Mitteilungen des Österreichischen Staatsarchivs 12. (1959)

HRAZKY, Josef: Die Persönlichkeit der Infantin Isabella von Parma

204 Josef Hrazky épaulés, s’avisa de s’en offenser et j’en fus encore cette fois pour la peine de ma saillie, qui devoit cependant lui plaire, car la belle ressemblance que la croupe d’un cheval! rien de si regoutant, si elle est belle, rebondie, rien de si agréable que la couleur Isabelle! Ce n’est pas tout encore, quoique je n’en su [s] que faire de maîtres ni d’instructeurs, ni de ma gouvernante, avec qui j’ai dit que je me suis brouillée, [on] s’avisa de me donner pour m’instruire dans les sciences, apparemment de l’amour propre, de l’intrigue et de la curiosité, un grand homme sec à longue robe de cette espece, qui n’est ni chair ni poisson, tant y a qu’il pouvait etre un saint homme, mais ma mere lui avait gâté l’esprit au point, qu’il s’impatien- toit de la moindre chose et souvant à tort. II. 12. il pouvoit avoir de l’esprit, mais sa langue, plus amie de l’humilier que peut- etre lui meme, lui refusoit son ministere à tous momens, ce qui lui faisoit faire des grimaces à épouvanter quelqu’un susceptible d’effroi, je ne l’etois pour mon malheur; pas avide de briller, je saisis avec empressement des con­torsions, qui m’amusoint et que je croyois devoir etre un signe du sçavoir. il fut un jour assés bête pour s’en fâcher et me faire des reproches de ce que je me defigurois de telle sorte, moi, tout jours sincere, croyant qu’il etoit assés aveugle sur son compte pour ne se pas douter, qu’il faisoit cent fois pis, et sçachant, que le premier devoir de l’amitié est d’avertir les gens, je lui avouai l’et(t)onnement, où me jettoint ses reproches, et l’assurai en meme tems, que si j’avois suivi(s) son exemple en cela, ce n’etoit que parceque je le croyois bon en tout, quelle fut II. 13. ma surprise de voir, qu’au lieu qu’une vérité dite ainsi à propos fit tout son effet et en attira des remerciemens, elle ne fit que l’irriter! c’est pour alors que je compris bien par experience, que toutes vérités ne sont pas bonnes à dire, c’est pour lors que je commençai à voir, que ma gouvernante avait raison de blâmer la droiture et la bonne foi (s), mais il etoit trop tard et le mal etoit fait. C’est ainsi que se passoit mon enfance, quand, lasse à la fin de beaux discours, j’en vins à former les projets, dont l’execution impossible à des mor­tels maladroits me fit passer pour folle. Aucun tas de terre ou de charbon n’étoit sur, il falloit le sauter, et combien de gens se sont repentis d’avoir voulu m’imiter! leur humiliation leur a fait voir, qu’il n’est donné à tout le monde de faire ce que je fais, et que chercher à me suivre, à me contrefaire est à quoi l’on perd le plus mal son tems, puis­qu’il doit etre II. 14. donné de marcher sur mes traces, sans quoi on est bien incom[m]ode, je ne me bornai pas au tas de charbon, je courrus à pied la chasse aux papillons, je voulus faire un jeu de bagne dans ma chambre, je fis des fontaines, je voulus faire la guerre, écrire, chanter, danser, faire un cheval, qui par le moyen d’un cordon fit tous les mouvemens imaginables, lasse de voir, que je ne pouvois venir à bout de ce que je voulois, je me fis un cheval pour voltiger, il etoit assés maussade, mais tant y a il etoit solide, me voici la plus fameuse ou pour mieux dire la seule peutetre de mon sexe, rien n’etoit difficile à ma legerté et bientôt j’aurois dansé sur la corde, si l’on ne m’en eut empeché. mais comme le sort m’avois pris en guignon, un jour en voltigeant je pris mon essort un

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