Szilágyi András (szerk.): Ars Decorativa 23. (Budapest, 2004)

Márta KOVALOVSZKY: Image et discours. Pál Miklós et l'art contemporain

MÁRTA KOVALOVSZKY IMAGE ET DISCOURS Pál Miklós et l'art contemporain Dans son livre intitulé L'œil du dragon, Pál Miklós fait allusion à un conte de la Chine ancienne, à savoir, à l'histoire du peintre préféré de l'empereur qui, un beau jour, est entré dans sa propre peinture et a suivi le sentier menant vers la montagne jusqu'à ce qu'il disparaisse, au détour d'un méandre rocheux, aux yeux du spectateur. Sans doute, n'était-ce pas par hasard si Pál Miklós aimait cette histoire et la mentionnait souvent. Peut-être pensait-il que lui-même était aussi parti sur un chemin menant vers le lointain lorsque ses pas l'avaient entraîné depuis les contrées insondablement riches de la culture chinoise classique et, en premier lieu, de la littérature chinoise, vers les interrogations de l'art européen pour parvenir, finalement, jusqu'à l'art décoratif et aux beaux­arts hongrois contemporains. La série de livres et d'articles qu'il nous a laissés, démontrent combien Pál Miklós était à l'aise dans ces deux domaines - celui de la Chine classique comme celui de l'Europe moderne. En ce temps-là, il se plaisait à s'aventurer, tantôt en parallèle, tantôt en passant d'un thème à l'autre, et naviguait, avec aisance, entre les différents courants de la culture chinoise ancestrale et de la culture hongroise contemporaine. Dans ses critiques, derrière sa patience manifeste, son caractère naturellement enclin à la concession idéolo­gique et toujours prêt à accepter le point de vue d'autrui même dans le cas où il s'avérerait diamétralement opposé au sien, nous devinons cependant un profond enseignement qui se dégage, de préférence, de son amour et de sa connaissance des cultures lointaines, par excel­lence, étrangères à celles de l'Europe. A l'origine, Pál Miklós était un sinologue reconnu. Sa formation (il étudia, de 1946 à 1950, à la chaire de lettres et philosophie de l'Université Péter Pázmány de Budapest, puis, de 1950 à 1954, à la faculté des lettres de l'université de Pékin), son savoir, sa curiosité, étaient, au début, focalisés, presque exclusivement, sur les pro­blèmes esthétiques et historiques de la sinologie. Mais, finalement relativement rapidement, il commença à s'intéresser à l'art européen, et notament, hongrois, du 20 ème siècle, avec toutes ses variantes, ses incidences et ses manifesta­tions diverses qui devinrent, au début des années 1960, l'objet de la plupart de ses publi­cations, articles et critiques. Il n'était d'ailleurs pas le seul à avoir ce centre d'intérêt: sa car­rière débuta avec celle de toute une génération d'historiens d'art dont il faisait partie et dont les meilleurs se vouèrent corps et âmes à la valori­sation de l'art actuel et d'un passé récent. Mais, dès le début, Pál Miklós se distinguait nettement de ses collaborateurs. Lui, ne se consumait pas d'une passion impatiente et impétueuse comme celle d'Éva Korner, et n'entretenait pas non plus avec les œuvres cette relation dite « pratique » comme le faisait János Frank, muséologue et commissaire d'exposition. Son fort penchant pour la théorisation, ses références en matière de théories artistiques, sa sensibilité et sa sensitivité à la science historique, le rapprochent, spirituellement parlant, plutôt d'un Lajos Németh; et pourtant, la prudence de ses jugements, son trait de car­actère rêveur et méditatif, souvent mesuré, sa grande retenue et le recul pris sciemment dans sa relation à l'objet, le différencient passable-

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