Szilágyi András (szerk.): Ars Decorativa 23. (Budapest, 2004)
Ágnes PRÉKOPA: Pál Miklós et la culture de l'objet
nous et le peu dont il en était fait mention, l'était de façon débonnaire, en se tapant sur l'épaule. » Pál Miklós présente les changements favorables opérés ces derniers temps, eu égard au regain d'intérêt survenu au milieu des années 70 pour l'étude de la culture de l'objet et la culture visuelle - aujourd'hui hélas, force est de constater que ce ne fut que de courte durée. Le parti pris, l'engouement de Pál Miklós pour les arts décoratifs est tout à fait sympathique. On le décèle surtout dans cette étude et il y a recours dans certaines de ses déclarations comme, par exemple, dans la remarque suivante au sujet de problèmes de terminologie : «l'architecture ne fut jamais victime de la dualité qu'il porte en lui et selon laquelle, il est à la fois art et à la fois industrie. » 24 Il décrit le contexte historique qui fomenta l'apparition du design comme «l'émancipation de l'agréable de l'esthétique. » Pour Pál Miklós, la qualité esthétique des arts décoratifs était donc à classer dans la catégorie des choses dites «agréables» : «Les œuvres d'art que l'on trouve dans les musées tout comme les œuvres classiques gardées dans des collections privées sont des moyens d'expérience esthétiques qui, malheureusement, s'adressent à peu de monde, et de façon trop rare, à l'occasion de festivités. [...] La beauté esthétique ayant été reléguée à F arrière-plan, "l'agréable" a gagné du terrain: Alors que tout le monde ne peut bénéficier du privilège de posséder de peintures classiques, beaucoup plus nombreux sont propriétaires d'objets agréables.» 25 Dans son ébauche de l'historique des objets, il en arrive aux arts décoratifs contemporains et en systématise les tendances, prenant à chaque fois un artiste de renom pour illustrer les différents modes de création: L'art décoratif traditionnel • « la continuation de l'artisanat d'art traditionnel » de haut niveau (Géza Gorka) • « l'entreprise périlleuse de l'artiste qui s'essaie aux possibilités d'une expression autonome, mais ne veut pas pour autant couper avec les traditions du genre décoratif » (István Gádor) • un genre qui, de l'art décoratif «n'en retient que la matière et qui, pour s'exprimer, rejoint déjà une sculpture autonome» (Margit Kovács, Zsuzsa Szenes, Gabriella Hajnal) Design industriel Dans ce domaine précis, il n'existe pas de choix possible semblable à ceux ci-dessus présentés. Le travail du designer a une importance sociale évidente, mais comporte aussi des inconvénients comme par exemple, sa « modeste» rémunération en entreprise, et l'anonymat du créateur. Afin de palier à ce dernier problème, de plus en plus d'expositions de design sont organisées et aident ainsi les artistes à sortir de l'anonymat. Les designers avaient déjà la possibilité à l'époque de la naissance de cette étude de Pál Miklós, de travailler pour des commandes extérieures ou de participer à des concours. Sur la liste des désavantages, viennent encore s'ajouter des barrières limitant la liberté de création: la nécessité et la volonté du commanditaire de suivre la mode, ainsi que les possibilités restreintes offertes par le niveau technologique et les structures commerciales et industrielles hongroises. Et l'influence des technologies des pays dont l'industrie est plus développée est encore une autre force coercitive: « Cette influence, interprétée comme une émulation, engendre aussi d'importants problèmes artistiques: pour un designer d'un pays économiquement sous-développé comme tel est le cas également pour un designer hongrois, l'originalité artistique devient, en pratique, impossible. » 26 Décoration urbanistique (les différents genres monumentaux des arts "appliqués" au sens strict du terme : statues, installations publiques, œuvres murales) ce genre (le troisième "enfant déshérité") n'existe qu'à un niveau expérimental. Pál Miklós tablait sur le fait que ces travaux « appliqués» monumentaux, ces «décorations de l'espace public» gagneraient du terrain et auraient à l'avenir un rôle de plus en plus important. Culture visuelle - culture de l'objet 27 Dans cette étude, Pál Miklós aborde la culture visuelle à partir des objets : Il estime que