Tóth Béla: Gy. Szabó Béla művészete (A Hajdú-Bihar Megyei Múzeumok Közleményei 32. Debrecen, 1978)

Dessins et gravures sur bois contiennent bon nombre d'éléments picturaux: caractère nuancé, dynamisme subtil, etc. suggérant, dirait-on, la force des couleurs. Cet effet est dû, d'une part, au maniement extrêmement délicat du burin, d'autre part et surtout, à la méthode du tirage à la main, si bien que ces gravures ont l'air de reproduire les effets de la peinture impressionniste. Ces traits sont surtout saillants dans les pastels qui jalonnent toute la carrière de l'artiste et qui, par leur ca­ractère de »notes«, semblent transformer en tout un orchestre l'univers à deux voix des dessins et des gravures, depuis La mère de Vartists (1925) jusqu'à nos jours. La série commence à Gyulafe­hérvár et Kolozsvár, continue au cours de voyages en Italie en été 1937 et dans les pays balkaniques (on en retrouve le souvenir dans un livre à gravures), puis vient la plaine de sable de l'Alföld (après 1936, Gy. Szabó retourne à six reprises à Szank pour y passer l'été) et enfin, thème inépuisable, le lac Balaton. Ces oeuvres gardent en même temps le souvenir des voyages que l'artiste a faits en Chine, en Belgique, au Mexique, les impressions qu'il en a tirées, de même que le souvenir du sol natal de Transylvanie, si riche en beautés. Il est intéressant de noter que ses pastels le montrent dès la première heure un artiste accompli. Sur le plan thématique, ce qui caractérise son univers, c'est la recherche des larges perspectives, montagnes, mers, lacs. Tout ce qui est subtil, il est capable de le présenter avec une force de synthèse qui se fonde parfois sur l'accord fondamental de quelques couleurs, sur le développement de certaines nuances. C'est par là que s'explique l'admirable beauté de ses paysages italiens, de Szank et du Bala­ton. »Ciel et eau«, »Terre et ciel«: voilà les titres qui pourraient résumer ces thèmes. Dans ces oeuvres, l'artiste rivalise avec les plus grands impressionnistes, ses tableaux balatoniens le placent parmi les meilleurs paysagistes de cette région. Terre, forêts, eaux, soleil, l'homme, voilà les thèmes inépuisables de Gy. Szabó, tirés de la richesse abondante de la nature et du monde. L'artiste ne se contente pas, cependant, d'enregistrer ce qu'il voit, de contempler et de rendre ce qu'il observe attentivement; grâce précisément à sa virtuosité technique, il est capable d'animer ses créations de ses propres sentiments — chaleur, amour, joie — et d'en transmettre la lumière aux spectateurs: les moindres détails y respirent une poésie douce, séduisante et pleine de compassion. Il est poète, un poète qui se sert, pour s'exprimer, de burin, de charbon et de pinceau. C'est là peut-être le trait le plus original de son art et le secret même de l'effet qu'il produit. Cette poésie s'enrichit chez lui de la joie de la création. C'est un artiste qui, comme il le dit luimême, »se borne uniquement à travailler«, vingt-quatre heures sur vingt-quatre heures, en poursui­vant dans son rêve les thèmes qui l'ont occupé dans la journée. C'est par là que s'explique la richesse quantitative de cette oeuvre. Ses gravures, par exemple, se constituent souvent en séries, comme les livres à gravures déjà cités, les feuilles qui représentent des paysages de Transylvanie, des châteaux ou le lac Balaton, sans parler des cas où l'artiste a composé intentionnellement des séries, comme dans le cas de la série Dante dont on a reconnu la valeur presque dans le monde entier. Ses albums sont les plus connus dans ce domaine, ainsi »25 gravures« (1949) et »Les mois« (1973). La série Dante, comme bon nombre de portraits d'écrivain, manifestent les curiosités littéraires de l'artiste. C'est grâce à ce penchant qu'il est devenu un excellent illustrateur. Parmi ses illustrations, relevons celles qu'il a faites pour les poèmes de Csokonai à Lilla (M. Helikon, Budapest, 1965) et pour un recueil de chansons populaires {Haja, haja, virágom) (Bucarest, 1969). Ces créations s'adaptent parfaitement aux textes qu'elles accompagnent, mais qu'el les ne se contentent pas d'illustrer tout simplement: par les techniques de la gravure sur bois, elles expriment toute la richesse des émotions que répandent ces textes. Béla Gy. Szabó est aussi, du reste, un maître incontestable de la plume, comme en témoignent ses récits de voyage, Voyage en Chine en esquisses (1960) et Hiver mexicain (1974), de même que ses écrits publiés dans des revues de Transylvanie et les vers libres si énergiques qui commentent la série des Mois.

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