dr. D. Fehér Zsuzsa - Kabay Éva szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 2. szám (Budapest, 1960)
József Keszler donne un compte-rendu détaillé dans Nemzet (25 juillet 1890) : «Si nous passons en revue les tableaux exposés de Monsieur Pál Merse (le de nobiliaire est superflu quand on a un tel talent !), nous devons avouer que le temps a justifié le peintre. Pour un talent si étonnant, on n'aurait pas dû épargner les louanges, et on ne doit pas reprocher à un homme aussi doué des dieux, d'avoir une haute conscience de sa propre valeur. Monsieur Pál Merse manquait-il à tel point d'expérience qu'il ne connût pas l'impossibilité d'empêcher les pelants impuissants de se livrer à leurs intrigues? Ou n'avait-il pas assez d'idéalisme pour croire à la justice éternelle? Mais, Monsieur Pál Merse, vous devez reconnaître que ce n'est pas seulement envers vous que la médiocrité s'est montiée et se montre impitoyable. Car la médiocrité est capable de tout, excepté de faire une grande oeuvre. Mais ce qui doit être une consolation pour vous, Monsieur l'artiste, c'est que c'est vous qui avez peint, en 1873, à l'époque où la peinture terne de Kaulbach était en vogue, et Courbet, ce peintre lumineux, était la risée de tous, le Déjeuner sur Vherbe resplendissant de la fraîcheur et de l'audace des couleurs de Böcklin, ce tableau, véritable cri de guerre et chant de victoire. Celui qui a su peindre sur un fond de gazon de ce vert, des robes de ce rose et des vestes de velours de ce brun, aurait pu se détourner avec un sourire méprisant de ces artistes médiocres cherchant la gloire sur des chemins déjà frayés, puisqu'il appartenait à ceux qui ont transmis la clé de la vérité objective à l'art à la recherche d'une nouvelle voie. Attendez le siècle prochain, alors vous aurez vous aussi, des médailles et des prix. Alors peut-être on comprendra la profonde poésie du chant de votre Alouette et l'audace périlleuse de votre essai de peindre le chant de l'alouette, le corps nu, vigoureux de la femme silencieuse parmi des buissons fleuris, les cheveux blonds éveillant le désir dans le voisinage de la blondeur des champs de blé. Pourquoi Pál Merse ne pourrait-il pas attendre encore quelques dizaines d'années? Puisqu'il sait tout. La vigueur et la simplicité de sa tête d'homme nous rappellent la maîtrise du Tintoret. Et, parti du classicisme, il a su s'élever d'un élan audacieux, aux sommets les plus élevés du modernisme comme nous le voyons dans sa toile, Fonte de neige, d'une vérité poignante. Ce petit tableau séduit. On ne peut s'en détacher. En le voyant, on sent naître dans son coeur le désir égoïste de le possé 1er. Quelle immense beauté ! Quel chef-d'oeuvre ! L'anatomie du sol n'a été nulle part mieux représentée que sur les pontes abruptes de cette crevasse, pendant que du sol imbibé d'eau et friable des labours, se dégage la force fécondante d'un printemps précoce. C'est merveilleux ! » Dans Neues Pester Journal (le 28 mai 189(5), József Dienes Dénes place l'art de Szinyei au même rang que celui de Manet. « Le Déjeuner, peint en 1873, indique déjà la nouvelle direction de Szinyei. Cependant, l'oeil de l'artiste ne semble pas encore tout à fait habitué à la lumière pure. L'air est déjà parfaitement pur, mais la couleur des objets, de la terre, de l'herbe n'est pas encore assez vive et ce caractère terne du coloris est encore accentué par la manière de peindre à touches larges et épaisses. Par contre le tableau, Alouette montre déjà que le peintre a réussi à rendre pleinement la luminosité du soleil. Il ne sent plus l'atelier, l'étude ; la recherche des effets et l'essai des couleurs sont déjà nets et c'est une nature qui s'offre à nous. » László Kezdi Kovács écrit dans Pesti Hírlap (14 mai 1896) : « Pál Szinyei Merse est un des premiers champions du plein-air. Son Déjeuner sur Vherbe peint en 1873 est si eoloté et si beau que l'époque des couleurs ternes lui a fait un mauvais accueil. De nos jours Szinyei exposant à nouveau cette oeuvre, s'attire encore une fois les mêmes éloges condescendants que quelques confrères le traitant de débutant doué lui ont décernés l'année passée, lors de l'exposition de certaines petites études. » Dans Budapesti Hírlap (16 mai 1896) dans son sixième compte-rendu de l'Exposition du Millénaire, Bernát Alexander trouva enfin l'occasion de mentionner Szinyei « qui avait exposé toute une série de ses tableaux anciens ou récents, tableaux sains et frais comme la nature elle-même : ce peintre possède le don d'observation, il a une âme poétique, qualités sans lesquelles personne ne peut saisir Je charme, l'atmosphère de la nature, la valeur propre de ses formes et de ses couleurs. Le seul portrait exposé par lui est un vrai chef-d'oeuvre. » Dans Pester Lloyd Adolf Silberstein consacre; huit feuilletons assez longs aux tableaux importants et aux tableaux médiocres de l'Exposition, sans menti onner le nom et les oeuvres de Szinyei. Dans la Revue Hét, iédigée par le poète József Kiss, un critique d'art qui signe Masque, consacre deux articles aux oeuvres de Szinyei (le 31 mai et le 7 juin 189(5). 11 se montre surtout ravi du portrait du père de l'artiste. Après de longs développements, il conclue que ce tableau est l'oeuvre le plus spécifiquement hongroise de toute l'Exposition. Abstraction faite des accessoires, il découvre déjà dans la facture du tableau le vrai caractère; hongrois : le sérieux, la simplicité sobre et la répugnance envers tout ce qui est pathétique, guindé et pompeux. « Cet artiste a une âme hongroise et les moindres détails de ses tableaux sont imprégnés du caractère national. Parmi les paysagistes une place de choix