dr. D. Fehér Zsuzsa - Kabay Éva szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 2. szám (Budapest, 1960)
LES PARTICULARITÉS NATIONALES DE LA PEINTURE D'ABA-NO VÁK S'il existait une institution internationale chargée d'étudier les caractéristiques, le génie des différents peuples, le caractère de leur art lui apparaîtrait sous forme de personnages humains, dont les traits essentiels seraient d'ailleurs ceux de leurs types nationaux. Par exemple la peinture hongroise, relativement jeune, serait représentée par un homme qui, les deux pieds rivés au sol, accompagne ses propos résolus d'une mimique expressive et de vifs gestes, donnant ainsi une impression de stabilité, de solidité et de dynamisme. Le personnage dont la voix aurait de fortes modulations, chercherait par tous les moyens à éliminer de son parler tout accent étranger, à parler hongrois et pas une autre langue. De même qu'il serait vain et condamnable de vouloir assimiler notre langue — d'une structure profondément différente de toutes les autres — à une langue étrangère, de même notre peinture, en perdant ses caractéristiques nationales, perdrait, du même coup, toute saveur particulière. Les artistes principaux qui firent que la peinture hongroise prit conscience de sa valeur, s'appelaient Mihály Munkácsy, László Paál et Viktor Madarász ; le style dominant était le réalisme romantique. Vers 1870 le peintre Szinyei-Merse et, au tournant du siècle, l'école de Nagybánya, engagèrent la peinture hongroise dans la voie du plein-air, et aboutirent à la création d'un impressionnisme hongrois. Entre ces deux manifestations apparut, à la fin du XIX e siècle, une autre tendance de la peinture hongroise, engendrée par le sol brûlant de la Grande Plaine. Ce paysage spécifiquement hongrois et le peuple qui l'habite déterminèrent un art spécifiquement national quant à son contenu et à ses modes d'expressions picturaux. Les «pionniers» (Bihari, DeákEbner) avaient trouvé, avec une extrême sensibilité, la voie à suivre pour parvenir à ce but : leurs paysages et leurs tableaux de genre, représentant des scènes de la vie populaire, sont la synthèse de la conception «plein-air» et d'un noble naturalisme ; ils s'expriment franchement et librement. Leur oeuvre fut continuée, toujours dans la Grande Plaine Hongroise, par des personnalités artistiques à la fois graves et violentes, dont la peinture d'une concision dramatique reprend avec vigueur les accents pathétiques de Munkácsy et du réalisme romantique. La génération qui leur succéda immédiatement — entre les deux guerres mondiales — se vit confier la lourde tâche de créer une peinture nationale d'inspiration citadine. Jusque-là, en effet, les racines de la peinture hongroise se plongeaient dans la province qui avait engendré un art homogène dans son esprit et dans son tempérament. Le caractère rural de cette peinture ne disparut pour autant ; en effet, la plupart des artistes citadins continuèrent à puiser leurs sujets dans la vie de la province; hongroise, sans tomber, pour cela, dans un provincialisme petit-bourgeois. L'arrivée des courants artistiques occidentaux causa une certaine perturbation passagère ; en effet, une partie de nos artistes, poussés par un souci de «modernisme», appliqua de façon superficielle, avec 31. Vilmos Aba-Novák (1894-1942): Le brave et vieux cabaretier. 1922. Aba-Novák Vilmos (1894-1942) : A jó öreg kocsmáros. 1922.