A Debreceni Déri Múzeum Évkönyve 1976 (Debrecen, 1977)
Művészettörténet - Tóth Béla: L’art de Béla Gy. Szabó
Dessins et gravures sur bois contiennent bon nombre d'éléments picturaux: caractere nuance, dynamisme subtil, etc. suggerant, dirait-on, la force des couleurs. Cet effet est dű, d'une part, au maniement extremement délicat du burin, d'autre part et surtout, ä la méthode du tirage ä la main, si bien que ces gravures ont l'air de reproduire les effets de la peinture impressionniste. Ces traits sont surtout saillants dans les pastels qui jalonnent toute la carriere de l'artiste et qui, par leur caractere de »notes«, semblent transformer en tout un orchestre l'univers ä deux voix des dessins et des gravures, depuis La mere de Vartists (1925) jusqu'á nos jours. La série commence ä Gyulafehérvár et Kolozsvár, continue au cours de voyages en Italie en été 1937 et dans les pays balkaniques (on en retrouve le souvenir dans un livre á gravures), puis vient la plaine de sable de PAlföld (apres 1936, Gy. Szabó retourne ä six reprises ä Szank pour у passer l'été) et enfin, theme inépuisable, le lac Balaton. Ces oeuvres gardent en merae temps le souvenir des voyages que l'artiste a faits en Chine, en Belgique, au Mexique, les impressions qu'il en a tirées, de meme que le souvenir du sol natal de Transylvanie, si riche en beautés. II est interessant de noter que ses pastels le montrent des la premiere heure un artiste accompli. Sur le plan thématique, ce qui caractérise son univers, c'est la recherche des larges perspectives, montagnes, mers, lacs. Tout ce qui est subtil, il est capable de le presenter avec une force de synthese qui se fonde parfois sur l'accord fundamental de quelques couleurs, sur le développement de certaines nuances. C'est par la que s'explique l'admirable beauté de ses paysages italiens, de Szank et du Balaton. »Ciel et eau«, »Terre et ciel«: voilä les titres qui pourraient résumer ces themes. Dans ces oeuvres, l'artiste riválisé avec les plus grands impressionnistes, ses tableaux balatoniens le placent parmi les meilleurs paysagistes de cetté région. Terre, forets, eaux, soleil, l'homme, voilä les themes inépuisables de Gy. Szabó, tirés de la richesse abondante de la nature et du monde. L'artiste ne se contente pas, cependant, d'enregistrer ce qu'il voit, de contempler et de rendre ce qu'il observe attentivement; grace précisément ä sa virtuosité technique, il est capable d'animer ses creations de ses propres sentiments — chaleur, amour, joie — et d'en transmettre la lumiere aux spectateurs: les moindres details у respirent une poésie douce, séduisante et pleine de compassion. II est poete, un poete qui se sert, pour s'exprimer, de burin, de charbon et de pinceau. C'est lä peut-etre le trait le plus original de son art et le secret meme de 1'effet qu'il produit. Cetté poésie s'enrichit chez lui de la joie de la creation. C'est un artiste qui, comme il le dit luimeme, »se borne uniquement ä travailler«, vingt-quatre heures sur vingt-quatre heures, en poursuivant dans son réve les themes qui l'ont occupé dans la journée. C'est par la que s'explique la richesse quantitative de cetté oeuvre. Ses gravures, par exemple, se constituent souvent en series, comme les livres ä gravures déjá cités, les feuilles qui représentent des paysages de Transylvanie, des chateaux ou le lac Balaton, sans parier des cas ou l'artiste a compose intentionnellement des series, comme dans le cas de la série Dante dont on a reconnu la valeur presque dans le monde entier. Ses albums sont les plus connus dans ce domaine, ainsi »25 gravures« (1949) et »Les-mois« (1973). La série Dante, comme bon nombre de portraits d'écrivain, manifestent les curiosités littéraires de l'artiste. C'est grace ä ce penchant qu'il est devenu un excellent illustrateur. Parmi ses illustrations, relevons celles qu'il a faites pour les poemes de Csokonai ä Lilla (M. Helikon, Budapest, 1965) et pour un recueil de chansons populaires {Haja, haja, virágom) (Bucarest, 1969). Ces creations s'adaptent parfaitement aux textes qu'elles accompagnent, mais qu'el les ne se contentent pas d'illustrer tout simplement: par les techniques de la gravure sur bois, elles expriment toute la richesse des emotions que répandent ces textes. Béla Gy. Szabó est aussi, du reste, un maitre incontestable de la plume, comme en témoignent ses récits de voyage, Voyage en Chine en esquisses (1960) et Hiver mexicain (1974), de meme que ses écrits publiés dans des revues de Transylvanie et les vers libres si énergiques qui commentent la série des Mois. 299