Gopcsa Katalin (szerk.): Egry (Budapest, 2005)

Balaton et son bord fut le général Petrich, qui fut suivi par Libay et Rohbock, puis, parmi les peintres plus connus, par Sándor Brodszky, Antal Ligeti, Gusztáv Keleti, Károly Telepy, József Molnár et, finalement, par Géza Mészöly qui attira l'attention sur les beautés encore inconnues du lac. C'est un nouveau ton que Pál Szinyei Merse, István Csók et Aurél Bernáth utilisèrent sur leurs tableaux représentant le Balaton. Même László Mednyánszky ne put échapper à l'influence du Balaton, ni József Rippl-Rónai qui dessina de frais pastels. János Vaszary et Béla Iványi-Grünwald saisirent le spectacle du Balaton d'une manière nouvelle et moderne. Pourtant, ce fut à l'occasion de l'exposition rétrospective de József Egry en 1936 que Károly Lyka nomma l'artiste « le peintre du Balaton ». « J'ai l'impression que j'ai apporté avec moi le penchant pictural parce que mes expériences d'enfant s'y attachent » - écrit Egry à propos de sa motivation. « La plus grande fête était pour moi quand je pouvais aller au Musée National. (Quand j'étais pieds nus, on ne me laissait pas y entrer.) ...Je n'ai cessé de chercher des tableaux et des tableaux partout... Je voulais devenir peintre, mais j'étais encore jeune et ne connaissais pas les milieux de ce genre » - peut-on lire dans ses Souvenirs autour de ma vie. C'est vraiment étonnant que dans une famille miséreuse, cet enfant talentueux, pauvre et qui cessa de fréquenter l'école à l'âge de 14 ans, nourrisse un désir pour les peintures et qu'il saisisse toutes les occa­sions pour être parmi les couleurs, l'huile et la laque. Il naquit à Újlak, dans le département de Zala, le 15 mars 1884. Ses parents étaient de simples agriculteurs, qui per­dirent tous leurs biens à la suite d'une querelle de famille et le père de Egry fut même emprisonné pendant un certain temps. Ils n'avaient pas de maison véritablement à eux et après différents vagabondages et « asiles agricoles » , ils se mirent en route vers la capitale, leurs maigres biens ramassés dans un petit baluchon. La famille Egry ne put guère s'adapter au mode de vie des pauvres de la capitale ; le jeune Egry vendit de l'eau au Bois de la Ville, aida les dames porter leurs paniers, fit des copies de partitions pour des musiciens aussi pauvres que sa propre famille, et plus tard il porta le mortier pour les maçons. Le changement eut lieu lorsqu'il devint l'apprenti de Emil Fellegi, ornemaniste. « En un mot, je suis vraiment entré dans ce monde où l'on perd son être réel... C'est à ce point-là que les instincts révoltés et l'exaltation maniaque se libèrent dans l'homme. C'est alors que l'on construit l'heureux monde imaginé où l'apaisement est in­connu... Lorsqu'à part l'image, la couleur et les lignes on ne voit rien d'autre. » Peu après Egry travailla et apprit chez le peintre János Korcsek qui faisait surtout des portraits ; pendant cette période, il fréquenta les cours du soir de l'Ecole des Arts Décoratifs. Après la première exposition de son tableau, lors du Salon National, Egry alla voir Károly Lyka à la rédaction de la revue Művészet pour lui montrer ses œuvres. L'attention, le patronage et l'aide de Lyka ne signifiaient pas seulement un soutien financier pour le jeune peintre, mais aussi moral, de même c'était un encouragement et une possibilité de faire connaissance avec d'autres peintres tels que Mednyánszky et István Farkas. Son autoportrait, peint au début de sa carrière vers 1903, avec un arrière-plan sombre, représente le visage cru d'un jeune homme d'environ 20 ans qui est encore à la recherche de sa personnalité. La parenté avec les auto­portraits de János Nagy Balogh de 1900-1910 est attestée par Y Autoportrait de Egry de 1903 (planche n° 1) ; ces tableaux furent présentés dans le volume La peinture hongroise moderne (1896-1919) où les portraits de Nagy Balogh furent publiés avec ceux de Egry. Mais sur le tableau on peut également découvrir une affinité lointaine avec le style pictural de ton sombre de Munkácsy dont les œuvres furent étudiées et quelquefois copiées par Egry. Le respect pour l'art roman­tique-réaliste de Munkácsy peut être révélé dans plusieurs de ses tableaux de vie campagnarde exécutés vers 1900, de même que l'influence de László Paál peut être découverte dans certains de ses paysages du début de sa carrière où Egry représente le bord du Balaton avec des arbres et des bosquets. Les critiques qui s'occupèrent de l'art de Egry se concentrèrent pendant longtemps presque exclusivement sur ses œuvres exécutées après 1922. Les toiles peintes « dans les années de tourments enveloppés d'obscurité » - une période appelée ainsi par l'artiste - attirèrent une attention particulière pour la première fois en 1968 au Musée Thury György ; puis, en 1971 lorsque les tableaux de l'artiste furent exposés à la Galerie Nationale Hongroise ; les deux expositions furent organisées par Béla Szíj. Dans ces créations, on peut déjà découvrir beaucoup de germes de pensée des œuvres tar­dives. Il est extrêmement intéressant d'observer comment ­parallèlement à la formation professionnelle et à l'acquisition des connaissances - se développe la vision de la nature du peintre, à quel point sa sensibilité envers les sujets sociaux, filtrée par ses propres expériences, est intense : tout cela se manifeste souvent dans ses compositions comme des sortes de « coupures ». Les scènes présentant des figures d'ouvriers, de pauvres reflètent la force passionnée avec laquelle Egry vécut ces expériences. C'est encore l'expérience commune qui donne de l'authenticité, par exemple, à son tableau

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