dr. D. Fehér Zsuzsa - N. Újvári Magda szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 4. szám (Budapest, 1963)
national. Les représentants et les théoriciens des tendances conservatrices, académiques d'un art pour ainsi dire o fficiel, combattaient avec animosité les nouvelles aspirations artistiques qui paraisaient se concentrer dans l'activité des Huit. Us se sentaient défiés par cette activité, offensés dans leurs principes esthétiques ossifiés et cela d'aitant plus que même dans les oeuvres dont les thèmes n'avaient rien de politique, ils reconnaissaient, à cause de leur facture inusitée, les signes d'une nouvelle idéologie hostile à l'ordre politique et social établi, hostile aux normes consacrées de l'art dont ces artistes en révolte supportaient mal la charge accablante et dont ils voulaient se débarrasser en les détrônant. Les protagonistes des tendances modernes en Hongrie, disciples de Cézanne par la nouveauté de leur conception artistique n'étaient pas seulement combattus par les extrémistes de l'école conservatrice, mais aussi par les représentants d'une école d'esprit progressiste, par les impressionnistes et les naturalistes. C'est ainsi que, par exemple, le critique de la revue Uj Idők (Temps nouveaux) parlait d'eux avec ironie, 34 leurs manifestations lui paraissant davantage une prise de position idéologique qu'une simple querelle de styles. Ce fait est confirmé par l'attitude de l'écrivain Ignotus aussi qui, n'appartenant ni aux dénigreurs, ni aux apologistes, parle d'eux avec beaucoup de réserves et les considère comme les précurseurs d'un nouvel art académique. 35 Ignotus était un critique libéral, partisan de la libre manifestation de toutes les tendances. Par contre, les Huit n'admettaient pas les tendances naturalistes et impressionnistes qui avaient précédé la leur. A l'exposition de 1911, Berény était représenté par 49 toiles à l'huile et par de nombreuses oeuvres graphiques. Les années comprises entre 1906 et 1911 étaient fécondes, car dix de ses oeuvres sont datées de 1906, cinq de 1907, de 1908 et de 1909 et quinze de 1910, sans tenir compte des oeuvres graphiques exécutées à la même période. 3 " Les compositions que nous allons analyser sont toutes de cette époque. Le Nu (Pig. 5) nous fait connaître avant tout la palette de Berény. 37 Le fond est bleu d'azur et une nuance claire de ce même bleu d'azur rehaussé par le blanc. Les clairs du corps sont peints en jaune de Naples, les ombres sont obtenues par les nuances du cadmium, de l'orange, de l'oxyde de chrome, de la terre de Sienne et du vernis de garance. La Composition (Fig. 6) compte parmi les tableaux les plus discutés de l'exposition. 38 Au-dessus de l'axe horizontal de cette composition se détache, sur un fond de gros nuages, la côte d'une colline bien accidentée. Au sommet de la colline, une figure en marche, les bras levés vers le ciel, figure dynamique tout en étant construite d'éléments linéaires. Au second plan, la pyramide de trois nus de femme. Leurs membres en mouvement ou étroitement serrés contre le torse ne font que rehausser le caractère massif des corps. A gauche, vue en face, une énorme figure noire se penche vers le bord du tableau. Cette figure et la ligne arquée de la colline donnent une grande tension à l'oeuvre. Les raccourcis hardis et la composition bien enlevée témoignent d'une conception pleine d'ardeur et de bravoure. La Femme couchée sur le canapé (Grand Nu) (Fig. 7) date de la même époque, 39 mais sa composition est moins ferme. Elle doit son intérêt à la position soigneusement étudiée de la tête, du tronc et des jambes, ainsi qu'à la façon dont elle représente le mouvement et l'équilibre. Ce tableau accuse une proche parenté avec la première manière de Matisse, du début du XX e siècle. Ce même rapprochement s'impose pour le tableau Petit garçon™ (Fig. 9) aussi. Le contraste bien marqué des tons sombres et des tons clairs, la verticale de la figure rigoureusement observée, l'audace des diagonales nous rappellent les procédés de Matisse et ceux des Fauves. Sur son Autoportrait au chapeau haut de forme (Fig. 8) 41 la ligne des contours est de beaucoup plus élégante et d'une aisance continue. Ce tableau très caractéristique de Berény à cette période se fait remarquer surtout par la fermeté de sa composition. Revanant au tableau Petit garçon pour compléter son analyse, nous constatons qu'il est, malgré sa composition étudiée, d'un effet déprimant, car ses contrastes de nuances obtenues par de larges touches ne sont pas sans nous déconcerter. C'est dans ce tableau qu'apparaît peur la première fois ce caractère expressif qui s'accentuera de plus en plus dans l'oeuvre de Berény. Bref, ces peintures de Berény font apparaître en plus des efforts de résoudre certains problèmes posés par le coloris, le modelé, la perspective et la composition, une certaine tendance à la décoration et à la déformation, Quelqiiefois des tendances opposées se manifestent dans le même tableau (par exemple: représentation dans le plan et dans l'espace). Tout cela indique une opposition voulue, comme faisant partie d'un programme, à la conception des impressionnistes et trahit, à ne pas s'y tromper, le rôle des impulsions reçues des tendances postérieures à l'influence de Cézanne. Dans le numéro d'avril 1911 de la revue Auróra, György Bölöni a publié, peu avant le vernissage, une critique sur les oeuvres de Berény: «Il y a bien des années qu'un intérieur de bohèmes de la rue Campagne Première oîi des escaliers étroits et des couloirs exigus relient entre eux cordialement les ateliers minuscules, et où de joyeux souvenirs retournent encore aujourd'hui, a vu, la première fois, le jeune Róbert Berény apparaître dans la verdeur de son âge ingrat. . . Puis des années ont passé sans que la vanité ait pu décider le jeune peintre à présenter ses tableaux . . . nés d'un désir pur ... et restés longtemps ignorés du public. . . car leur auteur ne cherchait pas à conquérir petit à petit la gloire ... il a pourtant exposé autrefois au Salon des Indépendants à Paris, et l'année dernière, dans son pays, à l'exposition des ,,Ta-