Dobrovits Aladár szerk.: Az Iparművészeti Múzeum Évkönyvei 3-4. (Budapest, 1959)
Árpád Somogyi: Nouvelles données sur la staurotheque byzantine d'Esztergom
Dans la seconde moitié encore du siècle passé c'est Béla Czobor qui fut le premier à prétendre que l'icône de la staurothèque n'était pas en or, mais en argent doré. Cette opinion restait pendant un demi siècle isolée. Seul Elemér Varjú a risqué, il y a à peine vingt ans, en s'opposant aux opinions générales, de considérer l'icône en émail cloisonnée de la staurothèque comme un travail en argent. Cette question contestée était déjà close lorsque, en 1955, nous avons, avec l'assistance de M. Coloman Németh, restaurateur du Musée des BeauxArts, démonté la plaque de la planche et nous avons pu voir son revers. Il ressortit aussitôt que la staurothèque n'était pas un émail cloisonné sur fond d'or, telle qu'elle figurait jusqu'ici dans la littérature d'art hongroise et étrangère, mais qu'elle était exécutée en argent. Certes, Elemér Varjú prétendait lui aussi, que la staurothèque était en argent, mais il soulignait en même temps qu'elle était de mauvaise qualité. Restait donc à éclaircir la question de savoir si elle était exécutée d'un argent fortement souillé ou bien d'un argent plus fin. Cette question semblait d'autant plus importante que les objets d'un argent presque pur furent fabriqués surtout en Byzance, tandis que l'utilisation d'un argent de mauvaise qualité indiquait les Balkans. Il n'est donc, du point de vue de l'histoire de la staurothèque, nullement indifférent de connaître la qualité de l'argent duquel elle a été exécutée. Nous avons sollicité l'aide de l'Institut de Physique de l'Université Eötvös Lóránd, en priant le Dr. Tibor Török, chargé de cours à l'Institut Analytique de Chimie Inorganique, d'examiner la staurothèque et son cadre au point de vue de la finesse de l'argent. M. Tibor Török a soumis l'objet à une analyse chimique spectrale à émission, qui lui a permis de constater que la matière de base de la staurothèque était un argent d'une finesse de 968/1000, tandis que l'argent du cadre était de 967/1000. Ces résultats nous ont convaincus qu'à Byzance on avait utilisé pour la fabrication d'objets en émail cloisonné, à côté de l'or, aussi de l'argent presque pur. Bien qu'à l'opposé du grand nombre d'objets byzantins en émail cloisonné à fond d'or, les objets en argent soient fort rares, on peut tenir pour certain que l'argent pur y avait joué un rôle important. L'exemple de la staurothèque prouve que les ouvrages cloisonnés à fond d'argent ont été exécutés avec le même soucis artistique que ceux à fond d'or. Les monuments de l'art de l'émail cloisonné à fond d'argent n'étant de loin encore déniché et rassemblés, il n'est pas encore clair dans quelle époque on a commencé à les fabriquer et le plus souvent employer. 11 est cependant probable que dans les périodes difficiles de l'état byzantin, lorsque même la cour impériale s'était appauvrie, l'argent a pu suppléer l'or dans l'émail cloisonné. On sait que dans les péripéties historiques de Byzance il y avait des moments où le basileus récemment couronné n'a obtenu qu'une couronne de cuivre doré, et qu'aux festins royaux on avait mangé et bu dans les plats et vases d'argile. Dans de telles conditions l'emploi de l'argent n'a pas dû être rare. * La discussion au sujet de la matière de base de la staurothèque d'Esztergom a duré cent ans et s'est maintefois associé à des points litigeux d'ordre technique. Les chercheurs ont professé plusieurs sortes d'opinions sur la fabrication de l'émail cloisonné. Certains érudits basèrent leur opinion sur le livre de Theophilus presbiter, tandis que d'autres créèrent des explications indivi-