Századok – 1977

Tanulmányok - Dévényi Ivánné: Csernoch János tevékenysége az ellenforradalmi rendszer első éveiben 48/I

78 DÉVÉNYI 1VÁNNÉ avec lui, la prélat se trouva aussi face aux couches seigneuriales moyennes qui représentaient alors, non plus la direction conservatrice traditionnelle, mais une dictature nettement fasciste, et il dut même affronter les couches paysannes, toujours insatisfaites après les deux révolutions et réclamant des terres. Ces deux tendances politiques étaient liées tout autant aux traditions anti-Habsbourg visant à l'indépendance qu'aux traditions protestantes, renouvelant l'anti-cléricalisme de ces dernières. Tout de suite après la prise du pouvoir par les contre-révolutionnaires, János Csernoch, désireux de voir le pouvoir de chef d'Etat passer aux mains du granc-duc Joseph et d'assurer à István Friedrich, du parti chrétien, la présidence du gouvernement, alla demander, mais vainement, leur aide aux missions de l'Entente. A la suite de l'élection de Horthy au rang de régent du pays, le prince-primat prend parti pour le „légitimisme de principe" et est en rapport avec Charles IV, mais il ne considère pas alors le retour du roi comme adapté aux circonstances. Lorsque se produisit, en avril 1921, le premier putsch royaliste, il resta passif, et n'eut même pas connaissance du retour du roi en Hongrie. Le primat démentit formellement l'affirmation du secréraire impérial Werkmann selon laquelle le prélat aurait été en relations avec les royalistes bavarois avant la putsch. Au début du secondiputsch (october 1921), Csernoch resta de nouveau passif, mais le gouvernement, après le grave affrontement armé de Budaörs, lui demanda de rendre visite à Tihany au roi, prisonnier, et de le convaincre d'abdiquer. On trouve dans un journal manuscrit rédigé par Antal Lapold, le chef des bureaux du prélat, et figurant dans les collections des archives du primat, un rapport authentique sur les préliminaires du voyage à Tihany et le voyage même. Le nonce pontifical avertit alors János Csernoch de ne pas s'exposer aux côtés du gouvernement Bethlen. Csernoch accepta de faire le voyage, mais souligna qu'il se rendait auprès du roi pleinement conscient de sa dignité politique, et non pas en tant que représentant du gouvernement, afin de l'informer de la situation internationale postérieure au putsch, mais qu'il n'était en aucune façon disposé à le convaincre d'abdiquer. C'est dans ce sens que Csernoch informe la Saint-Siège de son voyage à Tihany, comme s'il voulait justifier sa démarche. Il rensort du journal tenu par Lepold que Bethlen s'efforça de gagner le prince-primat en faisant miroiter à ses yeux la possibilité de la constitution d'un gouvernement de petits propriétaires et en lui montrant le danger représenté par la poussée à gauche et le «chaos», afin qu'il exige du roi la publication d'une déclaration d'abdication. Bethlen déclara alors que son gouvernement démission­nerait plutôt que de détrôner le souverain. Après l'échec du second putsch royaliste, les rapports entretenus par Csernoch avec le gouvernement Bethlen se resserèrent encore. Le prélat soutint le parti unifié lors des élections de 1922 et des suivantes; dans ses déclarations à la presse et ses discours, il souligna la qualité des rapports qui le liaient au gouvernement, et s'efforça de venir en aide au gouvernement Bethlen en appelant à son secours ses amis de France après 1926. Au cours de ces années, il y eût fort peu de divergences de vues entre le gouvernement et le prince-primat, qui condamna la loi complémentaire sur les propriétés terriennes de 1924, dont il obtint d'ailleurs la modification, sauvant par là les propriétés ecclésiastiques de l'expropriation. A l'époque, le mouvement chrétien-socialista, qui avait connu un essor passager au début du régime contre-révolutionnaire, était de plus en plus faible. La classe ouvrière hongroise suivait le parti social-démocrate et le parti communiste, réorganisé dans la clandestinité. Même au cours de la dernière année de sa vie, (1927), János Csernoch comptait encore avec l'éventualité d'un revirement à gauche qui aurait gravement touché l'Eglise catholique. Dans un rapport écrit peu de temps avant sa mort, c'est dans ce sens qu'il informe le Vatican de la situation en Hongrie, soulignant qu'il faut rechercher un „modus vivendi" avec le gouvernement, sans quoi les protestants passeraient du côté des libéraux et des radicaux, et l'Eglise catholique se retrouverait complètement isolée.

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