Alba Regia. Annales Musei Stephani Regis. – Alba Regia. Az István Király Múzeum Évkönyve. 22. 1982-1983 – Szent István Király Múzeum közleményei: C sorozat (1985)
Die Anjovinen in Mitteleuropa - Klaniczay Gábor: Rois saints et les Anjou de Hongroie. p. 57–66.
à la cour royale, l'acquisition des reliques de saint Paul l'Ermite, en 1381, de Venice, ce qui augmenta considérablement le prestige international des ermites de saint Paul, ordre religieux favorisé par la cour (Kumorowitz 1963, 141—142). En tout cas, dans toute cette représentation de cour d'aspects multiples l'accent continue à être mis sur le culte des rois saints. Le saint spécialement favorisé de l'époque angevine est saint Ladislas dont on a fait un idéal chevaleresque. C'est son effigie qui remplacera celle de saint Jean-Baptiste sur le florin d'or de Louis (MAROSI— TÓTH—VARGA 1982, 153-154) et c'est à son tombeau que Louis fera un pèlerinage après sa coronation (DERCSÉNYI 1941, 54-55); sa vie apparaît sur la majorité des peintures murales de l'époque (LUKÁCS, 1980), son effigie se voit partout à partir des carreaux vernissés de poêle (DERCSÉNYI 1941, 162) jusqu'au pied des calices;( 14 ) il sera le patron saint d'un nombre d'églises et de chapelles fondées à cette époque.( 15 ) On peut juger de l'importance du culte de saint Ladislas du fait que dans un missel d'un cloître dominicain en Dalmatie, au XIV e siècle, le roi est nommé tout juste "familier" de saint Ladislas (BARTONIEK 1940; KURCZ 1975, 340). Si cela n'est pas à regarder comme idéologie officielle de la cour du roi, il montre, d'une manière particulière, qu'en Hongrie aussi se posa la question de cet éventuel dévelopement du culte des rois saints dont la Norvège du XII e siècle constitue un exemple, où certains rois s'étaient proclamés vassaux de saint Olav, "rex perpetuus Norvégiáé"^ 16 ) Une autre nouveauté considérable dans le culte angevin des rois saints est l'introduction d'une vénération d'ensemble de tous les saints de famille. Un exemple en est fourni par le Légendrier Angevin de Hongrie, rédigée présumablement à l'usage du jeune prince André élevé à Naples et dans laquelle, parmi les saints populaires à l'époque, les rois saints de Hongrie occupent une place de distinction^ 17 ) À Pécs, dès 1355, dans la chapelle ViergeMarie de la cathédrale, on trouve côte à côte l'autel de saint Etienne, saint Émeric, saint Ladislas, sainte Elisabeth et celui de saint Martin (BossÁNYi 1918, II, 287-288; KARSAI 1938, 231). C'est dans les années 1370 que la statue pédestre d'Etienne, d'Émeric et celle de Ladislas seront érigées à Nagy(14) Le testament daté 1380 de la reine Elisabeth de même que l'image et le calice de Ladislas y mentionnés, voir FEJÉR 1829—1844 IX/5 400; une version améliorée en est publiée par MAROSI 1982, 73—74. (15) Les patronages Saint-Ladislas sont réunis en partie par BÁLINT 1977, I. 489—490 et KURCZ 1975, 339 respedtivement. (16) En 1163, Magnus Erlingson proclame la Norvège le fief de saint Olav. Cf. HOFFMANN 1975, 88.; Blom 1981. Sur le développement similaire du culte de saint Wenceslas de Bohême, voir GRAUS 1975, 172—173. (17) Levárdy, chargé de l'édition fac-similé du Légendrier Angevin de Hongrie, suppose qu'un appendice, composé en Hongrie, de la Légende dorée (Legenda Aurea), résumant les vies de saints de Hongrie, aurait fourni l'information nécessaire pour l'enluminure du Légendrier (LEVÁRDY 1973, 20). Cf. KLANICZAY 1976, 129—135; WEHLI 1982, 120—123 várad et ces "rois saints" y seront vénérés comme patrons de la ville jusqu'aux dévastations des Turcs (Balogh 1934, 287-288; DERCSÉNYI 1941, 66, 103; GEREVICH 1974, 153; BÁLINT 1977, 489). Le moyen le plus impressionnant de propager ce culte de saints dynastiques, ce sont les divers pèlerinages de la reine Elisabeth et de Louis, leurs envois de reliques et d'autres objets du culte à l'étranger. Le premier dans la série est le cadeau expédié au tombeau de saint Louis d'Anjou à Marseille dont on suppose qu'il parvînt à Naples en 1331 lors des négociations sur la succession au trône de Naples du prince André, afin que la reine Sancie le fasse parvenir à Marseille (WENZEL 1860—1875 1/2, 10; Sniezynska-Stolot 1981, 233). C'est pendant son voyage en Italie, entre 1343—1344, que la reine fera présent d'un retable en soie à la Basilique de St-Pierre de Rome, sur lequel, en compagnie des apôtres Pierre, Paul et la Vierge Marie, figurent tous les saints de la branche d'Anjou de Hongrie: Etienne, Émeric, Louis d'Anjou, Ladislas, Elisabeth et, finalement, Marguerite alors bienheureuse seulement (Muntz —Frottingham 1883, 14; Karácsonyi 1893, 50). Au cours de son pèlerinage de 1357 a Aix-la-Chapelle la famille royale se rend aux reliques de sainte Elisabeth à Marbourg et fonde une chapelle hongroise près du Münster d'Aix qu'une dizaine d'années plus tard Louis allait fournir des reliques de saint Etienne, de saint Émeric et de celles de saint Ladislas.( 18 ) Le respect envers des rois saints de Hongrie est mêlé à un autre important culte royal au moyen des reliques de saint Etienne et de saint Emeric, qui furent transportées à Bamberg, centre du culte de Henri II, proche parent de saint Etienne, et de son épouse Cunégonde.( 19 ) Il ressort même de cette enumeration, qui est pourtant loin d'être complète que, pareillement à leur parenté de Naples, Charles Robert et Louis aussi, réalisent l'importance politique du culte des saints. En y apportant de nouveaux accents, ils transforment les traditions cultuelles hongroises qu'ils avaient héritées et saisissent toute occasion pour étaler au monde leur lignée de saints de famille. Tout cela est bien conforme à l'image que nous avons du discernement et des activités des Angevins dans la politique ecclésiastique et dans la diplomatie. Mais l'ensemble de problèmes que présente le culte des rois saints dans la famille d'Anjou est encore loin d'être épuisé. Du point de vue d'une étude historique des idées chrétiennes médiévales même la personne du roi saint semble problématique: est-ce la noiton païenne de la déification du souverain qui s'y exprime ou bien c'est le christianisme défectueux du moyen âge qui produit ce soutien sacro-idéologique à l'usage des nouvelles dynasties royales. Au XIV e siècle, deux ou trois siècles après la Réforme grégorienne visant a soustraire l'Église à l'influence du pouvoir laïque, il faut aussi se demander si le culte de rois saints des Angevins n'était pas un anachronisme à l'époque ou, tout au contraire, s'il commença (18) Pór 1901; THOEMMES 1937, 27; la description des reliques et des cadeaux envoyés avec Henri, abbé de Pilis: FEJÉR 1829—1844, IX/4 91-92, cf. KOVÁCS 1982, 105—108. (19) MAROSI 1981, 243 ; Du culte de Henri II, voir KLAUSER 1957. 60