Dobrovits Aladár szerk.: Az Iparművészeti Múzeum Évkönyvei 3-4. (Budapest, 1959)

Marthe Schubert: Une chasuble du XVe siecle au Musée des Arts Décoratifs

tendres du velours de soie vert pré, et avec le dessin ciselé des minces lignes sinueuses. Les registres des grandes maisons de commerce de l'Italie dési­gnent ces velours du nom « riccio sopra riccio » 4 et les inventaires des cours princières et des cathédrales richement meublées mentionnent aux XIV 0 et XV e siècles par l'Europe entière ces velours comme « aurum super aurum et vellutum super vellutum ». Parmi les dessinateurs de patrons on connaît les noms de Jacopo Bellini et d'Alvise Vivarini, 5 leur source d'inspiration est l'art du textile de l'Orient, et leur patrie est Venise qui, alors, était au summum du pouvoir et de richesse, cette fière république conservative qui dans son art se fermait à tout ce qui était nouveau. Néanmoins, ce n'est pas le somptueux velours d'un noble dessin qui con­fère à la chasuble une rare valeur artistique, mais la large bande brodée par­courant la partie du dos, ce parement caractéristique des chasubles italiennes qui remplace la croix appelé colonne ou columna. Cette colonne consiste en quatre zones séparées l'une de l'autre par une broderie compacte à fil métalli­que : chacune des zones comporte une composition à plusieurs personnages, brodée avec de la soie multicolore dont les couleurs ont conservé jusqu'à nos jours toute leur fraîcheur et éclat. Les scènes représentées tirées du Nouveau Testament sont, en procédant du haut vers le bas : le Repas chez Simon, Jésus âgé de douze ans au temple, le Baptême et la Résurrection de Lazare, (fig. 3., 4., 5., 6.) La broderie est un « opus florentinum », et le velours et la colonne de la chasuble réunissent presque symboliquement les deux tendances artistiques très différentes quant au contenu et au rythme de l'évolution, qui étaient à Venise et à Florence les caractéristiques du Trecento et du Quattro­cento. Et si le velours vert à fond d'or est un produit typique de l'art du textile vénitien d'un style gothique presque flamboyant, il est également symbolique que la broderie delà colonne se rattache étroitement à l'art du grand initiateur : Giotto. * La chasuble a obtenu sa forme actuelle au XVI e siècle, lorsque les chasu­bles couvrant l'épaule furent recoupées et raccourcies dans l'Europe toute. Les dimensions mêmes correspondent à celles des chasubles des XVI e et XVII e siè­cles, publiées par Braun, 6 sa forme actuelle se situe entre les types dits romain et espagnol. 7 La colonne, nous l'avons dit, est la caractéristique des «pianeta » italiennes. Sur cette pièce le nombre des zones a primitivement dû être un de plus, la colonne a donc dû être plus longue, semblablement à la chasuble d'une broderie analogue, publiée par Farcy. 8 (fig. 2.) Nous reviendras à celle­ci dans la suite. La forme antérieure de la chasuble a dû être comme celle que por­te le saint évêque agenouillé tournant le dos au spectateur sur le « Couronnement de la Vierge » de Fra Angelico au Louvre, (fig. 24.) La colonne brodée est du même type que la nôtre. Le devant de la chasuble conservée dans la collection de textiles du Musée des Arts Décoratifs est dépourvu d'ornements. Ces données 5 Urbani de Gheltoff : op. cit. p. 164. 6 Braun, Joseph : Die liturgische Gewandung, p. 101 et p. 110, passim. 7 Braun : op. cit. p. 116. et Bock, Franz: Die liturgische Gewandung I — III. T. 1. p. 125. 8 Farcy, Louis : La broderie du XI e siècle jusqu' à nos jours. Pl. 58.

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