Arrabona - Múzeumi közlemények 5. (Győr, 1963)

Christian-J. Guyonvarc’h: Arrabona, Arabo-, Aravisci. Notes sur un toponyme celtique de Hongrie

narum gentium strepitus nostris ducibus intimarent (cf. Holder I, 188. 189). L'etymo­logie de ces Areani ou *ariani s connue depuis longtemps, convient fort bien à leur état. Wh. Stokes, Urkeltischer Sprachschatz, p. 17 les rattachait déjà au thème *(p)arju „Wachsamkeit", dérivé *(p)ariàno- „Wächter". Le mot procède en droite ligne du thème indo-européen *arjo- „maître, seigneur" pour lequel il suffit de ren­voyer à J. Pokorny, Indogermanisches Etymologisches Wörterbuch I, p. 67, Quelle que soit la manière dont on s'y prenne, *aravo- ne peut se ramener à *arjo-. A côté du gaulois Ario-, comme dans Ario-manus (cf. Holder I, 215—216) ou même Ario­vistus (B. G. I. XXXI sqq.) on trouve en irlandais aire < *ario- et airech > *ariako­qui sont des désignations de „l'homme libre, noble" (cf. E. Windisch, Irische Texte I, Wörterbuch, p. 353b et Kuno Mayer, Contributions to Irish Lexicography, p. 52— 53) mais posent des problèmes difficiles et postulent peut-être des etymologies diffé­rentes, inconciliables (voir J. Vendryes, Dictionnaire étymologique de l'irlandais ancien, lettre A, p. 42—43 et R. Thurneysen, Zeitschrift für Celtische Philologie XX, p. 353—354). Il n'est pas davantage possible d'envisager l'indo-européen *ar(a) „cul­tiver" m. irl. airim „je cultive", gall, arddwr „cultivateur, laboureur", m. irl. ar, gall, er „terre cultivable", m. irl. aran „pain", arathar ( *aratrom) „charrue v , gall. aradr s corn, aradar, foret, arar, non plus qu'à *ar(a)u, irl. arbor ( <. *arur) „céréale" (F. J. Pokorny, Idg. Etym. Wb., I, p. 62). Malgré une longue recherche dans les principaux ouvrages de ce savant nous n'avons pas trouvé la référence de l'etymologie de d'Arbois de Jubainville, cité par Holder I, 180: Aravi „die sehr achtsamen, beschützer", vo>m stamm ar-au". Elle recoupe une reconstitution, dont la désinence est d'ailleurs problématique (le verbe irlandais invoqué est déponent) de Wh. Stokes, Urkelt. Sprachschatz, p. 23, en *avô „ich schütze" avec l'irl. con-ói „servat", prêt. sg. 3 con-r-oeth, pi. 3 can-r-oethatar et forme prototonique for-com-ai „servat", comparé au skr, âvati „gern haben, begünstigen, schützen" et, surtout, à l'intérieur du celtique, au gaulois Avi-cantus, théonyme attesté à Nimes par le CIL XII 3077 (Holder I, 313). Nous nous garderons bien de prendre cette étymologie osée à no + re compte car elle comporte toutes les incertitudes habituelles à l'etymologie celtique quand elle ne peut se fonder sur un grand nombre de documents. Le gaulois Avicantus suppo­serait plutôt une comparaison avec les anthroponymes irlandais du type Eogan et nous sommes sceptiques quant à la coupure en ar-av- avec, dans ar-, une forme abrégée — dont on n'a que de trop rares exemples — de la préposition-préverbe *(p)are „devant, avant". C'est seulement pour le sens que l'etymologie serait satisfaisante. La plupart des peuples celtiques ont en effet porté des noms de ce genre, religieux ou guerriers, loin'ainement comparables à ceux du genos grec, donnant à tous les membres de l'ethnie un commencement de généalogie divine ou héroïque. Les Ulates d'Ulster sont des „nobles" (*vlato-s> irl. flaith „noblesse", flaithias „souveraineté"; voir J. Weisweiler, Heimat und Herrschaft, Wirkung und Ursprung eines irischen Mythos, p. 95 sqq.) tandis qu'en Gaule les Senons sont des .„anciens", des „sages" (v. irl. sen „vieux", gall, et bret. hen) malgré l'explication différente de Zeuss, Grammatica Celtica, éd. 1871, p. 771, note 2, retenue par Holder H, 1485, et que les Lingons sont des „sauteurs" (voir Ogam XI, p. 37—39), c'est-à-dire pensons-nous des combattants capables d'exécuter des sauts guerriers, comme le héros Cúchulainn dans l'épopée irlandaise. Mais, si elle explique à la rigueur le nom des Aravisci, l'etymologie ainsi pro­posée n'explique pas du tout Arrabona. Supposer une hypercorrection ayant rétabH le b dans les formes écrites ou une influence germanique (sur le passage de v à b en moyen-haut-allemand voir H. Paul, Deutsche Grammatik II, §§ 145—149 et les quelques témoignages cités dans Ogam XI, p. 167) serait purement gratuit, cependant on notera que l'aphérèse a été subie également par Araboni~>Raab et par Aravisc > RAVIS ou RAVISCI sur des deniers d'époque romaine (Holder I, 180). C'est au minimum un indice d'une étroite association des deux formes et rien ne nous oblige à admettre que dans Arav-isci le v représente u et non une alternance de b. Arav­isci et Arab-cna sont trop proches, à notre avis, pour ne pas vouloir une même explication étymologique. Force nous est alors, malgré ses inconvénients, de retourner à *arabo- „doux, tranquille" et de nous rabattre, au besoin, sur le thème hydronymique ara)- et le 99

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