dr. D. Fehér Zsuzsa - Pásztói Margil szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 1. szám (Budapest, 1959)

bilité, il trouve la solution du problème qui lo pré­occupe : « respecter la surface plane comme la seule forme monumentale de la peinture » tout en évitant que la représentation ne devienne une sorte de déco­ration abstraite de la surface plane. Nous trouvons à la Galerie Nationale un tableau de Derkovits qui apporte une preuve péremptoire sur l'intention de l'artiste de développer le principe de la surface plane — principe dominant de la pein­ture moderne du XX e siècle — , et le caractère mo­numental dans le sens du réalisme, contrairement à l'évolution de l'art bourgeois qui, dans le domaine de la surface plane, a abouti, par suite d'autres prin­cipes aussi, à l'abstraction complète, à la peinture non-figurative. Le tableau en question, exécute- en 1928 et intitulé «Nature morte au Poisson» 17 (N. G. H. 1950), est une oeuvre paradoxale : une composition réaliste faite avec des moyens «mer­cistes ». La conception philosophique que Derkovits se fait du monde et le bru artistique qu'il se pro­pose, le dirigent nécessairement sur une voie con­traire à celle suivie par les artistes de la bourgeoisie, de même que toute l'évolution de la classe ouvrière est diamétralement opposée à celle de la classe sociale qui l'a précédée. L'année 1928 amène un revirement dans la vie de l'artiste aussi. Vers la fin de l'année, des émigrés hongrois communistes, rentrés clandestinement, lui proposent de se rendre à Vienne où le Parti doit lui confier une mission importante. On lui achète des tableaux et il est décidé que Derkovits, après son retour dans le pays, déménagera d'Űjpest et s'instal­lera dans un des quartiers intérieurs de la ville où son logement servira de lieu de réunion aux dirigeants du parti communiste hongrois qui se chargeront d'organiser la classe ouvrière contre le Horthy ­fascisme. Les pourparlers qu'il a eus avec les cama­rades de Vienne, exercèrent une influence heureuse sur son évolution artistique aussi. Ils ont mûri en lui la pensée de la création d'une série de tableaux sur György Dózsa, chef de la révolte de la paysan­nerie en 1514. Il quitte donc Újpest et emménage au n c 10 Placc Hunyadi dans un petit appartement en mansarde au cinquième étage. Avec de l'argent reçu du Parti, il le meuble modestement et s'y trouve à son aise. Il arrive même à se vêtir convenablement 18 . Il prend courage parce qu'il sent qu'il n'est pas seul et se prépare confiant à la lutte. Pendant plus d'un an, jusqu'au moment oil la police en a eu vent, les dirigeants communistes se réunissaient régulièrement chez lui. Le contact direct et prolongé avec le Parti, devait exercer une influence décisive sur les idées et la conception du monde de Derkovits et contribua à le déterminer à engager son art dans la lutte de classes. Pendant l'année 1929, il ne quitte que rare­ment son logement ; à cause de son activité clandes­tine aussi, mais surtout parce qu'il s'adonne au tra­vail de toutes ses forces. Il exécute un grand nombre de tableaux, c'est l'année la plus féconde en création artistique pour lui. Les oeuvres de cette époque montrent une indépendance de plus en plus grande en forme et en couleur et, par leur thème, elles s'associent toujours davantage à la vie. Elles portent sur elles les traces de cet élan puissant que l'exécu­tion de la série de onze gravures sur bois consacrées a Dózsa, lui a donné. Il n'est pas douteux que par cette série de gravures grandioses, l'art graphique du XX e siècle s'est enrichi, dans cette année, de ses productions les plus importantes. La riche moisson de l'année n'est représentée dans notre collection que par une seule mais importante toile: «la Voie est libre» (M. B. -A. 1930) 19 (Fig. 26,) La composition compliquée et de structure archi­tecturale, la figuration sommaire et l'emploi écono­mique des couleurs révélatrices rendent parfaitement bien, et d'une manière condensée, l'atmosphère et le caractère spécifique de la rue de la petite ban­lieue. Le «Matin au Bois» (1929), l'une des plus belles représentations de la nature qu'on lui doit, se trouve malheureusement en collection particulière 20 . Après « la Nature morte au Poisson » c'est ici qu'il emploie l'or pour la première fois et avec plein succès afin de donner la sensation du scintillement de la lueur solaire. L'oeuvre picturale la plus impor­tante de l'année — année de sa libération définitive — , la grande toile de « l'Aube » (90 x 112) est disparue sans laisser de trace ; il se peut qu'elle ait été détruite dans le tourbillon de la deuxième guerre mondiale.'­1 La perte serait d'autant plus grave que par sa compo­sition enjouée et librement enlevée, elle égale ses grandes oeuvres postérieures. Le demi-nu de femme, sommeillant sur le lit dans la lumière de l'aube, ray­onne de la joie de vivre. Le fait que, cette année, l'idylle sans mélange apparaît dans son art et trouve une si magnifique expression, n'est pas un hasard. Elle ne dure qu'un instant et disparaît pour toujours. Les couleurs claires continuent à dominer dans ses tableaux mais sa voix perd sa sérénité et devient sombre, coupante ou solennelle. Cela se conçoit : au cours des années qui se suivent, il « parle » tou­jours de la vie et du sort du peuple travailleur. Ces années terriblement difficiles étaient celles de la crise économique mondiale. C'étaient surtout les ouvriers et les paysans qui en supportaient les charges. Le chômage ne fut jamais plus insupportable et plus grande la misère qui l'accompagne toujours. Le parti communiste illégal, qui se proposait de mener 3e

Next

/
Oldalképek
Tartalom