A Veszprém Megyei Múzeumok Közleményei 10. (Veszprém, 1971)
Nagybákay Péter: Veszprémi és Veszprém megyei céhzászlók, céhládák és egyéb céhjelvényes emlékek
de bannières de corporations dès les XHIe et XlVe siècles. Auprès de sa fonction militaire, la bannière — symbole de la solidarité — est devenue très tôt l'ornement des défilés civils et des processions ecclésiastiques. Quand le rôle des corporations dans la défense de la ville s'est diminué, et surtout à la suite de la contre-réformation du XVIIe siècle, les bannières de corporation deviennent de plus en plus bannières de procession. C'est de cette époque que nous trouvons les premières données concrètes sur les bannières de corporation en Hongrie. La reine MarieThérèse — conformément à ses tendances de récatholisation et de centralisation — ordonna que partout dans le pays, chaque corporation ait sa bannière, gardée à l'église, et que chaque maître de corporation prenne part sous cette bannière — sans considération de sa religion — aux processions ecclésiastiques, surtout à celle de la Fête-Dieu. La bibliographie hongroise, jusqu'ici, ne s'est pas du tout occupée des bannières, mais même la bibliographie étrangère est également assez pauvre sur ce sujet. La majorité des bannières de corporation ont été anéanties par le dépérissement naturel de leur matière textile. Une partie des bannières hongroises se retrouvent à leurs lieux de gardiennage primitifs, aux églises, une autre partie se trouve aux musées. Malheureusement, à la suite du manque d'entreposage convenable et de conservation appropriée, même l'effectif acctuel court le danger de l'anéantissement en quelques décennies. Il nous est resté seulement trente bannières de corporation du département de Veszprém, bien que dans le département aient fonctionné à peu près 140 corporations. De ces bannières, 10 viennent de Pápa, 7 de Veszprém, 4 de Nagyvázsony, 3 de Peremarton, 1 d'Ugod, 1 de Tosokberénd, 1 de Herend, 1 de Marcaltő, 1 de Bakonyszombathely, et 1 est d'origine inconnue. 14 bannières sont gardées au Musée der Bakony de la ville de Veszprém, 10 au Musée d'Histoire régionale de Pápa, 1 à la Collection d'Histoire ecclésiastique de Veszprém. Les autres se trouvent aux églises des villages de Peremarton, de Marcaltő, d'Ugond et de Bakonyszombathely. La plus ancienne des bannières qui nous est parvenue date de 1828, la plupart sont du milieu du siècle, mais même aux années 90 du siècle passé on a encore préparé des bannières nouvelles. Une partie des bannières de corporation étaient suspendues aux supports de hampe du drapeau. Façonnés en fer forgé, d'un fini soigné, ils montrent une parenté étroite avec les supports d'enseignes commerciales. L'église Saint Etienne de Nagyvázsony garde un tel ensemble de supports (en fer) d'une beauté unique. Ajustés à des hampes encastrées dans le mur, originalement 4, actuellement 3 supports de bannière, très beaux, peints et montés d'enseignes et d'armes de corporation, surplombent la nef de l'église. Leurs silhouettes artistiques se font valoir sur le fond du mur blanchi à la chaux de l'élige. L'une de ces bannières était celle de la corporation des savetiers, l'autre celle des cordonniers et la troisième celle des tisserands de Nagyvázsony. La quatrième bannière, celle des menuisiers, maçons et tourneurs se trouve actuellement dans la salle de corporations du Musée Ethnographique en plein air de Nagyvázsony. Nous connaissons encore du village d'Ugod un support semblabe en cuivre, orné de l'enseigne des tisserands. Les bannières — bien qu'elles datent de la même époque, et par leur fonction appartiennent au même type — présentent une variété très grande. D'après leur forme, elles se divisent en quatre groupes: 1. — Bannières carrées (en allemand «Banner»: elles mesurent à peu près 150x180 cm); 2. — Étendards de forme triangulaire («Stander», en allemand: 100-140x200-260 cm); 3. — Étendards en queue d'aronde («Doppelstander»: 80-140x180-250 cm); 4.— Gonfanons de queues («Prozessionsfahne», 135-150 x 160-200 cm). Les hampes étaient des manches colorés, en bois tourné. Elles mesurent 350-450 cm. Elles sont souvent munies d'anneaux servant d'appui-main. Leur couleur est le plus souvent identique avec celle du tissu de la bannière. Au bout de la hampe se trouve ordinairement une pomme en cuivre, surmontée d'une croix simple ou double. Il y a des croix qui sont combinées avec l'ensiegne de métier (telle p. ex. la croix de la hampe de la corporation de tonneliers de Bakonyszombathely, ou celle de la hampe des cordonniers et des meuniers de Peremarton). Pour faciliter le port de ces hampes lourdes, on se servait souvent d'une ceinture spéciale, pourvue d'une game. L'étoffe des bannières est le plus souvent du damassé misoie, de couleur, à grands décors. La plupart des bannières ont un effilé d'or ou de couleur. Quelques-unes sont ornées de riches broderies d'or aussi. La couleur dominante est le rouge et le rouge bordeaux, puis viennent le bleu, le blanc et le vert. Sur tous les deux côtés de la bannière, ce sont des peintures à l'huile qui occupent la place centrale, ordinairement encadrées d'un ovale ou d'un rectangle. Sur l'un des côtés nous retrouvons le saint protecteur de la corporation, tandis que l'autre est orné d'une scène biblique, de l'image de la Vierge ou de la Trinité. Le saint protecteur est toujours en relation avec le métier, ou bien parce que selon la tradition lui-même l'a pratiqué, ou bien parce que son nom ou les attributs de la représentation iconographique chrétienne montrent d'une certaine affinité avec le métier en question. A la suite de l'unité supernationale de l'Église catholique, le culte des saints protecteurs est uniforme partout en Europe. C'est pourquoi les patrons représentés sur les bannières sont internationaux. Ainsi la patronne des charrons est Sainte Catherine, aussi sur les bannières de métier du département de Veszprém, le patron des savetiers est Saint Crispinus ou Crispinianus, celui des charpentiers est Saint Joseph; Saint Jean Népmucène protège les minotiers, Saint Roch les maçons, Saint Florian les potiers et Saint Sévère les tisserands. Mais nous trouvons des patrons nationaux aussi. Ainsi le saint protecteur des cordonniers hongrois est le prince Saint Éméric (fils du premier roi de Hongrie), celui des foulons est Saint Martin de Hongrie (né en Pannonié et devenu évêque de Tours), et nous retrouvons aussi Saint Etienne I er sur plusieurs bannières. Les corporations de bourreliers et d'armuriers — lequelles corporations comprenaient souvent des forgerons, serruriers et savetiers aussi, unissant ainsi les métiers des armements des confins — vénéraient le chevalier Saint Georges comme patron. Auprès des saintes images, on a décoré souvent les bannières des armes du métier. Trois navettes forment les armes des tisserands, des ciseaux ouverts celles des tailleurs, une fourrure d'hermine, tenue par des lions, figure aux armes des pelletiers, des bottes à celles des cordonniers; les charrons ont la roue, le débordoir et la hache; les meuniers la meule, la roue de moulin et le compas; les charpentiers le compas, l'équerre et l'essette; les maçons la truelle et le marteau; les potiers la cruche mise sur le tour, etc. Le prix des bannières de corporation était très grand, ce qui imposait une charge très onéreuse aux maîtres. C'est pourquoi les membres des corporations — surtout les maîtres protestants — se dérobaient à la commande d'une bannière. Et le port de ces lourdes bannières aux processions, de même que leur gardiennage dans les églises imposaient encore des frais supplémentaires aux corporations. Les bannières de corporations du département de Veszprém n'ont pas de l'impotance historique ou artistique exceptionnelle, mais elles sont pourtant remarquables du point de vue de la civilisation et de l'histoire sociale, puisqu'elles sont les monuments pittoresques, caractéristiques et concrets de l'esprit collectif et religieux du régime des corporation plusieurs fois séculaire. II. Lanternes funéraires Bien qu'il soit incontestable que la cause et le but primordiaux de l'organisation des corporations était de mettre des bornes à la concurrence naissante et de monopoliser le marché, les premières organisations des artisans se constituaient dans des cadres religieux. Il est donc compréhensible que les règlements les plus anciens, déjà au Moyen Age, prescrivent que la corporation doit accorder les honneurs de la sépulture à tous ses membres décédés de même qu'aux 183