Imre Jakabffy (szerk.): Ars Decorativa 5. (Budapest, 1977)

DARKÓ, Jenő: Décor byzantin sur quelques vases Zsolnay

qu'il nommait ,,éosine". D'abord il em­ployait une glaçure ivoirine, puis des gla­çures métallescentes. 1 ' L'éosine diffère des autres glaçures par sa couleur dont la qualité dépend de sa matière et de la température de sa cuisson. Elle rend pos­sible l'emploi des décors composés des orne­ments compliqués. A la fin du 19 e siècle avec la tendance de l'historisme tardif, l'occasion se pré­sente dans l'art décoratif européen d'appli­quer un ornement minutieux, riche en cou­leurs. Selon la conception de cette époque on doit puiser dans les styles différents du passé pour pouvoir créer des objets d'art répondants aux exigeances de la produc­tion industrielle.' C'est avec bravoure que Vilmos Zsolnay jouait avec la forme et le dessin des objets céramiques, tout en s'adaptant à l'esprit de son temps, d'où il résulte qu'une pièce ayant la forme d'une poterie trouvée à l'âge du bronze est dé­corée des dessins caractéristiques de l'épo­que mérovingienne et carolingienne. Dans notre cas. les vases ont une forme pareille mais ils diffèrent par ses mesures. Ils ont un corps cylindrique avec un col resserré, leur pied est bas. Cette forme ne peut point être nommée historique, mais leurs dessins remontent à l'art byzantin et à l'art médiéval en Italie qui avait pour source d'inspiration l'art byzantin. Le col est décoré des dessins d'un tissu qui se trouve dans le trésor de la cathédrale de Sens en France. C'est le suaire de St. Vic­tor, martyr de la légion de Thèbe. ..Des­sins bleus, blancs et jeunes mais sur un fond chamois. Dans de vastes caissons el­liptiques .... un personnage à longue che­velure, vêtu d'une tunique courte, sans manches, à plastron quadrillé et épauliers, repousse de ses mains élevées deux lions qui se dressent contre lui. tandis que deux autres le saisissent aux pieds. Des bordures à torsades, avec cordons de perles, en­cadrent les caissons reliés entre eux par des rosaces". 8 La suaire présente le pro­phète Daniel vêtu de la tunique courte des cochers byzantins. Au près de lui deux lions se dressent. Cette manière de la re­présentation remonte au style le plus an­cien du Proche-Orient, notamment elle montre une ressemblance avec le person­nage de Gilgames, héros mésopotanien qui apparaît comme demi-dieu dans le monde mythique des villes fleurissantes de Méso­potamie, et qui était chanté dans l'une des épopées les plus anciennes de notre civili­sation. Ce tissu byzantin est daté du 6 e siècle. 9 Le personnage de Daniel exprime une idée chrétienne mais la forme est liée aux symboles païens. En ce temps l'art byzantin se nourrit des sources antiques tardives. Il remonte d'une part à l'art hel­lénistique, d'autre part à l'art du Proche­Orient. A la fin de l'Antiquité, l'art — avec son langage encore païen — constitue le moyen de la propagande de l'empereur déjà christianisé. Ce fait se montre déjà sous Constantin qui avait réussit à expli­quer la notion de l'empereur chrétien à l'aide des idées païennes. 10 Cette forme tardive de l'art antique qui reflète une idéologie syncrétique sert pour base de l'art laïc en Byzance. C'était seulement au début du 8 e siècle que sous l'influence du mouve­ment iconoclastique l'art byzantin prenait un aspect uniquement religieux." En tout cas, on peut constater que la présentation du prophète Daniel sous une telle forme évoque une période antérieure à l'art by­zantin. L'autre décor a pour modèle un tissu venant de Lucque, daté du 13 e siècle, gardé également dans le trésor de la cathédrale de Sens. D'après la description authenti­que, sur cette pièce on peut lire les sui­vants: ..Damas de couleur vermeille, pré­152

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