A Herman Ottó Múzeum Évkönyve 46. (2007)

ELŐADÁSOK A VALLONOK TÖRTENETÉHEZ - Klára Korompay: Onomastique littéraire: le Roman deTristan et la Hongrie médiévale

À propos du nom du héros, le lien intime qui s'établit en français avec le mot triste est de première importance. Les auteurs, sensibles aux jeux de mots et aux anagrammes, mettent en valeur les nombreuses possibilités offertes par ce lien. "Comme tous ceux qui ont «conté de Tristan» (la formule est de lui), Thomas, même si le jeu de mots n'est pas explicité dans les vers qui nous restent, fonde sa narration sur le nom même de son principal acteur, Tristan (ou plus exactement «Tristran»), le héros «triste», un jeu de mots que confirme encore l'anagramme Tristan / Tantris, à lire aussi «tant triste», que proposent les Fanes'" (Baumgartner-Short-Lecoy 2003, p. 10). Des adaptateurs comme Gottfried et le frère Robert explicitent avec délice la richesse du sens du nom de Tristan. Quant à Yseut, l'analyse des variantes est moins aisée, la forme à'Isalt n'apparaissant pas directement dans les textes. Il y a tout de même un passage tout à fait possible de holt à Isalt (le changement phonétique o> a étant courant en ancien hongrois) ; dans cette optique, la leçon propre à Thomas, à la Folie d'Oxford, à Tristan le Main et, sporadiquement, à Gottfried, est à retenir. D'un autre côté, comme l'a souligné Maurice Delbouille (1958, p. 434), si la forme allemande Ysalde, employée par Eilhart d'Oberg, "reflète bien une forme Isalt du texte français", cette dernière "semble appartenir dialectalement au Nord-Est du domaine d'oïl". C'est un renseignement précieux qui, tout en permettant de remonter à la source de certaines variantes allemandes, reconstitue une forme qui est proche, pour son vocalisme, de celle que nous trouvons en Hongrie. Il reste plusieurs questions à élucider: celle du passage de [z] à [—] 2 , prise en compte de la mode onomastique dans le domaine allemand, etc. Les versions littéraires, à elles seules, ne proposent pas une leçon concluante pour l'origine de la forme Isalt en Hongrie. Témoignage du contexte culturel et linguistique Il existe un cas tout à fait exceptionnel qui mérite que l'on s'y arrête, comme l'a déjà fait Pais en 1932. Dans la famille Buzád-Hahót, nous voyons apparaître une personne (l'une des premières) portant le nom de Tristan en Hongrie (voir plus haut, cas 2); en 1234, cette personne est mentionnée dans une charte en compagnie de son frère Lanchereth et, dans une autre charte, en compagnie de ses deux frères, Lanceret et Jven. Reprenons les documents: 1234/14 e siècle: "Lanchereth et Tristianus filii Buzad báni" (Zala I, 7); 1234: "Eristuanus [= Tristianus], Lanceret, Yven, et omnes alij fratres eorum" (ÁUO. X, 447). Cela signifie rien de moins que la rencontre, au sein de la même famille, de trois noms littéraires, rendus célèbres, de plus, par trois romans différents. Avec Lancelot et Yvain, nous entrons avant tout dans l'univers de Chrétien de Troyes (voir le Chevalier de la Charrette et le Chevalier au Lion, "probablement écrits de façon imbriquée ou alternée entre 1177 et 1181", cf. Michel Zinc 1992, p. 140), ensuite, dans celui des adaptateurs allemands, Ulrich de Zatzikhoven pour Lanzelet, Hartmann von Aue pour Iwein. Les parents ayant choisi ces trois noms pour leurs fils aux alentours de 1210-1220 avaient sans doute un goût prononcé pour la littérature chevaleresque de leur temps. 2 Notons, à ce propos, un phénomène propre à l'ancien hongrois : dans les mots d'origine latine, le s intervocalique donne régulièrement [—] en hongrois, voir latin rosa > h. rózsa. Je n'excluerais pas l'influence de cette règle sur la forme à'Isalt. 573

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