mens pas en disant que j'en avais déjà quelque idée, mois, car j'étais capable de comprendre le charme des rochers d'une forêt sauvage, le beau pittoresque des foudres du cel en fureur et la beauté des averses que les nuages de pluie déchargent sur la terre sous les coups violents de l'orage et parce que je pouvais goûter avec délices les vallées fleuries, les abondantes frondaisons des arbres et le paysage au clair de lune. Mon âme cherche la beauté pittores que dans la nature endormie. 23 L'amour de la nature du futur paysagiste se manifeste clairement dans ces lignes; le jeune peintre fait ressortir, selon une conception artistique toute romantique, les trésors impressionnants et inépuisables offerts par le riche panorama de la nature. A partir du début août 1848, Károly Telepy traîne une maladie, souffrant de quelque fièvre intermittente qui lui dicte les images fantastiques de son journal, images engendrées par une imagination délirante. Le Journal fait, ici et là, des allusions à son état de santé. Nous y lisons par exemple une note datant du premier avril 1849: Je redoute d'avoir de nouveau la fièvre cérébrale. Et un peu plus loin, le 16 avril, il nous avertit qu'il s'est débarrassé de son mal: Je me suis rétabli. Il suit avec un vif intérêt les événements politiques et il en parle dans son Journal. Le 5 mai il écrit: Journée historique. La déclaration de l'indépendance de la Hongrie fit sur tous un effet sublime bien que les solennités qui l'accompagnaient n'eussent pas été au niveau de son importance. On rencontrait peu de gens dont les visages n'eussent pas reflété une satisfaction superbe. Le 14 mai, il nous apprend un événement de haute importance: Aujourd-hui le gouverneur Lajos Kossuth a prêté serment. A la mai-juin, Telepy partit avec ses amis les Samuel Xagy pour Pest. Il espérait beaucoup de ce voyage. Il s'impatientait de revoir dans la ville libérée son père, ses parents, ses connaissances. Il arriva en compagnie de ses amis, le 15 juin. Us pouvaient à peine trouver un gîte car Pest était envahi alors par les provinciaux qui venaient de tous les coins du pays pour voir la ville et pour retrouver leurs parents qui s'y étaient trouvés bloqués par le siège. Károly Telepy rend compte de ses impressions dans ces termes: Dimanche, le 17 juin. Je suis allé voir avec mon père les ruines du château-fort de Buda. Les bastions endommagés par les boulets, les levées de terre qui avaient renforcé la porte et dont il ne restait que des traces humides sur les murs, les débris du palais du palatin détruit par l'incendie, le bâti élevé et protégé par des planches des canons de l'ennemi, à gauche de l'entrée, derrière la caserne d'où on avait tiré sur les nôtres, le nouveau palais de la diète et les murs de la fabrique d'armes troués par les boulets des canons hongrois, les murs noircis de fumée de l'écurie de la cour, murs détruits par l'incendie, la brèche à travers laquelle les nôtres s'étaient élancés dans la forteresse, remparts, ruines, débris de mur et amas de pierre, tout parlait de la gloire de la nation. Xous avons trouvé une partie du