Szilágyi András (szerk.): Ars Decorativa 22. (Budapest, 2003)

András SZILÁGYI: Deux médailles commémoratives des années vingt du 19eme siecle. Remarques sur les compositions exécutées par Jean-Jacques Barre d'apres les esquisses de Louis Lafitte

La différence principale réside en ce qu'ici, c'est à dire sur le côté gauche de la composition de Lafitte (gravée par J.J. Barre), nous percevons un groupe inhabituel formé de quatre personnages qui sur les représentations offi­cielles - quelles qu'en soient les variantes ­n'ont pas coutume de trouver place, et encore moins d'être dans le proche entourage du souverain (fig. 11). La différence est donc flagrante et cette conception particulière a sans doute ses raisons d'être. Mais avant que nous n'en venions à l'analyse des différentes raisons possibles, inspectons de plus près ces person­nages qui, d'après maintes sources, documents écrits et illustrés, sont en fin de compte presque facilement identifiables. Il s'agit de personnali­tés dont la présence en France, à l'époque - leur apparition à Paris et à Reims - auréolait non seulement la Cour d'une attention particulière mais aussi le public. Et en cela, en dehors de la valeur personnelle de chacun d'entre eux, un autre facteur avait un rôle encore plus grand: un rôle essentiel. Celui de représenter à eux quatre, les souverains des quatre plus grandes puis­sances européennes du temps. Permettons donc à eux de décliner leur nom, c'est à dire de se présenter un par un dans l'ordre que la compo­sition, d'après la place qu'elle leur a attribuée, leur a destiné. A l'évidence, celui d'entre eux sur lequel l'ac­cent est mis, est le troisième en partant de la gauche. Il porte un habit ostentatoire de parade et on s'est appliqué à ce que personne du premier plan ne vienne cacher sa silhouette. C'est bel et bien le prince Paul Antoine Esterházy (1786-1866) qui participe à la cérémonie en tant que «représentant» de l'Empereur François 1er de Habsbourg, souverain de l'Empire Autrichien. A sa droite, au centre de la composi­tion, légèrement plus proche de Charles X age­nouillé, l'ambassadeur du souverain britannique - Georges IV - roi de Grande-Bretagne et d'Irlande, c'est à dire du Royaume-Uni: Sir Hugh Percy Smithon, troisième margrave de Northumberland (1785-1847). Tous deux ont le regard rivé sur le protagoniste de la scène: le roi. Derrière eux, placés au fond et légèrement cachés par les autres, deux personnages sem­blent fort absorbés par une vive conversation. On identifie celui de l'extrême gauche au prince Piotr Mikhailovitch Volkonski (1777-1852) et celui qui se tient à sa droite, au comte Friedrich Wilhelm von Zastrow (1752-1830). Le premier, représentant du tsar de Russie, Alexandre 1er, le second, celui du roi de Prusse, Frédéric Guil­laume III. Parmi tous les diplomates ici présents, les deux derniers semblent tenir un second rôle «moins substantiel» et paraissent en quelque sorte être des acteurs de «deuxième zone». En ce qui concerne les quatre diplomates, notons que ce n'est pas le fruit du hasard si le choix tomba sur eux lorsque les cercles les plus influents des cours de ces quatre grandes puis­sances les investirent de la tache honorifique de représenter leur souverain. Dans leur patrie respective - c'est à dire Vienne, Londres, Saint­Pétersbourg et Berlin - on en considérait cer­tains comme des personnages exposés de «l'an­cien régime» ayant précédé l'ère des révolu­tions et des guerres napoléoniennes. Disons qu'ils étaient les incarnations vivantes de cette vieille Europe d'antan. En substance, l'opinion publique française les jugeait de la même façon; ce qui explique l'attention particulière et les honneurs dont ils furent l'objet au cours de leur séjour à Paris et à Reims et que nous avons déjà mentionné plus haut. Cette attention parti­culière et cette estime ne leur étaient cependant pas attribuées de la même manière ni dans les mêmes proportions. Ici, assurément, se faisait sentir une certaine differentiation qui dépendait essentiellement des dispositions de la Cour et de ses objectifs politiques. Le gouvernement Bourbon était bien entendu au fait des principes de base et des réalités de la politique internationale. Il savait parfaitement que les souverains qui, dix ans auparavant avaient établi la Sainte Alliance, ainsi que le Royaume britannique, étaient des éléments incontournables de la grande politique européenne avec lesquels il fallait compter. Le gouvernement Bourbon avait également con­science de ce qu'il ne pouvait concevoir sa poli­tique étrangère sans l'accord - au moins dans les grandes lignes - et le consentement de ces

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