Századok – 1968

Tanulmányok - Hanák Péter: Az üzemtörténet kutatásának problémái. 915

940 HAN.ÍK PÉTER hongroise. Durant la courte période d'une décade et demie de sa carrière en Hongrie, cette jeune discipline historique a parcouru, tout comme dans les pays voisins, un chemin qui peut être considéré comme typique, et qui va des brochures de vulgarisation répandues après les nationalisations de 1948 ou des études consacrées à la situation de la classe ouvrière et aux traditions révolutionnaires du mouvement ouvrier, jusqu'aux monographies scientifiques du proche passé, en passant par les albums jubilaires. Les pro­grès remarquables de cette littérature, qui se traduisent par l'accroissement du nombre d'ouvrages aussi bien que par l'élévation de leur niveau, permettent et prescrivent même aujourd'hui de soulever certaines questions méthodologiques particulières à l'histoire des entreprises. Sous ce rapport, l'auteur' estime qu'il y a lieu de distinguer d'abord l'histoire des entreprises de celle des établissements, cette dernière englobant aussi l'histoire des établissements de crédit, des entreprises commerciales et autres. Après un court aperçu des travaux présentant une valeur scientifique, l'auteur constate la divergence des vues relatives à l'objet de l'histoire des entreprises. Si certains auteux'S mettent au premier plan l'histoire économique et politique — ou plus particulière­ment l'histoire du mouvement ouvrier — , d'autres réservent une place prépondérante à l'histoire de la technique et de la technologie, en n'offrant souvent que la description technique d'une entreprise. Les historiens des entreprises n'ont toujours pas précisé bien clairement que l'entreprise est un phénomème complexe, comportant un triple aspect économiqne, social et technique, et n'ont pas pu tirer, par conséquent, les conclusions méthodologiques qui s'imposent. Si l'on compare d'autre part la place dominante que certains travaux consacrent aux données de l'histoire locale et à l'étude détaillée du déve­loppement de toute une branche d'industrie, à d'autres travaux où ces donées et les rap­ports avec la branche industrielle et l'ensemble de l'économie sont insuffisamment traités, on constate aussi que les relations verticales et horizontales existant entre le tout et la partie sont encore loin d'être élucidées. Dans son analyse des problèmes méthodologiques, l'auteur part de la définition de l'entreprise. Celle-ci est l'organisation de production objective de la grande industrie moderne; le caractère coopératif du processus du travail y apparaît comme une nécessité technique. Ce processus de travail coopératif est en même temps le processus de réalisation du capital. L'entreprise moderne apparaît donc comme un système mécanique (technique et technologique) coordonné d'une façon rationnelle, en même temps que comme l'orga­nisation de travail objective déterminée par ce système; comme une unité économique de production et comme une communauté humaine basée sur des rapports de subordi­nation et d'adjonction déterminés par le système social existant. En outre, elle fait partie d'une ville, d'une région géographique et d'un pays, resp. d'une branche industrielle, d'une plus grande unité économique. D'après cette définition, l'entreprise est une unité économique, sociale et technique complexe, qui s'intègre à la vie et au fonctionnement d'une unité régionale et économique plus importante. L'histoire des entreprises est ainsi à la frontière de plusieurs branches scientifiques — histoire, sciences techniques, économie politique, sociologie — historiquement liées, en même temps qu'elle est une histoire locale (histoire partielle) orientée en deux direction,о Une telle définition implique la nécessité de faire des études complexes, qui peuvent etre réalisées de deux manières. Soit que l'historien apprenne et applique les résultats et les méthodes des sciences intéressées, devenant ainsi im historien des entreprises possédant une formation spéciale, soit que l'on confie l'étude historique de l'entreprise à un collectif formé des spécialistes de ces disciplines. En Hongrie, cette dernière méthode paraît condui­re à de meilleurs résultats. L'expérience acquise montre cependant que .cette coopération collective doit être dirigée par l'historien. Il faut en effet rejeter la solution plus simple qui consiste à diviser, à morceler l'histoire de l'entreprise en des sections longitudinales correspondant à l'histoire technique, économique, du mouvement ouvrier, etc . . ., en sacrifiant le principe spécifiquemment historique à la technicité. La vraie tâche de l'historien consiste précisément dans la synthèse historique, dialectique et complexe des divers facteurs qui, dans la réalité, sont en interaction constante, se supposent et se modifient. Cette exigence méthodologique répond aussi à des tendances historiques plus profondes, qui caractérisent le développement de l'industrie moderne. Il s'agit de tendances immanentes —• se renforçant ou se combattant les unes les autres —, comme le progrès de la mécanisation et de l'automatisation, la concentration, la bureaucratisation et l'augmentation de la rentabilité, d'une part, et la tendance à l'humanisation, la lutte constante de l'homme contre l'exploitation et l'aliénation d'autre part. Une tâche supéri­eure de l'historien consiste à faire voir, dans le concret individuel de l'histoire d'une petite unité: celle de l'entreprise, les incessants conflits de ces tendances immanentes et les résul­tats techniques, économiques et sociaux qui en découlent.

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