Budapest Régiségei 21. (1964)
TANULMÁNYOK - Zolnay László: István ifjabb király számadása 1264-ből 79-114
LÁSZLÓ ZOLNAY LE COMPTE DU JEUNE ROI ETIENNE DE L'ANNÉE 1264 En 1934, un fragment d'un relevé de comptes sans date et vérification, découvert aux Archives d'État de Venise fut publié par Giovanni Soranzo dans l'annuaire intitulé Aevum paru à Milan. La cote du compte: Cancellaria inferiore, Cassella I., Capsa 1., Filza A., nr. 123. L'opération de crédit servant de base pour le compte fut établie entre un certain Dominus Rex et un commerçant — ou plutôt un banquier royal — nommé Syr Wulam, ou Syr Wilam. Les 122 articles du compte énumérent 38 noms de personnes, 22 noms de lieu et notions géographiques. En vertu de sa balance, au moment de la clôture du compte s'élevant d'environ à 1500 marks à volume d'argent, le roi est redevable à Syr Wulam de 750 marks d'argent. 116 des 122 articles du compte comprennent les transports de marchandises et les prêts en argent comptant de Syr Wulam. A savoir, il rapporte à plusieurs reprises, au compte du roi, des objets de gage de certains dirigeants (ceux-ci sont qualifiés en général d'une appellation „magister"). La plus grande partie des marchandises transportées se compose des textiles byzantins, chinois, — nommés tartares — milanais, lucaniens, gentois et, pour une faible part, des bijoux et des pelleteries. Six articles prennent note des acomptes d'amortissement des mandataires du roi, soldés en argent et en sel. L'un des articles du compte fait allusion même à une opération antérieure étant établie entre Dominus Rex et Sir Wulam. Giovanni Soranzo en dépit du fait que le compte ne fait pas mention ni du nom du roi, ni de celui de son pays, il en date l'origine du compte du XIII e siècle et le reconnut pour une opération se rattachant à la Hongrie du XIII e siècle. D'après sa conjecture, les transports de marchandises se rencontrant dans le compte devaient être les achats du roi Béla IV, effectués vers l'époque de l'invasion des Mongols de 1241— 42. Le fragment peut être considéré, en partie, comme le document du renouvellement de la garniture d'habillement de la cour royale hongroise, éventuellement dévastée par suite des ravages causées lors de l'invasion des Mongols. En 1938, Dénes Huszti, historien d'économie politique, soumit le compte découvert à Venise à un nouvel examen. Quant aux rapports des conclusions chronologiques, au fond il arriva à un résultat analogue à celui de Soranzo. Le lieu de conservation du compte étant Venise, Dénes Huszti en vint à la conclusion que l'opération paraît se rattacher au marché de Venise et que Syr Wulam dût être un commerçant vénétien. Soranzo avoue, lui même, il est peu versé dans les conditions de la Hongrie. C'est pourquoi il ne s'efforce pas d'identifier les personnages faisant figure dans le compte, à l'exception de la personne de Syr Wulam, le créancier qu'il croit être identique avec Guillaume de Saint Orner (mort en 1242). (Ce prince Guillaume, consanguin de la dinastie royale de Hongrie, prince de Macsó, qui épousa l'une des filles du roi Béla IV, et remplit la fonction du grand écuyer du roi de 1241 à 1242.) L'ouvrage de Soranzo, en dépit de sa thèse par la suite démentie, paraît avoir un résultat positif. Pour ainsi dire, c'est à lui que nous devons la révélation, d'avoir s'attache à la Hongrie du XIII e siècle toute l'opération de crédit et, en plus, c'est lui qui attira l'attention de la historiographie hongroise sur ce document jusqu'alors inconnu. Dénes Huszti, lui aussi, ne tenta d'identifier qu'un seul personnage du compte, celui du prépositus Benedictus, participant de la part du roi à l'opération, à ce prévôt Benedek qui devint en 1241 l'archevêque de Kalocsa. Dès lors, prenant prétextes de la supposition que l'archevêque ne puisse être mentionné dans le document comme étant d'un rang antérieur à l'année 1241, il en arrive à la conclusion hypothétique que peut-être tout l'opération se réalisa que Benedek fût archevêque et l'invasion des Mongols, c'est à dire avant 1241. Huszti se sentit confirmé dans sa conjecture par le fait même que parmi les articles du compte les Coumans figurent à plusieurs reprises, et cela par de considérables cadeaux royaux. Les Coumans furent établis en Hongrie par le roi Béla IV, entre 1238 et 1241. Par ce fait, le terminus post quem de l'analyse donnée par Huszti paraissait logique: le compte ne put être dressé qu'après l'établissement des Coumans, donc après 1238. Mais quelques noms de personne et données laissaient Huszti dans le doute pour les question de la chronologie. Il écrit lui même, on peut supposer . . . que les achats auraient été effectués après l'invasion des Mongols. D'ailleurs cette conjecture pourrait être appuyée par d'autres noms de personne. Huszti s'efforçait en premier lieu d'apprécier l'opération, au point de vue d'histoire d'économie politique et il est à noter que l'auteur s'acquitta de cette tâche conscientueusement. Mais quelques détails demeuraient problématiques. Entre autres, par exemple, il lui parut suspect que presque tous les personnages de la cour royale de Hongrie furent accompagnés du titre magister, et dans la fiction 112