dr. D. Fehér Zsuzsa - Pásztói Margil szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 1. szám (Budapest, 1959)

portent le témoignage ; ils représentent la version de 1930 du thème de 1514 : la situation historique étant, au fond, identique, la pensée qu'il veut expri­mer l'est aussi. Comparons, un instant, la page « Werbőczy » de la série de Dózsa et « l'Exécuteur des hautes oeuvres » 92 (Fig. 55). Dans la gravure, l'exécuteur des hautes oeuvres est symbolisé par Werbőczy, (Fig. 57.) auteur du « Tripartitum », code qui a enlevé au peuple la plupart de ses droits, après la défaite de la paysannerie révoltée. Dans le dessin, il est représenté sous la figure d'un monsieur portant monocle, avec l'ordre de la Toison d'or au cou et surmonté d'un ange volant dans l'air et tenant des lauriers et une bourse dans les mains. Dans la gravure, l'incarnation démoniaque du pou­voir applique la pince à pied à un serf et, à l'intérieur de sa poitrine en grilles, on voit des serfs pendus. Dans le dessin, en dessous du monsieur à califour­chon sur une potence, un ouvrier est pendu, on reconnaît les traits contractés de Derkovits. En bas à gauche, derrière les grilles de la prison, un visage de reprouvé, avec une horreur effrayante dans les yeux. Ce dernier motif a été exécuté par Derkovits dans deux autres variantes, sur feuilles séparées, dont l'une avec le regard traversant le fond noir de la prison est fixé sur le crochet de la sombre potence : un paragraphe. Les oppresseurs pronon­cent leur jugement sur le peuple au nom de la loi, toujours au nom de la Loi et ils lui prennent la vie, symbolisée ici par la lumière solaire qui éclate sur le mur massif de la prison 03 . On se rend compte par les gravures et les dessins reproduits que Derkovits a créé des oeuvres impor­tantes dans ce genre aussi. La série de gravures de 1928 — 1929 concasrées à Dózsa est l'oeuvre où Der­kovits s'est libéré pour la première fois de la contrainte de style imposée par le Cubisme expressif. S'il a con­servé du Cubisme les principes de la construction et de la. répartition architecturale de la masse, il a su tirer parti au maximum des possibilités que lui offraient la gravue sur bois et la technique du blanc et du noir pour créer ce style de bois à la fois réaliste et expressif qui lui est propre 94 . Dans ses dessins à l'encre de Chine, la ligne joue, naturellement, un rôle plus important et plus indépendant mais, à côté des caractéristiques des dessins, la répartition des touches et des masses reste le facteur principal de la composition de même que dans ses peintures dont nous allons reprendre l'analyse. « L'Ebéniste » ou « l'Autoportrait à l'équerre » (Fig. 58.) est de 1932, l'année pendant laquelle son art pictural continue à mûrir et à s'enrichir. Tandis que dans les tableaux exécutés en 1930 et 1931, l'harmonie des couleurs est fondée presque toujours sur l'opposition des couleurs chaudes et froides ou sur la prédominance de ses dernières, la riche pro­duction de l'année suivante est caractérisée avant tout par le règne des couleurs chaudes doucement étendues. Sur la toile « T Ébéniste », il n' y a plus aucun dessin, ou presque pas, et chaque coup de pinceau ajoute à l'effet pittoresque. Chez les artistes bourgeois contemporains, la prépondérance de l'élé­ment pictural a abouti à reléguer les exigences de la forme au second plan : chez Derkovits cela ne s'est pas produit. Si l'on regarde de près la main tendant l'équerre 1 , on perçoit le jeu des muscles de T avant-bras de même que leur tension et les doigts disent éloquemment que cette main travaille, prend la mesure. Et pourtant le tout n'est qu'une seule tache. Seulement, ici la variété des couleurs et les nuances subtiles suivent exactement les formes détaillées du bras et de la main et donnent, à la grande surface plane une tectonique à peine perceptible mais qui exerce tout de même un effet visuel, sans nuire en rien à l'unité monumentale. Cette particularité du style de Derkovits constitue l'un des éléments essentiels de son réalisme spécifique. Il procède par­la même méthode pour donner une vivacité extra­ordinaire au visage dont la moitié reste cachée. Il est composé seulement de deux taches d'ocre rose, l'une de valeur claire, l'autre de valeur plus foncée; le crâne est de caractère plan et fait l'effet en bosse parce que les contours << dessinent » exactement, suggèrent le caractère et tout se trouve à la place qui lui convient. C'est pour la même raison que le regard observateur de l'oeil, absorbé dans le travail et peint de quelques menues touches légères, est tellement suggestif. Si ce « dessin » exécuté sans aucune ligne n'avait pas, dans ces oeuvres, la pré­cision absolue qu'il possède, le tableau ne serait qu'un ensemble enjoué des valeurs tendres d'autant plus qu'il est constitué, pour ainsi dire, de l'ondoiement , dans les deux sens, de quatre couleurs : de l'ocre, de terre d'ombre, de blanc et d'argent. Mais, il a tant de manières de « traiter » ces quelques couleurs — excepté l'argent —, qu'il arrive à créer une fac­ture variée au plus haut point et obtient une harmo­nie mélodieuse des couleurs. Il nous faut encore attirer l'attention sur la caractéristique diagonale de la composition. Derko­vits sait manier la diagonale avec une extrême fi­nesse. Il a recours à elle dans la plupart de ses oeuvres et lui assure presque toujours un rôle plus ou moins important. Elle n'est, au fond, qu'un élément abstrait de la composition mais le maître peut exprimer à peu près tout par elle et jouer dans toutes les gammes de la pensée et du sentiment. Dans ce tableau si simple où l'on ne voit, devant le fond richement J/

Next

/
Oldalképek
Tartalom