Szilágyi András (szerk.): Ars Decorativa 23. (Budapest, 2004)

Márta KOVALOVSZKY: Image et discours. Pál Miklós et l'art contemporain

cultures semble basculer au profit de la visuelle, nous lisons avec encore plus d'intérêt et de reconnaissance l'analyse de Pál Miklós dans laquelle il avait déjà démontré prophétique­ment et, bien plus tôt, les deux visages de la culture visuelle, ce «produit historique récent». Tandis que, d'une part, cette culture crée une seconde réalité à partir de l'utilisation des informations transmises et ouvre au jour les dimensions cosmiques du monde ainsi que ses caractéristiques labyrinthiques; d'autre part, elle met en lumière les possibilités inépuisables du savoir-vivre, de la compréhension et de l'utilisation de ces informations visuelles. Deux chapitres de ce volume intitulé La Culture Visuelle, présentent quelques grands maîtres hongrois et européens de l'art actuel et d'un passé récent. Dans celui intitulé «Artistes, œuvres», il fait une compilation de ses articles sur Vasarely, Béla Kondor, Mestroviè, Jenő Barcsay, László Bartha et Manzù. Sa Chronique d'Une Saison contient, par contre, ses comptes-rendus d'exposition et ses critiques publiés dans la revue Kritika dans le courant de 1973/74. Ces essais nous indiquent avec pré­cision quels étaient les artistes et les personnes qui par leur style, leur mode de penser, leur vision et leur perception des choses, leur mode d'expression également, se trouvaient être les plus chers à son cœur. Ils nous avisent également de l'intérêt et de l'attrait sincère qu'il ressentait pour l'art contemporain, de la curiosité avec laquelle, à chaque fois, il franchissait le seuil d'une salle d'exposition. A partir de 1963, Pál Miklós publie spora­diquement ses critiques, ses comptes-rendus de livre et ses essais sur l'un ou l'autre de ses sujets favoris dans la revue Kritika. Il y embrasse d'un regard sagace des domaines nombreux et variés et passe avec toujours autant d'aisance des arts contemporains aux grands maîtres des courants modernes, des acquisitions d'Etat en matière de beaux-arts aux livres d'art récemment imprimés, du natu­ralisme hongrois à la situation des arts décoratifs. Il avouait que, pour lui, chaque œuvre authen­tique représentait à elle-seule un univers entier, et que, la mission première de toute critique d'art était de donner les clés adéquates pour le découvrir même si ceci n'était pas toujours tâche facile. 9 Pál Miklós lui-même conjuguait tous ses efforts pour s'acquitter de ce devoir et était parfaitement conscient des difficultés inhérentes à cette mission lorsqu'il imposa au critique d'art le desideratum selon lequel il lui fallait s'entretenir de l'œuvre tout en sachant, soulignait-il, qu'il était impossible de transcrire avec des mots ce que seul le spectacle visuel pouvait formuler. 10 Et ce fut sans doute cette découverte qui fit de lui - en plus de son trait de caractère originel - un homme prudent et plein de retenu lorsqu'il devait discourir d'œuvres et d'artistes. D'ailleurs, il n'avait guère coutume de cacher sa réserve viscérale. Preuve en sont les humbles remarques formulées dans ses critiques. Il n'avait pas seulement une connais­sance sûre et exacte des œuvres d'art mais se connaissait lui-même fort bien et s'appréciait à sa juste valeur. «Mon goût affectionnant le rationalisme» écrivait-il quelque part", ailleurs, il confiait : « si ces œuvres me décevaient, le lecteur chercherait en moi l'erreur». 12 «Ses héros», des artistes idéaux choisis par les sentiments, étaient tous, même si de façon différente, des amateurs de l'art classique. Pál Miklós avait réglé ses comptes avec « l'art socialiste » et avait vu le fonds de « la notion de l'art bourgeois », mais, lui, resta en définitive à l'intérieur de ce cadre et ne franchit pour ainsi dire jamais les limites de l'avant-garde et du classique. Les maîtres qui eurent sur lui un impact décisif furent des artistes comme Dezső Korniss 13 ou le jeune Béla Kondor. 14 Et lorsqu'il lui arrivait de parler d'eux, il ne pouvait s'empêcher de laisser transparaître dans ses articles sciemment objectifs, un avis personnel difficilement refoulé. Ces artistes faisaient presque office de héros mythologiques, vénérés comme des icônes de toute la génération des années soixante, d'ailleurs celle de Pál Miklós, et leur art représentait pour chacun une expéri­ence marquante et un défi de la vie : et tout ceci s'exhalait des mots de notre critique. Car, au demeurant, Pál Miklós restait toujours objectif,

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