Folia archeologica 15.

Fehér Géza: A Magyar Nemzeti Múzeum lelőhellyel jelölt hódoltságkori ezüstcsészéi

104 G.FEHÉR Dans le fonds hongrois, comme dans le fonds bulgare, il est fréquent de rencontrer des bols d'argent dont l'ornement formé d'arabesques est disposé sur des champs stylisés en dos-d'âne. Cette façon d'oner les vases doit être considérés — de même que les champs alvéolaires à bords moulurés — comme une trans­position d'éléments architecturaux dans l'orfèvrerie. Ici nous pensons surtout aux mihrabs décorés de stalactites, de l'architecture religieuse musulmane. Des analyses stylistiques ont permis de faire remonter à la première moitié du XVI e siècle l'un des bols d'argent de la trouvaille de Keresztúr (Pl. XI. 2 ; fig. 31) composée de six pièces et conservée au Musée National de Hongrie (Pl. X —XII; fig. 28—33). Une circonstance qui semble témoigner en faveur de cette date est l'occupation par les Turcs de la ferme de Keresztúr (dans les environs de Temesvár) au cours de l'année 1552. Il est vraisemblable que le propriétaire ait enfoui son trésor avant de fuir devant l'ennemi. Dans la trouvaille de Makó (Pl. XIII. I., XVI.) qui comprend également des monnaies, la pièce d'argent la plus récente est le denier hongrois de Rodolphe (1576—-1608), datant de 1593. En 1596 la ville fut détruite par des troupes turques et tatares, ce qui explique pourquoi ce lot avait été enterré. Les bols d'argent du Musée National d'Archéologie de Sofia peuvent égale­ment servir de point de repère pour déterminer l'âge des monuments d'orfèvrerie trouvés en Hongrie, étant donné que le groupe le plus important des pièces bulgares, comprend l'oeuvre d'un maître bulgare de Sofia, datant de 1578, et trois bols revêtus de l'inscription „Selim", ce qui, de façon certaine, permet de les situer au XVI e siècle (PL XIV. 2). En ce qui concerne la destination des bols, on dira en premier lieu qu'elle se rattache étroitement à la domination ottomane et à l'influence orientale. En effet, les peuples orientaux connaissent un vase à nombril, appelé „sifa tasi" lequel, selon les croyances, protégeait de toute espèce de maladies et de jettatures celui qui buvait dans ce vase. Parmi les ustensiles des églises pravoslaves, on a également trouvé des bols sans inscription, ornés d'arabesques sur toute leur surface. D'autre part, les études iconographiques sont à même d'apporter quel­ques éclaircissements quant à la destination des bols d'argent. Comme on le sait, les paons et l'arbre de vie ne se retrouvent pas seulement sur le nombril d'un bol de Keresztúr (Pl. XI. 2 ; fig. 31), mais encore sur le fond d'un des bols du Musée d'Archéologie de Sofia (fig. 36). On rencontre déjà des paons avec l'arbre de vie ou des paons buvant dans un vase, sur des monuments romains et chrétiens des premiers âges (Pl. XVIII. 1), on en trouve également sur des monuments de pierre (Pl. XVIII. 2), des textiles, etc. du XI e et XII e siècles. Les paons qui se désaltèrent symbolisent l'immortalité, la vie éternelle. Le motif des deux paons l'un face de l'autre correspond au motif des deux cerfs buvant à une source. Les statuettes coulées du cerf et du paon sur le nombril des bols ont certainement la même signification. L'inscription de l'un des bols d'argent de Sofia porte, outre le nom du sultan Selim, les mots suivants: „. . . buvons la Sainte Cène dans l'église de Saint Théodore à la gloire de Dieu" (Pl. XIV. 2). On possède également des données relatives à l'existence de tels bols utilisés pour l'Epiphanie dans les églises et cloîtres de Balgarie. Au témoignage de l'inventaire du Musée de Varna, un bol d'argent doré dont le nombril était garni des statuettes de 4 paons et de 3 pigeons a été utilisé à Kotel, lors d'une noce. Des chants popu­laires bulgares renvoient aussi à des bols «d'or», «dorés», «d'argent» et «argentés».

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