Scientia et virtus. Un commentaire anonyme de la Consolation de Boece. Introduit et publié par Sándor Durzsa (A MTAK közleményei 5. Budapest, 1978)
4 mentaires rédigés aux différentes époques se rapportent justement à ce passage et les recherches modernes se sont orientées en premier lieu sur l'explication de ce chant. Aussi, méthodiquement, notre travail est-il dès le début désavantagé par le fait qu'il ne peut apporter rien de neuf sur ce problème. Il résulte de cette orientation des recherches que la publication des textes des commentaires de la Consolation est partielle et par conséquent, il ne nous est pas possible de comparer notre texte avec d'autres commentaires complets. Il y a toutefois une seule exception, une oeuvre qui a été publiée originairement comme le travail d'un auteur anonyme du IX e siècle, datation que la critique a bientôt révisée pour la situer au XII e siècle. Nous nous en occuperons plus loin. (2) La confrontation de notre texte avec les passages de différents commentaires connus de la littérature nous a permis d'établir que le manuscrit de Budapest contient une oeuvre qui n' a pas encore été retrouvé dans d'autres sources. Comme le manuscrit ne révèle rien sur l'auteur, ni sur le lieu et la date de sa composition, nous tâcherons de déterminer les circonstances de sa création en insérant le texte dans la tradition littéraire médiévale de Boèce et en analysant son contenu. Boèce au moyen âg e. L'influence des oeuvres de Boèce s'exerçait dans une mesure et dans un sens différents dans les différentes époques du moyen âge. Le plus tôt furent connus les Opuscula Sacra et la Consolation, tandis que ses écrits de logique ne furent pris en considération dans une plus large mesure qu'à partir du X e siècle. De bonne heure, la Consolation fut traduite dans différentes langues nationales, elle devint un instrument classique de l'instruction, et son interprétation, son intégration dans la pensée des différentes époques est illustrée par toute une série de commentaires. Elle a été une des oeuvres littéraires les plus généralement lues du moyen âge; les catalogues de bibliothèques nous renseignent de l'existence de plusieurs centaines de ses manuscrits, elle ne manquait à la bibliothèque d'aucun monastère ou de cathédrale. On la commente systématiquement à partir du IX e siècle, et on l'imite aussi à plusieurs égards. C'était avant tout un livre de lecture pour le lecteur médiéval, qui exerçait une influence permanente par ses pensées belles et élevées exprimées dans une langue et une forme élégantes. Cette influence se reconnaît encore facilement même dans l'humanisme naissant. La Consolation était importante aussi pour la spéculation philosophico-théologique médiévale, car elle transmettait toute une série d'idées platonicienne au lecteur médiéval. La consolation et les bienfaits prodigués par Philosophie dans cette oeuvre encourageaient aussi à étudier la sagesse laïque. La Consolation transmettait à la scolastique d'importants éléments culturels de l'Antiquité. Il est caractéristique que toute une série d'importantes définitions /aeternitas, beatitudo, providentia, fatum, etc./ furent empruntées justement à la Consolation. L'âge d'or de la lecture et de la vogue de la Consolation est cependant le XII e siècle. C'est surtout à Chartres qu'elle était matière d'enseignement et objet d'exégèse. D'un autre côté, ce fut également le XII e siècle qui a affermi et