Századok – 1986

Tanulmányok - Berlász Jenő: Pavao Ritter-Vitezović az illirizmus szülőatyja. Magyar–horvát viszonyt az 17–18. század fordulóján 943/V–VI

1002 BERLÁSZ JENŐ Avant de pouvoir jouer un rôle dans la vie publique il déployait des activités culturelles dévouées à la capitale, Zagreb. Soutenu par le corps législatif, le sabor, il organisa une typographie où il fit paraître les uns après les autres ses écrits de propagande de l'idée croate-illyrienne, et ses petits, livres scientifico­populaires et du culte de la langue maternelle. Son apparition sur la scène politique survint dans les années 1680—90, à l'époque de la grande campagne d'importance historique dont le but était de repousser de notre continent les conquérants turcs avancés jusqu'en Europe Centrale. Lors de la libération de la Hongrie et de la Croatie Ritter fut convoqué à Vienne et chargé de saluer les souverains chrétiens ayant participé à la campagne, du pape romain jusqu'au tzar des Russes, avec des panégyriques réunis dans un tome. Le poeta laureatus — il obtint ce titre de l'empereur — remplit son devoir avec un succès parfait. A partir de ce moment il figurait — sinon officiellement — en qualité de conseiller de la cour Pendant que les armées impériales avaient des succès dans leurs opérations militaires aux Balkans, la nécessité se posa de justifier le droit historique de la maison des Habsbourgs sur la Serbie, la Bosnie occupées et les territoires voisins. C'était l'occasion pour Ritter de se présenter à la cour, et même à la publicité, avec sa doctrine illyrienne, déjà fondée les années précédentes. Dans plusieurs petits livres imprimés et dans des notes officielles il cherchait à faire accepter sa théorie, selon laquelle tous les peuples slaves des Balkans sont d'origine illyrienne et comme tels ils sont au fond identiques aux Croates, par conséquent leurs pays constituent partie intégrante de la Croatie. Ses exposés d'allure scientifique ont, paraît-il, gagné le consentement de certains ministres, car. bientôt il élargit avec grande témérité les cadres de ses conceptions. Au début des années 1700 il élabora, en plusieurs variantes, le projet d'une Nouvelle Illyrie à créer sous le sceptre des Habsbourgs où, en dehors des pays balkaniques de langue croate-serbe, il inclut déjà la Bulgarie, la Grèce, la Turquie, ainsi que les provinces héréditaires autrichiennes habitées par des Slovènes et certaines parties de la Hongrie, et de plus les pays slaves du Nord, la Pologne et la Russie aussi. Ainsi, son illyrisme s'élargit au fond en panslavisme. Il était évident que ce plan totalement , étranger aux réalités politiques ne pouvait être toléré à Vienne. Ritter fut invité à recourir, en négligeant ses conceptions illyriennes, à des documents médiévaux concrets pour démontrer le droit historique de l'empereur Habsbourg, en sa qualité de roi hongrois—croate, sur les pays slaves des Balkans; à faire des recherches relatives dans les archives de Croatie. Il n'a pas pu accomplir cette tâche. Les autorités ecclésiastiques et civiles ne lui ouvrirent pas leurs archives, craignant qu'il ne collectionne pour la cour des données compromettantes pour elles. Dans cette ambiance devenue hostile sa situation est devenue insoutenable à Zagreb. En 1710 il s'installa à Vienne, mais là aussi il perdit la confiance de ses hauts protecteurs. C'est que dans la cour se répandit la nouvelle selon laquelle Ritter cherchait des relations avec le tzar des Russes. Il parait qu'il fût mis sous surveillance policière. Il mourut en 1713 comme homme échoué. Pendant un siècle son souvenir fut oublié. Mais ses écrits et ses oeuvres égarés une fois retrouvés et connus, sa conception illyrienne était ravivée par Ljudevit Gaj et ses compagnons, pour devenir aux environs de 1830 une force politique-culturelle d'effet actuel d'abord chez les Croates, et ensuite aussi chez les Serbes et les Slovènes.

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