Héthy Zoltán szerk.: Bihari Múzeum Évkönyve 3. (Berettyóújfalu, 1982)

RÉGÉSZET, MŰVÉSZETTÖRTÉNET — ARCHÄOLOGIE, KUNSTGESCHICHTE - La colonisation en Dacie et son importance

Lajos Balla LA COLONISATION EN DACIE ET SON IMPORTANCE 1. L'étude a pour objet le problème sans doute le plus spécifique de 1' „histoire interne" de la Dacia romaine, notamment la colonisation mentionnée par Eutropius (VIII 6, 2) et, d'une manière générale, l'immigration étrangère repérable pour cette province. L'importance évidente de la colonisation et de l'immigration pent être mise en rapport avec lec particularités de la situation militaire et politique de la province organisée par Trajan. L'affaiblissement numérique de la population autochtone et surtout le peu de confiance qu'on pouvait accorder aux survivants du point de vue politique amenaient nécessairement l'affluence d'un grand nombre de colons civils d'origine étrangère, des provinciaux (et non des Italiques) pour la plupart. Les besoins d'un repeuplement vigoureux rendent compte du fait qu'à côté de l'installation de vétérans, fort pratiquée à l'époque, le gouvernement impérial favorisait surtout celle de personnes civiles, dont un nombre important de peregrini. 2. L'examen des documents épigraphiques — les seuls qu'on puisse considérer comme authentiques — prouve qu'aux douze (ou treize?) localités ayant obtenu an Dacie le rang municipal, la couche socialement et politiquement dominante (A. Mócsy: „la couche rédigeant des inscriptions") se composait, pour sa très grande majorité, de colons d'origine étrangère. 3. En ce qui concerne la population autochtone, nous ignorons pour le moment son rôle dans la vie municipale — dans la „couche rédigeant des inscriptions" — bien que les recherches archéologiques semblent attester sa survie. Sans vouloir ranimer une discussion qui se poursuit depuis longtemps, nous devons faire remarquer que, d'après ce qui vient d'être dit, les données ne permettent pas d'affirmer une quelconque „romanisation" de la population autochtone. Dans la Dacie romaine, on n'a découvert jusqu'ici aucune inscription qui fournisse la preuve que cette population ait épousé la manière de vivre apportée par les occupants romains. 4. Pour revenir au problème fondamental de notre étude, il nous semble que si l'on peut faire quelques réserves au sujet du témoignane d'Eutropius, l'ensemble doit être considéré néanmoins comme authentique. Il est confirmé, en effet, par les données épigraphiques, bien que surtout de manière indirecte. Il parait cependant incontestable que la colonisation et la forte immigration étrangère en général ne se limitaient pas à l'époque du règne de Trajan, mais se poursuivaient aux périodes ultérieures du Ile siècle. L'importance extraordinaire de cette immigration étrangère et la forte proportion des éléments étrangers dans la société de la province constituaient précisément un des facteurs de l'instabilité de la situation pilitique et militaire en Dacie. La Dacie étant comme une „tête de pont", elle avait, du point de vue militaire, une position déjà très particulière, à laquelle s'associait, de part des messes immigrées de la population, un sentiment d'incertitude, qui correspondait bien à une situation incertaine réelle. Une des causes fondamentales l'abandon précone de la Dacie (qui survint entre 270 et 275) devait être — à côté de la situation militaire devenue catastrophique dans la région du Bas-Danube — un désir de départ ressenti par les habitants. Le gouver­nement romain n'était pas parvenu à créer une base sociale solide en Dacie, sinon pour la période d'essor très brève qu était le règne des Sévères. Le repeuplement de la Dacie et l'importance extraordinaire des éléments étrangers assignent à cette province une place toute particulière parmi les provinces européennes de l'Empire romain; ces mêmes faits contribuent à l'explication de l'abandon militaire relativement précoce du territoire. — Notre analyse conduit cependant à une autre conclusion encore: la position de ceux qui essayent de présenter, depuis longtemps dé­jà, la „romanisation" de la population autochtone de la Dacie romaine comme un fait indéniable, manque de tout fondement. (Pour les détails des vues résumées ci-dessus, voir, en français: Acta Classica Univ. Debrecen, 10—11, 1974—1975. 139—.) 49

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