Szilágyi András (szerk.): Ars Decorativa 23. (Budapest, 2004)

Ágnes PRÉKOPA: Pál Miklós et la culture de l'objet

la parole d'eux-mêmes. Et ce sont, en défini­tive, les méthodes de la sémiotique qui nous aident à déchiffrer toute information cachée dans l'objet: alors qu'un système de signes iconiques (analogique, conventionnel et public) véhicule l'histoire d'une peinture, l'historique de l'objet, lui, apparaît dans un système d'index (non conventionnel et initerpretable par le public). Tant que certaines créations artistiques resteront incomprises d'une partie du public qui souffre d'une carence en matière d'éducation artistique, les méthodes de "déchiffrage" des objets ne feront partie d'aucun système éducatif, d'autant plus que la société n'en est pas demanderesse. Les objets (qu'ils soient œuvres d'art ou œuvres de civilisation) portent en eux des infor­mations en ce qui concerne l'époque et le lieu de leur naissance, le fabricant qui les a façonnés ou le propriétaire qui les avait acquis, la situation sociale de ce dernier, le niveau des connaissances scientifiques et techniques de leur époque, voire même l'esprit du temps (sa foi religieuse, ses mythes). «Déchiffrer: c'est le travail scientifique des musées » - le musée établit alors une communi­cation entre les objets du passé et les gens du présent. Pál Miklós estime que l'exposition traditionnelle basée sur l'objet et son étiquette, est une erreur puisque, dans ce cas, la méthode ainsi utilisée ne laisse pas l'objet s'exprimer mais s'y substitue en parlant à sa place. L'objet ne peut s'exprimer que replacé dans son contexte et pris dans un ensemble (un intérieur). Le musée loin d'être un livre d'images est davantage un message dont les différents codes, grammaires, dictionnaires nécessaire à son interprétation se trouvent eux-mêmes contenus dans ce message et, ainsi donc, accessibles à tous. L'auteur remarque cependant avec justesse que la méthode ébauchée là n'est valable que pour ce qui concerne les exposi­tions permanentes à caractère de synthèse. Le concept de Pál Miklós concernant les expositions permanentes à valeur de synthèse du Musée des Arts Décoratifs de Budapest fut, malheureusement, vain : il est resté un torse incomplet et est passé dans cette forme inachevée. Dans ce volume d'études, András Szilágyi et Zsuzsa Gáspár portent à notre connaissance l'immense travail de conservateur fourni par Pál Miklós. Et le pont qui nous con­duit à leurs présentations peut être un passage plein de poésie et émouvant qui traite des objets de musées, c'est à dire, de cet ensemble signifi­catif qui forme un groupe bien particulier de la culture objectale : «Par rapport à l'ensemble des oeuvres d'art que l'on connaît soit directement soit seulement par des descriptions, le musée ne constitue que des réunions fragmentaires et accidentelles d'objets. Ainsi, les collections les plus belles et les plus célèbres ne contiennent que les œuvres qui ont survécu à l'implacable travail de sélec­tion des siècles. Epargnées par les destructions et les revirements des goûts, réunies ensuite par une série de circonstances imprévues, les œuvres de ces collections se prêtent néanmoins à l'illustration de l'histoire des arts. On peut les comparer aux petits morceaux de verre multi­colores du kaléidoscope qui sont brillants par eux-mêmes mais qui, disposés avec adresse, suggèrent une image perceptible. Voilà ce que nous tentons de faire à travers la présentation de nos collections. » 41 Traduit du hongrois par Félicie de Gérando­Teleki

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