Századok – 1984
TANULMÁNYOK - Urbán Aladár: A Batthyány-kormány megalakulása és kinevezése 1085
1114 URBÁN ALADÁR Aladár Urbán: LA FORMATION ET LA NOMINATION DU GOUVERNEMENT BATTHYÁNY (Résumé) La composition du premier gouvernement responsable dans l'histoire hongroise, formé au printemps 1848, était tenue aussi bien par les contemporains que par la postérité, comme ayant exclu toute possibilité d'y inclure d'autres personnalités. Dans l'historiographie hongroise on admet l'idée, souvent rencontrée dans les mémoires, que les ministres nommés étaient les personnalités les plus populaires dans la pays. Cette idée était encore renforcée par l'historien contemporain, Mihály Horváth, dans sa grande oeuvre sur la guerre d'indépendance hongroise de 1848-49. Dans sa présente étude, qui fait partie d'une oeuvre plus importante, l'auteur cherche á établir pourquoi précisément ces neuf personnes avaient formé le premier cabinet moderne de la Hongrie qui fut nommé par le roi le 7 avril 1848. Dans l'introduction, l'auteur présente la situation où, dès le début de mars, donc à la nouvelle de la possibilité de former un gouvernement responsable, les conjectures apparurent sur les personnes possibles à être nommées et à quel portefeuille. On peut constater qu'avant la publication de la liste des membres du gouvernement, 24-25 noms étaient avancés, et, à l'exception d'un seul, les noms des futurs ministres y figuraient plusieurs fois. Il allait de soi que le premier ministre fût le comte Lajos Batthyány, en tant que chef aristocrate de l'opposition, mais, évidemment, ce n'était devenu définitif que le 17 mars quand, autorisé par le roi, l'archiduc palatin István lui confia de former le cabinet. Dans l'étude il est démontré que trois noms figuraient le plus souvent: le comte István Széchenyi, Lajos Kossuth et Ferenc Deák qui n'était même pas présent à la diète. La participation au gouvernement était approuvée aussi bien par les libéraux que par les conservateurs. La nomination de Kossuth était tenue pour toute naturelle par l'ancienne opposition ayant déjà acquis le pouvoir, tandis que à propos de Széchenyi on ne peut parler que du consentement d'une partie de l'ancienne opposition et des conservateurs. Comme des documents authentiques ne nous sont pas parvenus sur les prémisses de la formation du cabinet, l'auteur s'appuie sur les correspondances et la presse de l'époque pour reconstituer ce processus. Tout cela montre qu'il est fort probable qu'au cours des préparatifs Batthyány se fût heurté à plusieurs difficultés. Ses candidats (Bertalan Szemere, le baron József Eötvös) tenaient pour risquée la nomination tant de Kossuth que de Széchenyi. A ce qu'il parait, Batthyány ne pensait même pas à former un gouvernement sans Kossuth (ce qui était même impossible, vu la popularité de Kossuth), mais dans ce cas-là il avait à confronter l'opposition de Kossuth, protestant contre la nomination de Szeme re. Batthyány avait un haut estime pour la pratique administrative de ce dernier, et dès ces jours-là le chargea d'organiser à Pozsony (Presbourg) le bureau provisoire du chef du gouvernement. La conciliation des divergences eut lieu, selon toute vraisemblance, à un conseil tenu chez Batthyány l'après-midi ou le soir du 22 mars. Là, le premier ministre chargé de former le gouvernement fit adopter par le conseil intime ses projets pour les personnalités, à l'exception de Széchenyi. Le lendemain, le 23 mars, un courrier arriva le matin de Pest, la capitale, et annonça des nouvelles si inquiétantes que Batthyány tenait pour indispensable d'y envoyer quelqu'un des ministres désignés, pour représenter le futur gouvernement et pour apaiser les mouvements. Ainis, le même jour, à midi, il annonça et à la Chambre basse et à la Chambre des magnats, la liste des membres de son gouvernement, y compris Széchenyi. La nomination de Széchenyi, qui depuis des décennies s'adonnait à la modernisation économique du pays, était rendue désirable, vu sa popularité tant parmi réformistes modérés que parmi les conservateurs, et aussi ses relations avec les milieux de la cour. Comme le prince Pál Esterházy, pendant longtemps ambassadeur à Londres de la Monarchie au temps de Metternich, fut également nomme membre du cabinet, il y a lieu de dire que le gouvernement fut formé non seulement des membres de l'ancienne opposition, mais qu'il était une coalition particulière. Cela prouve que Batthyáhy voulait gagner pour son gouvernement aussi le soutien de ceux des conservateurs qui n'étaient pas opposés aux réformes.